Il y a bien un lien entre le vaccin AstraZeneca et les thromboses, confirme l’EMA

Le vaccin suédo-britannique AstraZeneca, encore montré du doigt. Après plusieurs jours de flou, le responsable de la stratégie vaccinale de l’Agence européenne des médicaments (EMA), Marco Cavaleri, a confirmé, dans une interview donnée mardi 6 avril au quotidien italien Il Messaggero, le lien entre le vaccin et des cas de thrombose des sinus veineux cérébraux (formation d’un caillot dans les vaisseaux sanguins irriguant le cerveau). 

« Nous pouvons désormais le dire, il est clair qu’il y a un lien avec le vaccin, a affirmé Marco Cavaleri dans ce même entretien. Ce qui cause cette réaction, cependant, nous ne le savons pas encore”. Une déclaration qui relance les débats et la défiance autour de ce vaccin.

Un « examen en cours » pour définir ce syndrome

L’agence cherche « à obtenir un tableau précis de ce qui se passe, à définir de manière précise ce syndrome dû au vaccin (…) Parmi les personnes vaccinées, il y a un nombre de cas de thromboses cérébrales chez les personnes jeunes supérieur à ce à quoi nous nous attendrions. Cela nous devrons le dire », a admis le responsable de la stratégie vaccin de l’EMA.

« Pour résumer, dans les prochaines heures nous dirons qu’il y a un lien, mais nous devons encore comprendre comment cela se produit », a ajouté Marco Cavaleri.

L’EMA a annoncé quelques heures après, que les effets du vaccin AstraZeneca-Oxford, rebaptisé Vaxzeria, étaient en cours d’évaluation. Le comité de sécurité de l’EMA n’a “pas encore abouti à une conclusion et l’examen est actuellement en cours”, a annoncé l’agence basée à Amsterdam dans un communiqué AFP, relayé sur Twitter. 

Dans l’attente d’une communication officielle sur la situation, qui devrait survenir mercredi 7 ou jeudi 8 avril, la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides a précisé toujours sur Twitter, qu’elle était en « contact étroit » avec l’agence et a confirmé qu’une « évaluation était prévue mercredi soir ».

Un rapport bénéfice-risque réévalué, mais toujours positif

Malgré la confirmation du lien établi annoncée par Marco Cavaleri entre le vaccin et les thromboses veineuses cérébrales, l’AstraZeneca affiche une balance bénéfique-risque qui serait encore « très largement positive », selon Rogerio Pinto de Sa Gaspar, directeur de l’OMS chargé de la régulation. « Ces avantages sont vraiment très importants en termes de réduction de la mortalité parmi les populations qui sont vaccinées », a-t-il souligné lors d’un point de presse de l’OMS consacrée à la journée mondiale de la santé, relayé par Sud Ouest

Si les chiffres sont en perpétuelle évolution, on compterait à date 12 cas de thrombose en France, dont quatre décès sur les 1 377 161 doses administrées au 22 mars. Au Royaume-Uni, ce sont sept décès et 30 cas recensés sur 18,1 millions de doses administrées. 

Toutefois par mesure de précaution, l’Université d’Oxford a annoncé le 6 avril qu’elle suspendait les essais du vaccin sur les enfants, en attendant les informations complémentaires qui doivent être fournies par l’Agence européenne. S’il n’y a pas d’inquiétude concernant la sécurité de l’essai clinique pédiatrique, nous attendons des informations complémentaires du MHRA [le régulateur britannique, ndlr] sur les cas rares de thromboses qui ont été rapportés chez des adultes, avant de procéder à de nouvelles vaccinations dans l’essai », a indiqué l’université britannique dans un communiqué.

En France, quatre familles endeuillées

Une des informations les plus attendues des conclusions à venir est celle de la question de l’âge dans le cadre de l’administration du vaccin AztraZeneca. Certains pays, comme la France, l’Allemagne ou le Canada ont déjà pris la décision de ne plus administrer le vaccin en-dessous d’un certain âge (depuis fin mars, en France, il est uniquement administré aux plus de 55 ans, ndlr). 

Autre piste sur laquelle se penche l’Agence britannique de réglementation des médicaments et des produits de santé : le taux de plaquettes des personnes ayant été touchées par ces thromboses. La responsable du MHRA, June Raine, a ainsi déclaré : « Notre examen approfondi et détaillé est en cours concernant les rapports de types très rares et spécifiques de caillots sanguins avec un faible taux de plaquettes suite au vaccin Covid-19 d’AstraZeneca ». 

En France, quatre personnes sont décédées après avoir été vaccinées à l’AstraZeneca, sans que pour l’heure les relations de cause à effet n’aient pu être déterminées. À Annecy, un homme de 69 ans, ayant reçu sa première injection le 7 mars, est ainsi décédé le 18 mars. « Trente minutes après l’injection, il a ressenti des douleurs articulaires assez violentes et ensuite des problèmes respiratoires », a ainsi raconté son frère à France Bleu Pays de Savoie. Et d’ajouter, « les médecins ont détecté plusieurs thromboses au niveau du foie, des reins et du cerveau ».

On recense également le cas d’une assistante sociale de 38 ans toulousaine et d’un étudiant nantais. Les familles des victimes ont chacune porté plainte, pour que la « lumière soit faite sur ces différentes affaires ». 

Source: Lire L’Article Complet