Hortense de Roux : “En 2020, la part des femmes interrogées dans les médias a chuté de 38 % à 20 % !”
L’association Grandes Écoles au féminin, présidée par Hortense de Roux, lance une charte pensée avec le collectif #JamaisSansElles. Son objectif ? Engager ses membres à refuser tout débat public sans femme. Explications.
Madame Figaro. – En quoi consiste l’appel #JamaisSansElles ?
Hortense de Roux. – Nous nous sommes rapprochés de ce collectif, lancé en 2016, pour étendre ‘’impact de Grandes Écoles au féminin (GEF) à tous les diplômés de l’enseignement supérieur. Notre charte commune repose sur un principe simple : l’ensemble de nos membres et tous ceux qui souhaitent relayer le mouvement s’engagent, s’ils sont invités à participer à un panel de discussion de plus de trois personnes, à s’assurer que celui-ci compte au moins une femme – et dans le cas contraire, à décliner l’invitation.
Grandes Écoles au féminin rassemble environ 400.000 personnes, anciens élèves des dix écoles que nous représentons. C’est une population décisive et décisionnaire pour l’économie. Avec cette charte, nous prenons l’engagement de demander aux associations d’anciens de mettre en place une gouvernance qui tende le plus possible vers la mixité, au prorata de la part de femmes dans leurs effectifs. Et aussi de sensibiliser à la lutte contre les stéréotypes en organisant a minima, par exemple, des formations sur les biais cognitifs, culturels et sociaux, que même les personnes les mieux intentionnées reproduisent parfois sans s’en rendre compte.
L’égalité de parole, martelez-vous, est un axe fondamental dans la lutte pour l’égalité économique…
L’invisibilité des femmes dans le débat public et les médias nuit à leur crédibilité sur les sujets d’expertise. Cela a des répercussions sur leur place dans l’économie, mais aussi à la maison et partout ailleurs… Ce manque de crédibilité des femmes est une vraie maladie, qui doit être soignée ! En 2020, la part des femmes interrogées dans les médias a chuté de 38 % à 20 %…
Quelle proposition défendez-vous auprès du gouvernement pour une meilleure égalité économique ?
En s’inspirant de ce qui fonctionne dans la lutte contre la corruption (qui coûte 2 % du PIB mondial par an) avec l’AFA (Agence française anticorruption), nous préconisons la création d’une autorité indépendante pour suivre l’application des dispositions existantes. Elle aurait un rôle de contrôle, d’accompagnement et de sanction. L’égalité entre les hommes et les femmes est aussi un enjeu financier : si on y parvient, le PIB mondial pourrait grimper de 3,9 %.
Hortense de Roux, présidente de Grande Écoles au féminin, est avocate, associée au sein du cabinet Ashurst.
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