Festival de Cannes : retour sur les scandales et les faits insolites qui ont marqué les éditions !
Le 76e Festival international du film de Cannes vient de débuter. Retour sur les faits insolites et marquants de sa riche histoire.
1954 : Simone Silva, playmate de la Croisette
©Bridgeman Images
Invité par le Festival de Cannes, en manque de stars américaines, Robert Mitchum débarque avec sa femme, Dorothy, sur la Croisette fin mars 1954. Lors d’une excursion publicitaire aux îles de Lerins, l’acteur prend la pose lorsqu’une starlette, Simone Silva, s’immisce à ses côtés et enlève le haut ! Éberlués, les photographes immortalisent ce moment inespéré avec un Mitchum mi-hilare, mi-embarrassé, sa femme fulminant non loin… Pour l’anecdote, Simone Silva tentera de surfer à Hollywood sur cette gloire éphémère. En vain. On la retrouvera morte, trois ans plus tard, dans une chambre d’hôtel londonienne. Elle n’avait que 29 ans.
1973 : La nausée…
©Bridgeman Images
Si elle avait su, elle ne serait pas venue… En 1973, la légendaire Ingrid Bergman préside le jury du Festival et doit se « farcir » deux films français provocants : La Grande Bouffe de Marco Ferreri et La Maman et la Putain de Jean Eustache. On raconte alors qu’elle aurait été prise de nausées devant le premier, l’histoire de quatre hommes qui se suicident en mangeant ! Et la star de s’indigner en coulisses que « la France ait cru bon de se faire représenter par les films les plus sordides et les plus vulgaires du Festival ». Si La Maman et la Putain obtint le Grand Prix du jury, La Grande Bouffe ne récolta « que » le prix de la critique internationale.
1979 : Le roman de Sagan
©Guy Marineau/Starface
Les organisateurs du Festival gardent un souvenir mitigé de Françoise Sagan, présidente du jury en 1979. Non seulement elle œuvra pour qu’une double Palme d’or soit exceptionnellement décernée cette année-là (au Tambour, qu’elle adorait, et à Apocalypse Now, que son jury préférait) mais elle laissa en plus une note d’hôtel mirifique de 12 000 francs. En cause : le renouvellement excessif du minibar de sa chambre ! Sept mois plus tard, Sagan se répandra dans la presse en évoquant une Palme d’or « truquée » (à propos d’Apocalypse Now qu’elle détestait) et le non-remboursement de ses dépenses. En réponse, le Festival publiera sa note de frais laissée à l’hôtel. Ambiance…
1983 : Printemps meurtrier
©Laforêt/LOCHON
En 1983, L’Été meurtrier crée l’événement en compétition. Isabelle Adjani y fait sensation en apparaissant dans le fi lm largement dénudée… Alors au sommet de sa gloire, l’actrice, qui subit les intrusions incessantes des paparazzis dans sa vie privée, décide de boycotter le traditionnel photo call qui suit la conférence de presse organisée après la projection presse matinale du film. Dans la journée, elle continue de jouer à cache-cache avec les photographes dans les rues de Cannes. Pour la présentation officielle, le soir même, Isabelle Adjani, superbe, foule le tapis rouge, arrive près des photographes qui, soudain, posent leurs appareils à leurs pieds et lui tournent le dos !
1987 : Victoire au poing
©DUCLOS/PELLETIER
En 1987, cela fait vingt et un ans qu’un film français n’a pas remporté la Palme d’or. Dernier en date à avoir réalisé cette prouesse : Un homme et une femme, de Claude Lelouch, en 1966. À la grande surprise des observateurs (qui voyaient Les Ailes du désir de Wim Wenders rafler la mise), c’est Sous le soleil de Satan, de Maurice Pialat, qui a les faveurs du jury. Mais ce film austère, adapté de Bernanos, n’a pas que des partisans, même parmi les journalistes français qui sifflent l’annonce faite par Yves Montand, président du jury. La remettante, Catherine Deneuve, est également huée, ce qui fera dire ensuite à Maurice Pialat : « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus ! » Le réalisateur narguera ensuite la salle, en levant le poing par bravade.
1991 : La madone de l’émeute
©GILBERT TOURTE/AP/SIPA
La venue de Madonna à Cannes en 1991, pour la présentation, en séance spéciale, du documentaire In Bed with Madonna, d’Alek Keshishian, sur les coulisses de la tournée Blond Ambition Tour, éclipse tout le reste. Le passage sur le tapis rouge de la diva américaine provoque carrément une mini-émeute. Vêtue d’une sorte de kimono rose qu’elle maintient étrangement fermé, la « madone » se fraie difficilement un chemin jusqu’aux fameuses marches sous les cris d’un public chauffé à blanc. En haut de l’escalier du Palais des festivals, hilare, elle défait d’un coup son kimono pour laisser apparaître une tenue ultra-sexy dessinée par Jean-Paul Gaultier, son couturier fétiche ! Effet garanti sur la foule en délire…
1994 : Doigt… d’honneur !
Lors du Festival 1994, tous les yeux sont braqués sur le jury dont le président est Clint Eastwood et la vice-présidente, Catherine Deneuve. Ce jury très glamour va faire parler de lui jusqu’au bout en décernant la Palme d’or à Pulp Fiction, de Quentin Tarantino. Un fi lm audacieux, explosif, violent, qui divise un peu la Croisette. On adore ou on déteste. Alors que le cinéaste de 32 ans, très ému, monte sur scène pour faire son discours de remerciement, une voix féminine hurle dans la salle : « Quelle daube ! Mais quelle daube ! Putain fait chier ! » Entre deux rires forcés, Quentin Tarantino finit par faire un doigt d’honneur à l’insolente…
1999-2005 : La récidiviste !
©Ramey Agency/ABACA
Sophie Marceau n’est pas une habituée de Cannes où elle n’est venue défendre que cinq films en quarante ans de carrière – elle a également été membre du jury en 2015. Deux de ses apparitions ont néanmoins marqué l’histoire du Festival. En 1999, conviée à remettre la Palme d’or aux frères Dardenne pour Rosetta, elle avait tenu un discours confus, hésitant, visiblement non préparé, où elle minimisait l’importance d’un festival par rapport à la guerre, aux enfants malades… Une prestation inappropriée, coupée par les sifflets et par la maîtresse de cérémonie, Kristin Scott Thomas. Six ans plus tard, en montant les marches pour assister à une projection, l’infortunée Sophie Marceau avait vu sa bretelle de robe glisser sur son épaule, dévoilant un sein aussitôt mitraillé par les photographes.
Louis-Paul Clément
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