Hyperphagie et prise de poids : tout savoir sur ce trouble alimentaire
L’hyperphagie compulsive, aussi appelée hyperphagie boulimique, qui se caractérise par une surconsommation d’aliments en un minimum de temps, expose à des risques de surpoids, et de nombreuses autres pathologies chroniques. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce trouble alimentaire.
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Prise de poids, perte de confiance en soi, dépréciation de l’image de soi, culpabilité… L’hyperphagie, est un trouble alimentaire courant, qui touche les hommes comme les femmes, et qui peut entraîner de nombreuses autres pathologies (obésité, hypertension artérielle, diabète, cholestérol…). Découvrez les signes qui doivent alerter, vers qui se tourner et comment en sortir.
Qu’est-ce que l’hyperphagie compulsive ?
L’hyperphagie est un trouble alimentaire, que l’on appelle également hyperphagie boulimique (à différencier de la boulimie), ou encore polyphagie.
Il s’agit du trouble du comportement alimentaire le plus fréquent, qui se caractérise par une surconsommation d’aliments, dans un laps de temps inférieur à 2 heures.
Chez les patients atteints d’hyperphagie, la consommation dépasse largement les besoins énergétiques de l’organisme.
Ce trouble se traduit par des crises impossibles à contrôler, et qui ne sont pas déclencher par la faim. Dans l’hyperphagie compulsive, il n’y a pas de règle : les crises peuvent survenir aussi bien le matin, l’après-midi, que le soir. Elles peuvent avoir lieu même après un repas, parfois 30 minutes, ou 1 heure après une prise alimentaire.
« Il est important de différencier l’hyperphagie boulimique et la boulimie, car dans l’hyperphagie, il n’y a pas de mécanisme compensatoire (pas de vomissements, ou de prise de laxatifs, qui sont les deux mécanismes compensatoires les plus courants après une consommation excessive d’aliment, dans le cas d’une boulimie) », tient à préciser Maurianne Raillier, diététicienne-nutritionniste.
Comment savoir si on fait de l’hyperphagie ?
Il y a deux moyens de savoir si l’on fait ou non de l’hyperphagie : soit le patient observe et évalue lui-même la situation dans laquelle il est, et est de cette manière amené à consulter, soit une consultation chez un spécialiste va permettre de diagnostiquer ce trouble alimentaire.
- Le patient peut identifier certains signes, qui peuvent l’amener à une consultation, comme :
- Une surconsommation alimentaire : il se rend compte qu’il mange au-delà de ses besoins nutritionnels.
- Le fait d’observer que ces prises alimentaires compulsives n’ont aucun lien avec la faim
- Dans certains cas, ces prises alimentaires peuvent avoir lieu dans le but de combler un manque psychique ou affectif.
Quant au professionnel (psychologue, ou diététicien formé à la prise en charge de ce type de trouble), il va se baser sur cinq critères pour diagnostiquer une hyperphagie :
- Le patient vit des épisodes récurrents de surconsommation alimentaire, avec un sentiment de perte de contrôle (une sorte de « transe », le patient « n’est plus aux commandes », il ne peut pas contrôler ses crises, ce n’est pas une question de volonté).
- Les crises sont associées à au moins 3 des critères suivants pour être associées à une hyperphagie : la prise alimentaire est extrêmement rapide et supérieure à la normale, le patient mange jusqu’à ressentir une distanciation inconfortable (douleur à l’estomac, sensation de « trop-plein »), le patient mange de grandes quantités de nourriture, sans sensation de faim, le patient mange seul, car il se sent gêné de manger une telle quantité de nourriture (isolement), après les crises, le patient ressent un dégoût de lui-même (culpabilité et sensation de dépression).
- Le comportement boulimique (à différencier de la pathologie boulimique), est source de souffrance marquée chez le patient.
- Le patient a ce comportement boulimique au moins 1 fois par semaine sur une période de 3 mois.
- Le fait que le comportement boulimique n’est pas associé à un mécanisme compensatoire (prise de laxatifs, vomissements).
Hyperphagie : prise de poids, diabète, perte de confiance en soi…
La première conséquence physique de l’hyperphagie, la plus immédiate, est la prise de poids très importante, qui amène à un surpoids, voire une obésité.
