"Friends" : pourquoi regarde-t-on toujours la sitcom des années 1990 ?
« Personne ne t’a dit que la vie allait être ainsi » entament The Rembrandts dans le générique de la série. Et pour Rachel, Ross, Monica, Chandler, Phoebe et Joey, c’est bien un quotidien plein d’aventures, d’amitié et d’amour qu’ils ont vécu pendant 236 épisodes, et 10 saisons.
Après tant d’années, les fans vous le diront : ils sont toujours présents au rendez-vous et continuent à se sentir proches de la bande d’amis new-yorkais, qui les fait autant rire qu’au début. Le succès est tel qu’en 2019, Netflix aurait déboursé 100 millions de dollars pour garder la série dans son catalogue cette seule année, selon Recode.
En 2021, c’est carrément un épisode événement réunissant les stars du casting, après 17 ans d’absence, qui est attendu. Mis en ligne sur la plateforme HBO Max le 27 mai, il comprendra de nombreux invités, dont Justin Bieber et Lady Gaga.
Sitcom des années 1990 réappropriée par la Génération Z, la même qui n’était pas encore née lorsque le show a débuté, Friends poursuit son chemin. Alors, pourquoi est-on toujours accro ?
Un humour simple mais efficace
Sans surprises, Friends remplit le but premier des sitcoms : faire rire. Mais si la série reste si endurante, c’est car elle réussit à se démarquer par son humour simple. Par l’absence de références pop-culturelles ou de faits d’actualité qui pourraient ancrer la série dans le temps, les scénaristes ne prennent pas de risques, et touchent une très large audience. Génération après génération.
Le comique est distillé partout et pour tous. Accessible à partir d’un jeune âge, la série se base sur des situations, des blagues ou encore des gestes pensés pour faire rire. C’est donc l’identification qui est mobilisée chez les téléspectateurs, qui se retrouvent dans ces scènes hilarantes du quotidien.
Les ressorts comiques de Friends sont un réel point fort de la série. Que l’on en soit au premier visionnage, au troisième ou même au dixième, les mésaventures des personnages continuent de nous amuser.
Une ambiance "feel good"
Emmitouflé dans notre plaid, devant les DVDs ou Netflix, il y a quelque chose chez Friends qui nous réconforte. La série ne fait pas dans le dramatique ou dans l’angoisse, et on peut être sûr que tout se finira toujours bien à la fin. C’est une positivité parfois au bord de l’irréalisme, mais agréable, qui accompagne les péripéties des personnages.
Côté boulot, ils rencontrent des obstacles mais parviennent toujours à progresser et à atteindre leurs objectifs. Rachel passe de serveuse à cadre dirigeante chez Ralph Lauren, Monica devient cheffe du restaurant de ses rêves et Chandler se reconvertit dans la publicité au bout de la saison 9.
L’argent n’est pas non plus une préoccupation pour les amis, qui passent d’ailleurs leur temps à discuter au Central Perk, et vivent dans des appartements qui seraient, en réalité, sûrement trop chers pour leurs revenus supposés, avait calculé le site Mortgage Advisers. Une des rares exceptions est le cinquième épisode de la saison 2, où le groupe se divise après avoir abordé leurs différences de revenus. Mais une fois encore, tout s’arrange pour la bande.
Côté cœur, la série nous offre une belle palette de relations amoureuses qui vont et viennent, mais chaque personnage finit par trouver son âme-sœur (son « homard », comme dirait Phoebe) à la fin. Monica et Chandler se sont mariés, suivis de Phoebe et Mike, et Ross et Rachel ont enfin le droit à leur happy end, après de nombreux ratés.
C’est donc avec un côté nostalgique des années 90 que Friends est devenu une « série doudou » pour beaucoup. En fond sonore, pour combler la solitude ou pour consoler les chagrins, on peut toujours compter sur cette bande, qu’on a l’impression de connaitre comme notre propre famille.
Entre déconnexion et progrès
Vivement critiquée à plusieurs reprises pour son manque de diversité et accusée d’être sexiste, homophobe, transphobe et grossophobe, la série en contrarie plus d’un. Alors qu’il est impossible de nier que certaines répliques et blagues ne seraient (heureusement) plus admises à notre époque, et sont en totale déconnexion avec les combats progressistes actuels, Friends a aussi su être très en avance sur son temps.
