Harry Potter, Disney… La magie de la fabrication des livres en braille

  • Donner à toucher les livres qu’on ne peut pas voir. C’est la mission que s’est donnée une association toulousaine.
  • Le Centre de traduction et d’édition en braille transpose et fabrique les livres en braille. Eclectique, il sait se mettre à la page et a pris le virage de la littérature jeunesse.
  • En ce moment, il s’attaque à la Saga Harry Potter et aux grands classiques de Disney.

Il faut bien plus qu’une baguette magique pour mettre l’univers d’Harry Potter et des princesses de Disney à la portée d’enfants aveugles ou d’adolescents malvoyants. Mais à
Toulouse, le
Centre de transcription et d’édition en braille (CTEB) a trouvé la formule grâce aux « rats de bibliothèque » pas du tout poussiéreux de son comité de lecture et à l’enthousiasme de ses deux jeunes transcriptrices en braille, et pas traductrices car « le braille n’est pas une langue, c’est un code ».

Cette association transpose les livres « noirs », autrement dit imprimés, les fabrique, les vend, les envoie aux lecteurs puis, le cas échéant, récupère les gros tomes aux pages blanches et embossées pour alimenter son fonds de seconde main. « Avec nos 1.700 références, nous voulons rendre accessible l’information et la culture aux non-voyants », résume Denis Guérin, le chargé de communication du CTEB.

Flair et renouvellement

Le centre est déjà connu dans sa niche pour flairer les lauréats des grands prix littéraires, de sorte qu’il a pu sortir la version braille de L’Anomalie en quinze jours. Il sait se mettre à la page, alterner une trilogie de Maxime Chattam avec des manuels de développement personnel, ou des « récits de vie », importants pour un lectorat en demande de « résilience ». Et surtout il n’a pas raté le virage du regain de la littérature jeunesse. Avec, en cette année confinée, deux défis. L’un, bien entamé, est la transposition de la saga du sorcier de Poudlard. L’autre en est à son début et consiste à saisir l’occasion des 100 ans du géant Disney pour s’attaquer à ses grands classiques, de Peter Pan à Bambi, sans oublier aucune princesse. Avec, en guise de nouveauté technique, l’insertion d’une illustration à toucher par histoire.

« Cette série de contes nous paraît importante pour les enfants aveugles et leurs parents peut-être nostalgiques », explique Frédérique Allessandri. A 28 ans, cette diplômée en littérature, fan absolue de Harry Potter et tombée dans la transcription « un peu par hasard », se régale.  « Je lis toute la journée et en plus je me sens utile », dit celle qui avec sa jeune collègue, Céline, a insisté par goût pour se lancer dans les Disney.

Fichiers et encodage

Pas une sinécure. Car il a fallu trouver des rééditions des contes de moins de dix ans. C’est à cette condition que la Bibliothèque nationale de France (BNF) envoie – gratuitement grâce à un agrément – les fichiers texte au CTEB. Pour travailler, Frédérique et Céline gardent toujours le livre, le « vrai », sous les yeux. « C’est notre contribution aux droits d’auteur », glisse la lectrice invétérée. « Nous encodons le texte en braille abrégé intégral pour que les dialogues, les paragraphes, les noms propres soient bien trasncrits », détaille-t-elle. Ensuite, un logiciel spécialisé peaufine l’ensemble et le fichier informatiquel est envoyé à l’atelier.

Les Arsène Lupin et les Jules Vernes sont dans les tuyaux. Avec pour le CTEB la même fébrilité, les mêmes incertitudes, que dans les maisons d’édition classiques. « Quand on regarde les ventes, on a parfois de surprises, bonnes ou moins bonnes », plaisante la transcriptrice.

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