Hypervigilance maternelle : quel est ce trouble du sommeil pouvant apparaître après l’accouchement ?
Après l’accouchement, il n’est pas rare de ressentir de l’anxiété et de s’inquiéter pour son bébé. Si cela empêche la jeune maman de dormir, il peut s’agit d’hypervigilance maternelle. Dalila Pilot Hammoud, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité, explique comment repérer et traiter ce trouble du sommeil.
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L’hypervigilance maternelle est un trouble du sommeil qui peut faire son apparition après l’accouchement. Il s’agit d’un des symptômes du baby blues, un phénomène qui toucherait jusqu’à 70% des jeunes mamans et qui peut survenir avec la chute hormonale : « Les mamans sont fatiguées, se sentent incompétentes dans leur nouveau rôle, dépassées par cette nouvelle responsabilité, mais ressentent aussi de la culpabilité, de la nervosité et de l’excitation », explique Dalila Pilot Hammoud, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité. L’hypervigilance maternelle peut s’ajouter à ces différents signes.
Comment se manifeste l’hypervigilance maternelle ?
Les mamans qui souffrent d’hypervigilance maternelle surveillent leur bébé en permanence quitte à ne plus dormir, de peur qu’il lui arrive quelque chose. C’est ce qu’a vécu Justine, 24 ans, après son accouchement il y a un an : « J’étais sur le qui-vive au moindre pleur ou bruit de ma fille. Le soir, chaque mouvement dans son berceau m’empêchait de m’endormir sereinement. J’ai fini par être complètement insomniaque« , raconte-t-elle.
Épuisées, les mères s’occupent de leur enfant de façon mécanique, sans prendre de plaisir. Elles subissent leur maternité. « J’avais l’impression d’être dans une prison et d’être devenu un robot dont la seule mission était de surveiller ma fille », se souvient Justine. C’est pourquoi il est important de prêter une attention particulière à ces manifestations. « Si ce phénomène dure le temps du baby blues, autrement dit environ une semaine, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. S’il perdure au-delà, il faut se faire aider, car il peut s’agir d’une dépression post-partum« , indique la psychologue.
Comment repérer l’hypervigilance maternelle ?
Il est tout à fait normal d’être angoissée après la naissance de son enfant. Et pour cause : « Ce nouveau rôle de maman n’est pas inné et nécessite tout un apprentissage », explique Dalila Pilot Hammoud. Mais si cette angoisse prend des proportions démesurées et s’accompagne d’autres manifestations, il peut s’agir d’hypervigilance maternelle. « Je pensais être devenue complètement folle. J’étais totalement dépendante de la survie de ma fille. Je me disais que si je n’entendais pas tout ce qui se passait, il lui arriverait forcément quelque chose », se souvient Justine.
Les signes permettant de repérer l’hypervigilance maternelle sont les suivants :
- les mamans ne dorment pas malgré l’épuisement ;
- elles surveillent leur bébé en permanence et tout devient une menace. « Elles peuvent par exemple paniquer lorsque quelqu’un porte leur bébé », explique Dalila Pilot Hammoud.
- elles sont dans un état d’hypersensibilité où tout est exacerbé que ce soit sur le plan auditif, visuel ou encore tactile. « Elles deviennent attentives au moindre bruit, surveillent la respiration du bébé… », détaille la psychologue.
Hypervigilance maternelle : quelles sont les causes de ce trouble ?
Les causes de l’hypervigilance maternelle sont variées, mais ce trouble peut être lié à une grossesse ou un accouchement difficile, marqué par une césarienne d’urgence par exemple. Il peut alors s’agir d’un symptôme de stress post-traumatique.
L’hypervigilance maternelle dépend aussi de la fragilité émotionnelle de la maman et peut ainsi être liée à l’enfance ou au parcours de chacune. « Ce phénomène survient davantage chez celles qui n’ont pas de relais et qui sont isolées », note Dalila Pilot Hammoud.
Quelles sont les conséquences de l’hypervigilance maternelle ?
La principale conséquence de l’hypervigilance maternelle est la dépression post-partum, une forme particulière de dépression qui survient après l’accouchement et qui touche environ 10 % des jeunes mamans. L’hypervigilance maternelle est aussi à l’origine d’une dette de sommeil, d’un état d’épuisement physique, psychologique et d’une anxiété chronique. « Il faut faire preuve de vigilance car cela peut vite devenir un cercle vicieux », explique la psychologue.
Sans prise en charge, ces angoisses peuvent devenir des phobies d’impulsion maternelle, un trouble obsessionnel compulsif (TOC) qui se caractérise par la peur de commettre des violences. « Les jeunes mamans ont peur de faire du mal à leur enfant. Elles peuvent par exemple craindre de lui donner le bain ou de le faire tomber de la table à langer en lui changeant la couche », détaille Dalila Pilot Hammoud.
Hypervigilance maternelle : comment la prendre en charge ?
Si l’hypervigilance marternelle dure plus d’une semaine, il est essentiel d’en parler à un professionnel de santé, qu’il s’agisse du médecin traitant, du pédiatre ou encore de la sage-femme. Ces derniers pourront réorienter la jeune maman vers un psychologue spécialisé en périnatalité, qui lui soumettra un questionnaire permettant de diagnostiquer la dépression post-partum et l’aidera à surmonter ses angoisses. « En cas de dépression plus profonde, le psychologue pourra réorienter sa patiente vers un psychiatre pour une prise en charge médicamenteuse. Mais généralement, l’écoute, la bienveillance et certains traitements naturels suffisent », indique Dalila Pilot Hammoud.
En plus de ce suivi psychologique, il est fondamental pour les jeunes mamans qui souffrent d’hypervigilance maternelle de prendre du temps pour elles. La psychologue suggère par exemple de sortir marcher 30 minutes seule afin de ne pas surveiller le bébé et ainsi de libérer un peu d’espace psychique. « Être une bonne mère, ce n’est pas passer 100% de son temps avec son bébé, c’est prendre du temps pour soi afin de se sentir bien avec son enfant et d’accueillir au mieux ses émotions« , assure-t-elle.
Les pères peuvent-ils souffrir d’hypervigilance ?
Comme la dépression post-partum, l’hypervigilance peut toucher les pères. Cependant, « ce phénomène est encore sous-estimé par les professionnels de santé et parfois nié par les hommes eux-mêmes. Les symptômes chez les pères ne sont pas bien définis, mais le mal-être est bien réel et doit être pris en charge au même titre que celui de la mère », conclut la psychologue.
Merci à Dalila Pilot Hammoud, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité.
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