Quoique souvent abordées de façon délicate, plusieurs thématiques en avance pour l’époque sont mises en avant, telles que l’homosexualité, la trans-identité, la GPA ou encore l’adoption. Phoebe est mère porteuse pour son frère, Monica et Chandler découvrent qu’ils ne peuvent pas procréer et ont recours à l’adoption, Rachel est mère célibataire.
Sans oublier que le mariage de l’ex-femme de Ross, Carol, et sa compagne Susan fait partie des premiers mariages homosexuels représentés à la télévision. C’est d’ailleurs dans un moment touchant que Ross accompagne Carol jusqu’à l’autel, alors que les parents de la jeune femme refusent d’assister au mariage.
Autre point positif, les étroitesses d’esprit des personnages ne sont pas laissées comme telles, mais sont bien débattues ou du moins moquées. Alors que la notion de masculinité est abordée plusieurs fois dans la série, on se rappelle notamment de Ross qui ne veut pas que son fils joue avec une Barbie, ou de l’épisode où Rachel souhaite engager un homme pour veiller sur leur fille, Emma. Au fond, c’est la masculinité toxique et la valorisation de la virilité auxquelles a été confronté le paléontologue lors de son enfance qui sont présentées comme problématiques.
Des thèmes intemporels
Placée dans le contexte des années 1990 à New York, la série aborde avant tout des thèmes intemporels. Ce sont les sujets de l’amitié, l’amour et le travail qui prédominent dans Friends, à travers les discussions des six amis faisant face à l’évolution constante de leur quotidien.
Alors que la relation entre Rachel et Ross est emblématique et constitue une trame centrale de la série, on s’attendrit devant leur premier baiser, on est triste lorsqu’ils rompent et on est soulagé qu’ils se retrouvent enfin à la fin.
Toujours du côté de l’amour, le thème du mariage est également abordé à de nombreuses reprises, que ce soit par les multiples divorces de Ross ou les unions de Monica et Chandler, et Phoebe et Mike.
C’est aussi aux caractères des personnages en eux-mêmes qu’on peut s’identifier. Certains se retrouvent dans le côté maniaque de Monica, dans le sarcasme de Chandler, dans le côté geek de Ross, dans l’excentricité de Phoebe, dans l’amour pour les sandwichs de Joey ou encore, dans le sens de la mode de Rachel.
Une série qui rassemble
Même après 25 ans, Friends est une série qui rassemble. Au fil des saisons, la sitcom a su inventer un tas de références, qui ont marqué nos esprits. Du « Oh my God » strident de Janice au « We were on a break » excédé de Ross, en passant par le « How you doin? » dragueur de Joey ou le fameux « I know » répété par Monica.
Autre que le vocabulaire, ce sont aussi certains gestes que s’approprient les personnages de Friends. On se rappelle par exemple de Ross qui invite Joey et Chandler à parler moins fort ou du célèbre Unagi. Et si vous faites partie des fans ardus, on parie que vous connaissez les paroles de la chanson de Phoebe : Smelly Cat.
À l’ère des réseaux sociaux, ce sentiment d’appartenance à un groupe (la fanbase de Friends) semble renforcé. Les comptes dédiés à la série ne se comptent plus et désormais, même les acteurs s’y mettent. Alors que Jennifer Aniston (Rachel) a sauté le pas en ouvrant un compte Instagram en octobre dernier, l’actrice a atteint un million d’abonnés en seulement cinq heures et seize minutes, un record qui a même rendu sa page inaccessible pendant un petit moment. Sa première photo ? Un selfie d’elle avec ses compagnons de Friends.
https://www.instagram.com/p/B3o8vWDhlOh/
De son côté également, Courteney Cox (Monica) ne manque pas de poster des photos avec ses anciens co-stars. Et si on en veut plus, il existe même un festival dédié à la série en Angleterre, le FriendsFest, où il est possible de visiter les appartements des New-Yorkais, de recréer des scènes cultes ou de tout simplement visionner les épisodes sur grand écran.
En bref, si on regarde toujours Friends, c’est bien pour s’évader un peu en se plongeant dans le quotidien burlesque, réconfortant et si familier de Monica, Ross, Rachel, Chandler, Phoebe et Joey. Et quand bien même on se sentirait le cœur lourd après avoir visionné le tout dernier épisode de la série, il nous suffit d’enchaîner avec le premier, et de recommencer.
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