Île de Chatou (78) : une journée en bord de Seine, comme les impressionnistes !
À la fin du XIXe siècle, le Tout-Paris s’y pressait. Dans ce site préservé vous accueillent aujourd’hui un restaurant classé, un musée, des bateaux d’époque et même un cirque international !
“Vous ne regretterez pas votre voyage. C’est l’endroit le plus joli des alentours de Paris« , écrivait le peintre Auguste Renoir au médecin et grand collectionneur Georges de Bellio, qu’il invitait à le rejoindre sur l’île de Chatou, en 1880. Plus d’un siècle après ces heures glorieuses, le site des Yvelines, désormais surnommé « île des impressionnistes« , continue d’accueillir les promeneurs comme les amateurs d’art.
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La partie de l’île la plus connue est celle du hameau Fournaise, dont l’histoire est intimement liée à celle de la famille du même nom. En 1857, Alphonse Fournaise, charpentier de bateaux navigants sur la Seine, y installe son atelier. Son épouse ouvre une auberge, la Maison Fournaise, qui fait aussi guinguette et propose une activité de canotage. Grâce au développement du chemin de fer quelques années auparavant, ce bord de Seine devient rapidement une des destinations préférées des Parisiens de toutes classes, ainsi que des écrivains comme Maupassant ou Flaubert et des peintres comme Monet ou Sisley. « J’étais toujours fourré chez Fournaise, j’y trouvais autant de superbes filles à peindre que je pouvais en désirer », déclara Renoir qui y peignit une trentaine de toiles.
Rachetée par la mairie de Chatou qui l’a fait inscrire à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, la Maison Fournaise a retrouvé ses couleurs d’antan. Les fresques extérieures ont été ravivées, le balcon bleu aux rambardes et décors en fer ouvragé accueille toujours ceux qui veulent manger face à la Seine, comme le firent les compagnons de Renoir qu’il peignit dans Le Déjeuner des canotiers (1881), saisissant cette atmosphère particulière du dimanche à la campagne.
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Aujourd’hui, la partie hôtel a laissé place à un musée. Grâce à des hologrammes et à un parcours immersif, le visiteur fait la connaissance d’Alphonse Fournaise, puis d’Auguste Renoir, et découvre cette époque où les peintres profitent de l’invention des tubes de peinture pour travailler où ils le souhaitent. À Chatou, les impressionnistes essaient notamment de saisir la lumière, les couleurs et les reflets de la Seine.
Des bateaux traditionnels restaurés
Face au fleuve lui aussi, le restaurant Les Rives de la Courtille, construit tout en bois, est une copie des gares d’eau qui existaient sur l’île durant la seconde moitié du XIXe siècle. L’arrière du bâtiment est le fief de l’association Sequana qui restaure ou reconstruit à l’identique des bateaux anciens : voiliers, chaloupes à vapeur… Vous pourrez, par exemple, admirer le canot « Madame » sur lequel Maupassant promenait la fille d’Alexandre Dumas. Des balades fluviales commentées sont possibles aux beaux jours. L’occasion de passer devant d’anciennes guinguettes célèbres comme La Grenouillère (Croissy) ou L’Auberge du fruit défendu (Rueil-Malmaison). Mais aussi de distinguer des maisons ayant appartenu à Georges Bizet, le compositeur de Carmen, ou à l’artiste peintre Berthe Morisot.
Dernier bâtiment d’importance : la Maison Levanneur, autrefois bar-restaurant avant d’être transformée en appartements. Dans l’un d’eux, les peintres Maurice de Vlaminck et André Derain, encouragés par Henri Matisse, inventèrent le fauvisme au début du XXe siècle. Aujourd’hui, la galerie Bessières, spécialisée dans l’art contemporain, a investi les lieux et présente notamment les zèbres multicolores peints par Norma Bessières et le travail sur la couleur réalisé sur des toiles humidifiées par l’Argentin Martin Reyna.
Pour terminer, faites un tour dans le Parc des impressionnistes, inspiré par les jardins de Monet. Puis marchez le long des bords de Seine : du pont de Chatou au pont de Bougival (4,75 km) l’itinéraire est ponctué de copies de tableaux des maîtres impressionnistes comme Monet, Sisley, Pissarro, Berthe Morisot et, bien sûr, Renoir.
Et aussi…
Le cirque du soleil en résidence
©Martin Girard
À partir du 15 novembre, les chapiteaux jaunes et bleus de la célèbre troupe québécoise s’installent sur « l’île des impressionnistes » pour le spectacle Kurios – Cabinet des curiosités. L’histoire se déroule dans l’atmosphère des années 1900. Un chercheur découvre l’existence d’un monde peuplé d’êtres étranges dans lequel les objets qu’il collectionne prennent vie. Ainsi, par exemple, quatre contorsionnistes incarnent d’étonnantes anguilles électriques sur le dos d’une main mécanique de 340 kilos. Sur un trampoline géant, des créatures marines enchaînent des pirouettes audacieuses et vertigineuses, et des frères siamois partagent un duo de sangles aériennes impressionnant. Dans cet univers fou et décalé, 49 artistes internationaux donnent corps à une centaine de personnages aux costumes exubérants dignes de l’époque victorienne, tout droit sortis de l’imagination du Français Philippe Guillotel, qui avait reçu le César des meilleurs costumes en 2002 pour le film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat. Un show étonnant qui émerveillera aussi bien les petits que les grands.
Kurios – Cabinet des curiosités, du 16 novembre 2023 au 7 janvier 2024, à partir de 58 € la place.
Carnet pratique
Pour déjeuner Chez Fournaise, où s’encanaillaient les peintres. Entrée, plat ou plat, dessert à 29 € le midi, du mardi au vendredi.
Musée Fournaise Tarifs plein : 9 € ; réduit : 7 €.
Pour préparer votre venuewww.sortir-yvelines.fr et https://sequana.org
Julie BOUCHER
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