"Il me montrait comment son sexe pouvait bouger" : la fille aînée de Richard Berry réitère ses accusations d’inceste
« Ça a été un rejet absolu de sa part et un déni. Il a mis toute ma famille contre moi, enfin, il a essayé, en me traitant de folle. » Dans une enquête du Monde publiée ce jeudi, Coline Berry-Rojtman maintient ses accusations d’inceste envers son père, l’acteur Richard Berry, qui aurait eu lieu entre ses 6 et 10 ans, au milieu des années 80.
Dans des stories Instagram qu’elle a publiées ce mercredi, elle lui reproche aussi d’avoir réagi avant la sortie de l’enquête du Monde, pour laquelle il a été interrogé par un journaliste en janvier.
Auprès du quotidien national, Richard Berry qualifie les accusations de sa fille de « mensonges absolus ». Il reconnaît, cependant, des violences conjugales envers Catherine Hiegel et Jeane Mason, deux anciennes épouses. Catherine Hiegel apporte son soutien à sa fille, ainsi que la comédienne Marilou Berry, sa cousine.
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Un « jeu de l’orchestre »
Les faits sont prescrits, mais Coline Berry-Rojtman, 45 ans, espère obtenir une réparation médiatique. En janvier, dans la foulée de la publication de La familia grande, elle a porté plainte pour « viols, agressions sexuelles et corruption de mineure » contre son père, Richard Berry, et l’une de ses anciennes épouses, Jeane Manson, avec qui il était marié lors des faits d’inceste présumés, au milieu des années 80. Une enquête a été confiée à la brigade de protection des mineurs de Paris.
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Dans Le Monde, Coline Berry-Rojtman évoque les baisers avec la langue de son père lorsqu’elle était enfant, et le fait qu’il se promenait souvent nu devant elle. Elle raconte avoir subi « des dizaines de fois », entre ses 6 et 10 ans, un « jeu de l’orchestre », sur demande de son père et sa belle-mère de l’époque, Jeane Mason.
Le père de la plaignante lui aurait alors proposé de jouer à l’orchestre avec ses organes sexuels et ceux de sa partenaire (pénis, seins), les deux adultes étant nus.
Le Monde cite un extrait de sa plainte : « Quand le couple avait la garde des enfants en fin de semaine, il leur serait arrivé, le matin après leurs ébats, de convier ceux-ci dans la chambre parentale pour des jeux sexuels. Le père de la plaignante lui aurait alors proposé de jouer à l’orchestre avec ses organes sexuels et ceux de sa partenaire (pénis, seins), les deux adultes étant nus. (…) Mme Coline Berry aurait donc été contrainte d’apposer sa bouche sur le sexe de M. Berry, le tout en présence de l’autre enfant, et de manière répétée. »
« Il me montrait comment son sexe pouvait bouger », décrit Coline Berry-Rojtman au quotidien national. Evidemment, j’étais petite, je me disais : ‘Ah, il peut faire bouger son sexe.’ Plus tard j’ai compris que quand un sexe d’homme bouge, c’est qu’il est en érection. »
A cette époque, Coline Berry-Rojtman ne dit rien, mais refuse de voir son père, pendant un peu plus d’un an. Un refus que Richard Berry justifie aujourd’hui par sa relation houleuse avec la mère de l’enfant, Catherine Hiegel.
Richard Berry et Jeane Manson nient
Interrogé par le Monde en janvier, Richard Berry nie les accusations de sa fille aînée, qu’il qualifie de « mensonges absolus ». Il évoque « une construction mentale », « une invention totale ».
Le quotidien révèle que dans ses échanges de SMS avec sa fille, en janvier, l’acteur nie tout geste incestueux ou attouchement. Il y évoque, à propos de Jeane Manson, sa « liberté excessive avec le corps, […] sans ambiguïté sexuelle ».
Cependant, auprès du Monde, Richard Berry reconnaît des violences physiques envers Catherine Hiegel et Jeane Manson.
Par l’entremise de son avocat, Me Jacques Verdier, Jeane Mason assure au Monde n’avoir « jamais vu ni même soupçonné quoi que ce soit de quelque nature que ce soit, sinon elle aurait été la première à dénoncer l’horreur de ce qui semble allégué ».
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Bascule en 2014
C’est lors d’un dîner, en 2014, où Coline Berry-Rojtman apprend que son père attend un enfant avec sa nouvelle compagne, qu’elle commence à évoquer les faits incestueux dont elle aurait été victime.
Elle-même enceinte, elle écrit à son père, dans un mail : « Comment appelles-tu faire jouer son enfant avec son sexe ? Ça te rappelle quelque chose les jeux avec Jeane Manson ? », cite Le Monde. « C’est normal d’embrasser sa fille sur la bouche avec la langue à 4 ans ? De prendre des bains avec elle ? De lui montrer comment ton sexe sait bouger tout seul ??? Je l’invente ça aussi ????!!! » Des accusations que Richard Berry qualifie alors de « mensonge immonde ».
Evidemment, j’étais petite, je me disais : ‘Ah, il peut faire bouger son sexe.’ Plus tard j’ai compris que quand un sexe d’homme bouge, c’est qu’il est en érection.
A la compagne de son père, Coline Berry-Rojtman écrit : « Sais-tu enfin vraiment avec qui tu fais un enfant ? Cet homme ‘admirable’ ? Un homme qui a battu ma mère (…) et qui a abusé de moi ! »
De son côté, Catherine Hiegel, qui soutient sa fille, indique que celle-ci lui a parlé du « jeu de l’orchestre » pour la première fois à l’adolescence. Elle affirme aussi qu’à l’âge de « 3-4 ans », sa fille lui a révélé que son père l’embrassait sur la bouche avec la langue. Elle dit avoir demandé à sa fille d’interdire ce geste à son père, et lui en avoir parlé elle-même. Auprès du Monde, Richard Berry dit se souvenir de cette conversation, mais réfute, là aussi, ces accusations.
Dans les colonnes du quotidien, Coline Berry-Rojtman affirme que la libération de sa parole, en 2014, a scindé sa famille en deux. Sa cousine, la comédienne Marilou Berry, explique qu’elle et son père, l’artiste Philippe Berry, décédé en 2019, ont été « les seuls » à la soutenir. Elle affirme que certains membres, comme sa grand-mère et sa tante, soeur de Richard Berry, estimaient que Coline Berry-Rojtman devait « jeter un mouchoir dessus ».
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