Fermeture des écoles et télétravail : "C’est faire rentrer deux journées en une seule"
C’est officiel : à partir de samedi 3 avril, les crèches, écoles, collèges et lycées vont fermer pour au moins trois à quatre semaines. La première sera consacrée à des cours en distanciel suivie par deux semaines de vacances communes aux trois zones. Pour les lycéens et les collégiens, les congés printaniers devraient également être suivis d’une dernière semaine de cours à distance.
Un casse-tête gigantesque pour les parents concernés, qui voient revenir planer l’ombre du premier confinement de mars 2020. Car même si des dispositions ont été prises pour aider celles et ceux contraints de demander le chômage partiel pour s’occuper de leur progéniture, il reste une zone de flou que le gouvernement ne semble pas avoir anticiper : les parents en télétravail, mesure par ailleurs préconisée par le gouvernement. Le ministère du travail doit préciser dans les prochaines heures les conditions d’aide à ces parents en détresse.
Car, au cas où il faille le rappeler à certains – notamment au député Bruno Questel qui ne semblait pas voir le problème sur le plateau de BFM TV ce 31 mars – il est tout simplement impossible de cumuler un emploi, l’éducation scolaire de ses enfants et une vie de famille, tout ça en une seule journée et au même endroit. Encore plus d’ailleurs, si cette journée est amenée à se répéter…
Des mamans au bord de la crise de nerfs ont accepté de nous raconter comment elles ont pris la nouvelle et comptent s’organiser pour les prochaines semaines.
“On serre les dents […] mais ce n’est pas une solution viable sur le long terme”
Marie-Amélie, cheffe de service dans un quotidien national, maman de deux enfants de 4 et 7 ans
« Je m’attendais à cette annonce, donc ce n’est pas vraiment une surprise. Nous allons devoir nous organiser, un peu comme pour le premier confinement de l’an dernier. Heureusement, je peux décaler mes horaires et mon conjoint aussi, ce qui nous permet de partager équitablement : l’un travaille très tôt le matin et prend en charge les enfants l’après-midi, et vice versa. Et puis, nous pouvons rebosser tous les deux une fois que les enfants sont couchés. Comme ce sont les vacances, nous allons aussi pouvoir poser une semaine de congés chacun. Évidemment, pour la vie de famille, ça risque d’être compliqué puisque les moments à quatre vont se faire très rares.
Je crains aussi pour la fatigue accumulée. Parce que devoir gérer les enfants, ce qu’ils doivent apprendre, mais aussi la maison, le rangement et le travail : c’est un peu devoir faire rentrer deux journées en une seule.
Je crains aussi pour la fatigue accumulée. Parce que devoir gérer les enfants, ce qu’ils doivent apprendre, mais aussi la maison, le rangement et le travail : c’est un peu devoir faire rentrer deux journées en une seule. C’est éreintant. L’an dernier, à la fin du premier confinement, j’étais sur les rotules. Et encore, je sais que je suis chanceuse quelque part : leurs maîtresses sont au taquet, aucun d’entre eux n’a de vraies difficultés scolaires…
Par contre, je n’ose pas penser au fait que ça puisse se prolonger. Nos solutions sont clairement temporaires, comme des patchs. On serre les dents trois semaines, on fait ce qu’il faut, mais ce n’est pas une solution viable sur le long terme. »
“Ça risque d’être sport”
Anne, community manager, maman d’un enfant de 18 mois
« La crèche de mon fils va fermer. L’annonce m’a clairement sapé le moral et m’a rendue anxieuse. Pourquoi ? Parce que j’ai su instantanément que j’allais devoir une nouvelle fois demander de l’aide à mes parents. Ils sont vraiment adorables, ce n’est pas le problème, mais ça m’ennuie de devoir encore leur demander de nous dépanner. Cerise sur le gâteau, mon grand frère n’est pas très à l’aise à l’idée que nos parents soient en contact avec un bébé, du fait de la contagiosité du virus. Cela crée des tensions dans la famille. Mais bon, mes parents n’ont pas l’air très inquiets.
L’idée, c’est qu’ils gardent mon fils le matin, qu’on le récupère au moment de sa sieste et que le papa s’en occupe entre la fin de la sieste et le début de soirée pour que je puisse bosser, et ça, les jours où il est en chômage partiel.
Pour les 2 ou 3 jours par semaine où il travaille, je vais devoir prendre le relais dès la fin de sa sieste. Ça risque d’être sport. Si ça dure plus longtemps ? Je verrai en temps voulu. Seul avantage de la période, c’est que j’ai posé pas mal de jours de congés en avril et en mai, on essayera de s’organiser au mieux avec tout ça. »
“J’ai choisi de privilégier ma santé mentale”
Cécile, journaliste freelance, maman d’un enfant de 18 mois
« Je pensais sincèrement que la fermeture de la crèche allait être annoncée lors de la précédente allocution de Jean Castex, donc aucune surprise. Bizarrement, je suis assez sereine : j’ai décidé de lâcher l’affaire. Alors que l’an dernier, je m’étais mis la rate au court-bouillon pour tout mener de front, cette fois-ci, j’ai choisi de privilégier ma santé mentale.
J’ai quelques articles à rendre, mais j’ai décidé de ne pas en proposer d’autres. Je perds forcément de l’argent mais je gagne en sérénité. Comme j’ai fait une préparation mentale depuis plusieurs semaines, cela ne me stresse pas plus que ça. Ce que j’ai compris du confinement strict de l’an dernier, c’est que mon énergie n’est pas inépuisable.
De temps en temps, j’ai un sursaut qui me fait culpabiliser un peu : m’en remettre à mon partenaire pour rapporter de l’argent pour le foyer, c’est quelque chose qui n’est pas du tout dans ma vision de la vie. Mais vu les circonstances, tant pis. Et puis, je sais au fond que si j’étais moi-même sur une mission, il se serait mis en stand by sans sourciller.
Cette année aussi, je ne me sens pas complètement seule : on a des nouveaux voisins vraiment très sympas qui se retrouvent dans la même situation avec leurs enfants à la maison. On sait les uns les autres qu’au besoin, on peut se solliciter. En attendant, je vais profiter de cette parenthèse pour passer du temps avec mon fils.
Par contre, si cette période est prolongée, il faudra qu’on se réorganise. J’ai anticipé pour pouvoir m’arrêter trois semaines, mais je ne pourrais pas tenir plus longtemps sans travailler. »
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