À moyen ou long terme, d’autres conséquences liées à l’obésité, peuvent être observées chez les patients qui souffrent de ce trouble alimentaire, comme :
- Du cholestérol
- Un diabète de type 2
- Une hypertension artérielle
- Des troubles cardiaques
Les conséquences de l’hyperphagie boulimique sont également bien souvent psychologiques :
- L’aggravation ou l’apparition d’une dépression
- La dépréciation de l’image de soi qui est accentuée (c’est souvent déjà le cas dans le cas chez les patients qui souffrent de troubles alimentaires)
Pourquoi je fais de l’hyperphagie ?
Tout le monde est exposé à un risque d’hyperphagie, hommes, femmes, et quel que soit l’âge.
Mais les adolescents sont les personnes les plus à risque, les professionnels constatent souvent chez les patients que les crises débutent à l’adolescence et se poursuivent à l’âge adulte.
Les personnes fragiles, dépendantes affectivement, psychologiquement ou sentimentalement fragiles, sont plus à risque de développer une hyperphagie, qui est souvent associée à une dépréciation de l’image de soi, et/ou à des troubles dépressifs.
« Ce trouble alimentaire n’est pas forcément lié à un problème avec l’alimentation. D’ailleurs, on connaît les facteurs de risque, mais la cause de l’hyperphagie n’est à ce jour pas connue », précise Maurianne Raillier.
« A un moment donné dans sa vie, en fonction de son histoire de vie, d’un événement particulier un peu traumatisant, d’une difficulté à gérer ses émotions, d’un trouble psychique ou psychologique, le patient va déclencher ce type de crises compulsives et développer un comportement hyperphagique », poursuit-elle.
Comment se soigner de l’hyperphagie ?
Le moyen le plus efficace pour se soigner d’une hyperphagie est de se tourner vers une approche psychologique.
« La prise en charge de l’assiette du patient n’a pas d’intérêt dans le cas d’une hyperphagie. Le travail doit être global : gestion des émotions, recherche de l’origine du trouble s’il peut être identifié pour travailler dessus ensuite… », conseille la diététicienne-nutritionniste.
Chez le patient qui souffre d’hyperphagie, le travail va donc être psychologique, et va se faire à plusieurs niveaux :
- Apprendre à gérer ses émotions
- Travailler sur l’enfant intérieur
- Renforcer l’image de soi
- Travailler sur la déculpabilisation
- Travailler sur la confiance en soi
- Développer un rapport sain avec soi-même, avec son alimentation, et apprendre à faire preuve de bienveillance envers soi
« La prise en charge de l’hyperphagie compulsive est complexe, on prend en compte à la fois l’aspect environnemental, psychologique, familial, et socio-culturel du patient. L’aspect nutritionnel, diététique est peu ou pas considéré, car ce n’est pas là le problème ! », précise Maurianne Raillier.
Comme l’explique la spécialiste, les patients vont avoir tendance à essayer de contrôler la crise, ils vont être dans une sorte de lutte contre eux-mêmes.
« Or, plus la personne va lutter contre la crise, moins elle va réussir à la contrôler, car plus elle va subir une dégradation de l’image de soi. L’objectif avec le thérapeute va donc être d’apprendre à accueillir ces crises, apprendre à accueillir ce qui fait souffrir. Avec le patient, on va faire en sorte que cette crise disparaisse, parce qu’on a travaillé sur ce qui la déclenche, non pas parce qu’on tente de la contrôler », explique la diététicienne-nutritionniste.
« Aussi, en cas d’hyperphagie avérée, il est important d’avoir conscience que la personne n’est pas responsable de ce trouble, que ce n’est pas de sa faute, que la personne qui en souffre est victime de son parcours de vie, et que pour en sortir, il faut faire un travail là-dessus », ajoute-t-elle.
Il s’agit d’un long travail, qui peut prendre quelques mois, comme plusieurs années. L’hyperphagie n’est pas une fatalité, tout le monde peut en sortir, mais il faut faire preuve de beaucoup de patience !
Qui consulter en cas d’hyperphagie ?
Si vous observez plusieurs signes qui indiquent une hyperphagie, vous pouvez soit vous orienter vers un psychologue, soit vers un diététicien qui est en mesure de prendre en charge ce type de trouble (posez la question, certains ont été formés à la prise en charge de l’hyperphagie).
Dans certains cas (pour les patients qui souffrent d’une dépression) pourront eux se tourner vers un psychiatre, pour une prise en charge médicamenteuse.
Merci à Maurianne Raillier, diététicienne-nutritionniste et co-fondatrice de Feeling Food, www.feelingfood.fr
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