Florence Porcel, l'auteure qui accuse Patrick Poivre d'Arvor de viols et d'abus de pouvoir

L’auteure de 37 ans a déposé plainte contre l’ex-présentateur du JT de TF1 pour viols et emprise psychologique. Une enquête a été ouverte cette semaine sur les faits qui se seraient déroulés entre 2004 et 2009. Retour sur le parcours de la chroniqueuse dont les accusations ont plus d’une fois agité les médias.

«Est-ce que vous réalisez que vous êtes devenue une femme ?» Tels sont les propos qu’aurait tenus Patrick Poivre d’Arvor après un rapport sexuel non-consenti avec Florence Porcel, en 2004. Une déclaration d’autant plus glaçante que l’auteure de 37 ans, qui n’a pas souhaité s’exprimer dans les médias, a déposé plainte contre l’ex-présentateur du journal télévisé de TF1 – de 1987 à 2008 – pour viols et emprise psychologique. Selon la plaignante, le journaliste de 36 ans son aîné aurait abusé d’elle à deux reprises, entre l’automne 2004 et le printemps 2009. Une enquête a été ouverte cette semaine par le parquet de Nanterre, et les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne, explique le Parisien.

Une étrange conversation

Tout commence en 2004. Florence Porcel, 21 ans, est étudiante à l’école de comédie musicale ECM 3 Arts, à Paris. Elle poursuit, en parallèle, une licence d’information-communication à la Sorbonne. Mais la jeune femme rêve, avant tout, de devenir romancière. Elle envoie des dizaines de manuscrits, dans l’espoir d’être repérée par une maison d’édition. Et adresse, en parallèle, une lettre à Patrick Poivre d’Arvor, pour lui faire part de son admiration à la lecture de l’un des ouvrages de celui qui est aussi écrivain.

Elle y joint quelques-uns de ses propres écrits, afin de recueillir l’avis du présentateur. La jeune femme, née le 26 juillet 1983 à Vitry-le-François, et dont les rêves d’écriture ont mûri au lycée Pierre Bayon de Châlons-en-Champagne, peine à s’imaginer qu’elle recevra une réponse de celui qu’elle admire tant. Mais il la contacte par téléphone pour évoquer ses travaux, un dimanche soir de novembre. S’en serait suivie une étrange conversation, durant laquelle le journaliste lui aurait posé des questions intimes, notamment sur son absence de petit ami et la fréquence à laquelle elle se masturbe. Il finit par l’inviter dans les studios de TF1, où elle pourra assister au journal télévisé du lendemain soir.

Des « cris de douleur »

Après l’émission, une assistante aurait conduit Florence Porcel dans le bureau de PPDA. Le présentateur aurait alors fermé la porte, avant de «lui proposer un verre d’alcool» et «de l’agresser sexuellement en l’embrassant puis en introduisant sa main dans sa culotte», poursuit le Parisien. L’étudiante, tétanisée, se serait déshabillée et aurait eu avec lui un rapport sexuel auquel elle ne consentait pas. Il s’agit de la première expérience sexuelle de la jeune femme, qui est encore vierge. Depuis longtemps déscolarisée en raison de problèmes de santé, celle-ci est, par ailleurs, en convalescence d’une tumeur au cerveau. Florence Porcel soutient ne pas être parvenue à fuir son agresseur, avoir émis des cris de douleur. Mais à l’époque, elle n’aurait pas réalisé qu’elle aurait été victime d’un viol. Au fil des années, Patrick Poivre d’Arvor aurait ainsi établi une relation d’emprise avec la jeune femme. Tous deux auraient continué à échanger durant plusieurs années.

Ils auraient eu ensemble un nouveau rapport sexuel, auquel la vingtenaire aurait cette fois consenti – afin, dit-elle, de ne plus subir cette relation. Florence Porcel n’aurait, pourtant, pas échappé au pire. La jeune femme affirme avoir subi une seconde agression, en avril 2009. Elle revoit alors l’ex-présentateur, qui a intégré la société de production A Prime Group, afin de s’entretenir avec lui dans le cadre d’un mémoire sur les livres écrits par des personnalités médiatiques de la télévision. Il l’aurait forcée à lui faire une fellation. Florence Porcel ne réalise la gravité des faits qu’en 2018, après une psychothérapie et une discussion avec ses parents, tous deux instituteurs, dont elle est la fille aînée. Mais un an plus tard, c’est au cœur d’un autre tourbillon médiatique, mieux connu sous le nom de «Ligue du Lol», qu’elle se trouve entraînée.

