Fausse route : qu’est-ce que c’est et comment l’éviter ?

Quand on « avale de travers », on fait en réalité une fausse route. Le point avec une infirmière sur les bons gestes à adopter.

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Qu’est-ce qu’une fausse route ?

Première chose à savoir : au fond de la gorge se rejoignent deux  » tuyaux « . Le premier (l’œsophage) sert à acheminer la nourriture depuis la bouche jusqu’à l’estomac ; le second (le larynx suivi de la trachée) permet de conduire l’air, inhalé depuis la bouche et le nez, vers les poumons. Leur  » point de rencontre  » est appelé  » carrefour aérodigestif « .

 » Lorsque vous déglutissez, un réflexe naturel se met en place : un petit cartilage (l’épiglotte) ferme votre larynx pour empêcher que la nourriture et l’eau n’aillent dans les voies respiratoires  » explique Clothilde Dollard, infirmière.

On parle de fausse route lorsque, malgré ce réflexe naturel, une petite quantité d’eau et/ou de nourriture (une miette de pain, par exemple) se retrouve dans la trachée :  » dans le langage courant, on dit qu’on avale de travers  » précise l’experte.

Fausse route : elle peut être plus ou moins grave

 » La fausse route correspond à une obstruction partielle de la trachée : dans la majorité des cas, elle est bénigne et l’indésirable (miette de pain, goutte d’eau…) qui se trouve dans les voies aériennes sera naturellement détruit par l’organisme  » explique Clothilde Dollard.

La fausse route (lorsqu’elle correspond à une obstruction partielle, donc bénigne) se manifeste à travers une toux :  » la toux est parfois importante, impressionnante, et elle sert à favoriser l’évacuation des particules passées dans la trachée, note l’infirmière. Elle peut durer plusieurs minutes. « 

Lorsque l’obstruction est totale, la fausse route est beaucoup plus grave :  » cela signifie que la trachée est complètement bloquée (généralement : par un aliment ou un corps étranger – une bille, un jouet…), l’air ne peut plus circuler, le risque de décès est réel, c’est une situation d’urgence vitale  » souligne l’experte.

En cas d’obstruction totale, il n’y a pas de toux :  » la personne n’est pas capable de tousser car l’air ne circule plus. La personne va avoir tendance à se lever, à porter les mains à la poitrine, à ouvrir grand la bouche pour chercher de l’air… « 

Fausse route : comment réagir ?

  • La fausse route avec obstruction partielle

 » En cas de fausse route avec obstruction partielle, la personne tousse, insiste Clothilde Dollard. C’est bon signe, cela signifie que le flux d’air n’est pas totalement interrompu. « 

Le conseil de l’infirmière :  » laissez tousser la personne, même si vous avez l’impression que cela dure longtemps (1-2 minutes), car la situation rentre généralement dans l’ordre spontanément. Rassurez la personne et restez à ses côtés. « 

Fausse route avec obstruction partielle : ce qu’il ne faut pas faire. Pas question de faire boire la personne qui fait une fausse route : l’eau ingérée pourrait aggraver la situation.  » Il n’est pas non plus utile de taper dans le dos de la personne qui a  » avalé de travers  » : la situation peut même empirer et se transformer en obstruction totale (gravissime) si l’obstacle se déplace pour boucher totalement la trachée  » précise l’experte. La meilleure réaction reste donc d’attendre que ça passe…

  • La fausse route avec obstruction totale

On le dit, on le répète : la fausse route avec obstruction totale constitue une urgence vitale.  » L’absence de toux doit vraiment inquiéter : si la personne ne tousse pas, ne parle pas, ne pleure pas, qu’aucun son ne sort de sa bouche (pas même un sifflement), qu’elle semble chercher de l’air… Il est indispensable d’appeler les secours (15, 18 ou 112 sur le téléphone)  » affirme Clothilde Dollard.

En attendant les secours, on pratique la manœuvre de Heimlich – sans attendre !

  • Étape 1 : on donne 5 claques  » assez vigoureuses  » entre les deux omoplates de la personne «  pour déclencher un réflexe de toux et faire sortir l’obstacle des voies aériennes  » explique l’infirmière.
  • Étape 2 : on se place derrière la personne, on vient entourer sa taille avec ses bras, on place une main en poing entre le nombril et le sternum, l’autre main par dessus la première. On effectue une compression en ramenant les mains vers nous, tout en remontant sous le sternum. On répète 5 fois. L’objectif :  » prendre le relais du diaphragme pour pomper l’air et faire évacuer le corps étranger « .

On alterne l’étape 1 et l’étape 2 jusqu’à l’arrivée des secours.  » Si la personne est inconsciente, on passe à un massage cardiaque  » indique Clothilde Dollard.

Fausse route : comment l’éviter ?

À savoir. La fausse route (totale ou partielle) peut survenir chez tout le monde, à tout âge, mais surtout à l’occasion des repas.

 » Certaines personnes présentent un risque accru d’obstruction totale : ce sont notamment les personnes qui souffrent de maladies neurologiques avec des troubles de la déglutition (sclérose en plaques, par exemple), les personnes qui ont des séquelles d’accident vasculaire cérébral (AVC), les personnes qui souffrent d’un cancer ORL, les personnes qui ont subi une chirurgie de la gorge, les personnes qui ont souffert d’un traumatisme crânien, et bien sûr les jeunes enfants qui portent beaucoup de choses à la bouche  » précise l’infirmière.

Pour les personnes qui ont un risque accru de fausse route, Clothilde Dollard conseille de privilégier l’eau pétillante par rapport à l’eau plate ( » elle est plus difficile à  » avaler de travers «  « ), de bien mâcher les aliments ( » prenez votre temps à table « ) et de faire attention aux aliments pâteux ( » qui peuvent être à l’origine d’une fausse route « ).

Merci à Clothilde Dollard, infirmière de coordination pour Libheros.

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