Interview de Patrick Pittavino (dresser d'Idéfix) : “Plus une passion qu'un métier !”

Alors que le dernier “Astérix” cartonne au cinéma, coup de projecteur sur celui qui se cache derrière le fidèle compagnon d’Obélix.

Dans le milieu du cinéma, il est celui que les réalisateurs appellent quand ils cherchent un chien. C’est lui qui a entraîné le labrador dans Didier avec Alain Chabat par exemple. Il a même travaillé avec des loups pour le tournage du dernier Belle et Sébastien, de Pierre Coré. Mais en ce moment, c’est son petit Idéfix qui attendrit les spectateurs dans Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, de Guillaume Canet. Il nous explique son travail.

©Christophe Brachet

France Dimanche : Avec sa petite bouille mignonne et son aboiement caractéristique, l’Idéfix du film en salle ressemble beaucoup à celui des bandes dessinées et des films précédents. Comment avez-vous fait ?

Patrick Pittavino : Il y a plus de vingt ans, pour le rôle d’Idéfix dans Mission Cléopâtre, j’avais proposé à Alain Chabat un westig terrier blanc, toiletté court avec de la tendresse dans les yeux. J’avais choisi un tout petit gabarit pour que Gérard Depardieu puisse le porter tout le temps. Je ne pensais pas qu’il y aurait d’autres films, mais on a gardé le chien. Et aujourd’hui, je crois que j’en suis à la 5e génération !

FD : Comment vous préparez-vous pour un tournage ?

PP : Nous avons une quarantaine de chiens différents qui connaissent toutes les bases du dressage. Ensuite on les fait travailler individuellement sur des exercices plus pointus en fonction de leur rôle. Par exemple, Guillaume Canet voulait, qu’à un moment, Idéfix marche devant Astérix et Obélix et qu’il s’arrête en levant une patte pour signaler la présence des Romains. Il a fallu être patient mais il a réussi. Guillaume souhaitait aussi que lors d’une attaque, il tire un peu sur la tunique d’un Romain, on a beaucoup travaillé là-dessus pour être prêts.

FD : Gérard Depardieu et Gilles Lellouche ont joué des Obélix très proches d’Idéfix, comment faites-vous pour que tout se passe bien ?

PP : Il y a énormément de préparation en amont. Pour l’habituer à être continuellement porté sans bouger, je le colle à moi pendant des jours. Petit à petit, il s’adapte et trouve sa manière de s’installer. Il est aussi toiletté pour être parfait et agréable sur la peau, car l’acteur joue torse nu et pendant près de 60 jours !

FD : Comment faites-vous si un chien n’a pas envie de travailler ?

PP : Au quotidien, ils sont surtout en demande, ils aiment ça, on leur donne l’amour du travail. Mais on ne les force jamais. C’est la raison pour laquelle, pour le film Astérix, en réalité, on avait préparé quatre chiens. Lors du tournage, on choisit celui qu’on sent bien pour l’exercice demandé. Le lendemain, le choix aurait pu être différent.

FD : En ce moment vos animaux sont sur tous les écrans : dans Alibi.com 2, dans La Syndicaliste, avec Isabelle Huppert, dans la série Désordres, sur Canal +, avec Florence Foresti… Vous n’arrêtez jamais ?

PP : Notre équipe peut compter jusqu’à huit personnes – toiletteuses et vétérinaires non compris –, et notre travail est avant tout notre passion. On fait aussi des spectacles pour le parc Astérix ou le Puy du Fou par exemple. Mettre de la joie dans le cœur des gens c’est super sympa ! Parfois, le défi est difficile et nous demande un temps fou, mais à l’arrivée, c’est génial !

Julie BOUCHER

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