La « Ligue du Lol »

Dans le cadre de cette affaire de présumé harcèlement coordonné, qui aurait été perpétré sur Twitter par les membres d’un groupe Facebook privé rassemblant journalistes, communicants et publicitaires, Florence Porcel se présente comme la victime de ces derniers. Elle dénonce dans les colonnes de France Info, en février 2019, des «tweets malveillants, injurieux, insultants» dont elle aurait fait l’objet entre 2009 et 2010, ainsi que «des photomontages à caractère pornographique». Elle dit avoir été victime, alors qu’elle était encore étudiante, titulaire d’un DEUG d’Anglais, d’une licence d’Information et Communication et bientôt d’un master professionnel de journalisme culturel, d’un canular téléphonique, durant lequel son interlocuteur s’est fait passer pour Laurent Bon, le producteur du Petit Journal, et lui a proposé une place pour la saison suivante du show.

Peu après le premier anniversaire de l’affaire, la chroniqueuse publie une tribune sur Medium, intitulée «L’affaire de la Ligue du Lol, ou la fabrique de l’oubli». «J’ai vécu une première folie médiatique, et j’ai découvert ses travers et ses conséquences : des milliers de commentaires d’injures et d’insultes sexistes, des menaces de viol et de mort, bref… écrit-elle. Je me suis pris dans la g***le ce que c’est que d’être une femme sur Internet. Baptême du feu.»

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« C’est mon histoire »

La jeune femme est pourtant parvenue à bâtir une solide carrière dans le monde des médias. En septembre 2011, elle est recrutée par le producteur Cyrille de Lasteyrie, alias Vinvin, grâce à un CV-vidéo inspiré d’Amélie Poulain. Elle devient community manageuse et animatrice pour l’émission «Le Grand Webzé» sur France 5. Un an plus tard, elle officie dans le «Vinvinteur», dans lequel elle joue son propre rôle. Passionnée de d’astronomie, elle crée un podcast vidéo hebdomadaire intitulé «La folle histoire de l’Univers en septembre 2012. Elle publiera, par la suite, cinq ouvrages consacrés à ce thème. En août 2013, elle rejoint l’équipe de «La tête au carré», sur France Inter.

Trois ans plus tard, elle s’occupe du programme Spatialiste, une émission de vulgarisation scientifique lancée par la société de production Effervescence. Le 20 septembre 2017, elle publie La Folle Histoire du Système solaire aux Éditions Dunod. Deux ans plus tard, elle annonce sur Twitter qu’elle arrête sa chaîne YouTube. Le 6 janvier sort en librairies son livre Pandorini, aux éditions JC Lattèsl’éditeur en question n’ayant aucune idée de la véritable histoire derrière le roman. «C’est l’histoire, banale, d’une jeune femme inexpérimentée qui fait une mauvaise rencontre, écrit-elle dans un post partagé avec ses 3700 abonnés Instagram. Sauf que la rencontre en question est un des hommes les plus célèbres de France. On ne va pas se mentir : c’est mon histoire.»

La trentenaire porte aujourd’hui plainte contre Patrick Poivre d’Arvor, treize ans après avoir été remporté un concours littéraire organisé pour fêter les 20 ans de l’émission «Vol de nuit», présentée par le principal intéressé. «Cela a été une immense émotion de gagner ce concours, déclarait-elle à l’époque. Et là, en plus, c’est l’écrivain Patrick Poivre d’Arvor qui jugeait les textes !» Plus d’une décennie plus tard, l’ex-présentateur va porter plainte contre Florence Porcel pour «dénonciation calomnieuse». Me Emmanuel Moyne, l’avocat du journaliste, dénonce une accusation «aussi mensongère qu’inspirée par une quête de notoriété inconvenante». Avant d’ajouter : «PPDA est, à cet égard, révolté par la manière dont on cherche à l’instrumentaliser pour assurer la promotion d’un roman.»

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