Infertilité : quels traitements selon les cas ?
En France, un couple sur quatre est concerné. C’est l’origine du problème qui détermine la technique à employer pour y remédier.
Restez informée
On parle d’infertilité lorsqu’aucune grossesse ne survient au bout d’un an de rapports sexuels réguliers sans contraception. Les causes sont à la fois sociétales – la fertilité chute à partir de 33 ans, or l’âge de la maternité recule -, psychologiques, environnementales mais aussi médicales. Chez l’homme, l’infertilité peut provenir de la quantité et de la qualité des spermatozoïdes ou d’obstruction de canaux. Pour les femmes, il peut s’agir de problèmes hormonaux, anatomiques, physiologiques, de tumeurs bénignes, etc.
Un enfant sur 30 est conçu par PMA
La PMA (procréation médicalement assistée) ou AMP (assistance médicale à la procréation) repose sur les différentes techniques (la stimulation de l’ovulation, l’insémination artificielle, la fécondation in vitro, l’accueil d’embryons…) qui vont aider un couple ou une femme célibataire à avoir un enfant. « La prise en charge doit tenir compte de l’âge où le couple va consulter et particulièrement l’âge de la femme », explique le Pr Jean-Marc Ayoubi, chef du service gynécologie-obstétrique de l’Hôpital Foch dans les Hauts-de-Seine. « L’urgence n’est en effet pas la même selon qu’on a 25 ou 39 ans« .
La stimulation de l’ovulation
C’est un traitement hormonal par voie orale ou injection qui favorise l’ovulation et la maturation d’un ou de plusieurs ovocytes « fécondables ». « Celle-ci doit absolument être surveillée par des dosages biologiques hormonaux et des échographies afin de déterminer le moment où les rapports sexuels ont le plus de chance d’être efficaces, mais aussi afin d’éviter les grossesses multiples« , souligne le Pr Ayoubi.
Pour qui ? Les femmes ayant des difficultés à ovuler, ce qui entraîne une production insuffisante, voire inexistante d’ovocytes, celles souffrant d’ovaires polykystiques ou de dystrophie ovarienne. Et aussi pour contrôler le cycle ovulatoire en vue d’une insémination artificielle, ou pour récolter un maximum d’ovules pour une fécondation in vitro (FIV).
Calendrier : le début du traitement est déterminé par le cycle menstruel de la femme et dure une dizaine de jours avant l’insémination ou la FIV.
Prise en charge : à 100% par la sécurité sociale
Effets secondaires : prise de poids, troubles de l’humeur, maux de tête…plus rarement des complications vasculaires qui peuvent imposer l’arrêt du traitement.
L’insémination artificielle
Elle consiste à introduire directement dans l’utérus au moment de l’ovulation, des spermatozoïdes sélectionnés. Particularité : le risque de grossesse multiple est majoré.
Pour qui ? Les femmes dont la glaire cervicale, destinée à faciliter le passage des spermatozoïdes vers l’utérus, est insuffisante. Ou en cas d’anomalie du spermogramme, de stérilité idiopathique (sans cause), ou d’azoospermie (absence de spermatozoïdes) nécessitant un donneur.
Attente : 18 mois à 2 ans en fonction des dons de sperme .
Prise en charge : à 100% par la sécurité sociale, à raison d’une tentative par cycle, avec un maximum de 6.
Taux de réussite : 12 % par cycle, 21 % avec don de sperme.
La fécondation in vitro (FIV)
Elle consiste à développer la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde en laboratoire (in vitro) afin d’obtenir un embryon, puis à le transplanter dans l’utérus de la future mère. Autre technique de fécondation assistée, l’ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde), utilisée dans 68 % des cas, vise à cibler le spermatozoïde et à l’injecter directement dans l’ovocyte.
Pour qui ? Les femmes en cas d’absence de production d’ovocytes, d’obstacle au niveau des trompes, d’insuffisance ovarienne précoce, d’échec de l’insémination artificielle ; les hommes en cas d’altération du spermogramme, azoospermie, d’obstacle au niveau des canaux. Et chez les deux partenaires en cas d’infertilité inexpliquée et d’échec de l’insémination artificielle.
Attente : 18 mois à 2 ans. Un prélèvement d’ovocytes peut être réalisé jusqu’au 43e anniversaire de la femme, les prélèvements de gamètes et tissus, ainsi que le transfert d’embryon jusqu’à ses 45 ans, le prélèvement de spermatozoïdes jusqu’aux 60 ans de l’homme.
Prise en charge : à 100% par la sécurité sociale jusqu’au nombre de 4. Si la grossesse arrive à son terme, le couple bénéficie à nouveau de 4 FIV. 1 enfant sur 40 est conçu par FIV* en France.
*FIV/ICSI, inséminations artificielles et stimulation de l’ovulation
Loi de bioéthique, ce qui a changé
La 3e version de la loi de bioéthique a été promulguée en août 2021. Elle prévoit plusieurs évolutions en matière de procréation.
- La FIV est accessible aux femmes seules et aux couples de femmes.
- L’autoconservation des ovocytes en « banque », en dehors de tout motif médical, est possible pour les femmes de 29 à 37 ans.
- Les personnes majeures, nées de don de gamètes et d’embryons, ont un droit d’accès à leurs origines.
Fertilité : un parcours long et difficile
« Le parcours de la fertilité est long et difficile pour les couples. Les moments d’attente sont à la fois stressants et fatigants. Le taux d’échec, qui frôle les 70%, est extrêmement décourageant. Une proportion importante de femmes chez qui les traitements favorisant l’ovulation n’ont pas fonctionné, ne passent pas l’étape FIV ensuite. Les couples vivent parfois mal ces parcours d’aide à la procréation. Il est souvent conseillé de se faire accompagner psychologiquement« .
Merci au Pr Ayoubi, chef du service gynécologie-obstétrique de l’Hôpital Foch dans les Hauts-de-Seine.
A lire aussi :
⋙ Infertilité secondaire : pourquoi certains parents peinent à avoir d’autres enfants ?
⋙ Infertilité : un couple sur cinq est concerné
⋙ Infertilité : les conseils d’une spécialiste pour surmonter l’épreuve du diagnostic
Source: Lire L’Article Complet