Hémospermie : que signifie la présence de sang dans le sperme ?
Rarement grave, l’hémospermie (sang dans le sperme) doit quand même faire l’objet d’une consultation médicale. Nos explications.
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Hémospermie : qu’est-ce que c’est exactement ?
Comme son nom l’indique, l’hémospermie désigne la présence de sang dans le sperme. » C’est un symptôme qui est rarement grave, nous rassure d’emblée le Dr. Antoine Faix, chirurgien urologue. En revanche, s’il n’est pas nécessaire de filer immédiatement aux Urgences lorsqu’on observe quelques gouttes de sang dans son sperme, il est préférable de consulter un médecin si cela se répète – de préférence, un médecin urologue. «
Dans la majorité des cas, l’hémospermie est liée à une infection de la prostate ou des vésicules séminales : » il faut savoir que le sperme est produit à hauteur de 60 % par les vésicules séminales, 30-35 % par la prostate et le reste par les glandes urétrales et autres, avec une toute petite proportion de spermatozoïdes » précise le Dr. Faix.
Attention : il ne faut pas confondre l’hémospermie (présence de sang dans le sperme) avec l’hématurie (présence de sang dans les urines).
Hémospermie : il s’agit souvent d’une infection
Le plus souvent, une hémospermie révèle la présence d’une infection de la prostate et/ou des vésicules séminales. » Chez l’homme jeune (20-30 ans), on pense spontanément à une infection sexuellement transmissible (IST) » note le médecin urologue. La coupable la plus fréquente, c’est la bactérie Chlamydia trachomatis, responsable d’une chlamydiose.
Chez l’homme comme chez la femme, la bactérie Chlamydia trachomatis se transmet par contact sexuel avec une personne infectée – rapport sexuel génital, anal, buccogénital ou bucco-anal. Dans 60 % à 70 % des cas, l’infection à chlamydia est asymptomatique ; chez l’homme, la bactérie Chlamydia trachomatispeut éventuellement provoquer une hémospermie, des brûlures en urinant (brûlures mictionnelles), des douleurs au niveau des testicules et/ou des douleurs rectales.
» Chez l’homme plus âgé (après 60 ans), bien que les IST ne soient pas à exclure, on pensera plutôt à une infection urinaire touchant la prostate – on parle aussi de prostatite » précise le Dr. Antoine Faix. La bactérie-coupable, c’est habituellement Escherichia Coli (E.Coli). En cas de prostatite, on peut observer une hémospermie et/ou une hématurie, mais aussi de la fièvre (supérieure à 38°C), des brûlures en urinant (brûlures mictionnelles), des envies d’uriner fréquentes (pollakiuries) et/ou des douleurs (pelviennes, périnéales, urétrales, péniennes et/ou rectales).
Après un examen clinique, un interrogatoire (le patient a-t-il eu des rapports sexuels non-protégés?) et un examen cytobactériologique urinaire (ECBU) destiné à identifier le germe responsable de l’infection, éventuellement complété d’un examen de sperme, le médecin urologue pourra prescrire des médicaments antibiotiques.
Hémospermie : il peut être question d’une fragilité prostatique
La présence d’une hémospermie peut aussi être en lien avec une fragilité de la prostate : les petits vaisseaux sanguins qui parcourent cette glande peuvent en effet se rompre, provoquant une petite perte de sang dans le sperme.
» Cela concerne en particulier les hommes plus âgés, qui souffrent éventuellement d’une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et/ou qui sont traités par médicaments anti-coagulants ou anti-plaquettaires à la suite d’un problème vasculaire (embolie pulmonaire, troubles cardiaques…) » explique le chirurgien urologue.
Plus rarement, une hémospermie peut résulter d’un traumatisme prostatique : un coup de pied dans le périnée, par exemple. » Un cas particulier est celui des patients ayant subi un traumatisme médical, par exemple une biopsie de la prostate : on peut alors observer du sang dans le sperme et l’hémospermie peut persister jusqu’à plusieurs semaines après le geste médical » ajoute le Dr. Antoine Faix.
Hémospermie : on pense au cancer de la prostate
En France, environ 50 000 nouveaux cancers de la prostate sont diagnostiqués chaque année : cette pathologie exclusivement masculine est responsable d’environ 9000 décès par an. Il s’agit du cancer le plus fréquent chez l’homme et dans la population générale.
Exceptionnel avant l’âge de 50 ans, le cancer de la prostate touche principalement les hommes de plus de 70 ans, et surtout ceux qui ont des origines africaines ou antillaises. Il y a un facteur de risque familial. Les symptômes du cancer de la prostate incluent :
- Une hémospermie (sang dans le sperme) et/ou une hématurie (sang dans les urines),
- Des difficultés à uriner (un débit d’urine faible ou qui s’interrompt facilement, un besoin de » pousser » en urinant…),
- Une sensation de brûlure ou une douleur en urinant,
- Des besoins fréquents et urgents d’uriner (pollakiuries).
Face à ces symptômes, outre l’examen clinique, le médecin urologue pourra prescrire un bilan sanguin (dosage du PSA) et une biopsie afin d’identifier d’éventuelles cellules cancéreuses.
Merci au Dr. Antoine Faix, chirurgien urologue, andrologue et sexologue, trésorier et administrateur de l’Association Française d’Urologie (AFU).
Sources :
Assurance Maladie
Association Française d’Urologie (AFU)
Centre d’urologie Prado-Louvain (Marseille)
Institut Curie
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