"Faire ce métier sans un petit frisson, une larme à l’oeil, c’est ne pas le respecter" : après 60 ans de carrière, Sheila sort un nouvel album
Ludo est décédé d’une overdose à 42 ans et vous souhaitiez qu’on ne dise pas n’importe quoi sur votre fils.
Ludo était un cœur sur pattes, un garçon formidable.
à franceinfo
Oui, j’en ai assez. Cela va faire quatre ans au mois de juillet qu’il est parti. Il n’a pas choisi la bonne route. Mais moi, j’interdis qu’on le juge. Ludo, il est dans la lumière. Je veux qu’on respecte le fait qu’il est là-haut et qu’on arrête de bavasser sur lui en racontant ou inventant toutes sortes de mensonges, juste parce que c’est le fils de Sheila. Ça m’énerve.
Vous êtes indissociable d’une rumeur, celle d’être un homme. Vous en avez fait une chanson dans cet album La rumeur. Elle vous a poursuivie pendant très longtemps et part d’une interview dans laquelle vous dites : « Je prends des hormones, je suis fatiguée… »
J’avais un problème de santé. C’est Gérard de Villiers qui a fait l’article, mais j’ai découvert il n’y a pas très longtemps qu’en réalité lui et Claude Carrère disaient : « Elle se transforme en homme« . Aujourd’hui, on se dit « Mais qu’est-ce que c’est que cette bêtise ? » Oui, mais non, ce n’est pas comme ça que ça se passe. Quand j’étais enceinte, je me cachais parce que si j’allais chez le coiffeur par exemple, il y avait une bonne femme qui parlait un peu fort et disait : « Tout le monde le sait, elle a une poche d’eau de mer sous la peau du ventre« . Moi, j’ai des blessures qui ne partiront jamais. Ils ont pourri la vie de mes parents. Ils ont pourri la vie de mon môme. J’ai caché Ludo pendant toute sa jeunesse parce que je voulais le protéger. Et au bout du compte, je pense qu’ils ont pourri une vie. Ils ont blessé tous les gens qui m’aiment et ça, je ne supporte pas.
C’était un énorme pari que de partir aux Etats-Unis. Très peu de Françaises ont osé partir là-bas et vous, vous avez eu une carrière qui a très bien fonctionné.
Quand je suis partie et que Spacer était un succès dans le monde, j’ai réalisé en réalité que j’étais pleine de lacunes. C’est-à-dire que j’étais Sheila, c’était génial, en place, très bien fait, mais moi, en tant qu’Annie, j’étais juste une belle machine. Et ce métier, pour moi, ce n’est pas ça. Pour moi, ce métier, c’est tant que tu n’as pas le petit frisson, une larme à l’œil, ou un truc, c’est ne pas le respecter.
Est-ce que votre force ne se situe pas dans cette capacité que vous avez eu à chaque fois à monter sur le ring, à proposer autre chose ?
J’ai envie d’aller me frotter à d’autres choses.
à franceinfo
Ça peut être du théâtre, une comédie musicale. Ma vie est tellement chargée et pleine de choses dont j’ai envie. Comme je suis très jeune, j’ai encore quelques espoirs ! J’ai arrêté neuf ans, compris ce que c’était que le show-business, fait une septicémie et failli mourir… Maintenant, je regarde la vie différemment.
Ça vous a permis aussi de revenir à l’essentiel ?
Oui, mais ça m’a permis de regarder ma vie aussi. Bien sûr, ce sont des paillettes, mais c’est aussi de la solitude, des pertes qui ne sont juste pas qualifiables. Vous vous dites quand même, Annie est détruite à cause de cette situation, mais Sheila, ça aide Annie à être debout et Annie a fait vivre Sheila. C’est un truc très compliqué ! En réalité, j’ai fait un peu la synthèse de tout ça et ça me fait me tenir debout. Les deux ont commencé à faire la paix en réalité. .
Pour souffler vos 60 bougies, rendez-vous sur scène les 11 et 12 novembre 2022 à Pleyel et on attend aussi les dates de la tournée !
Il y a des couples qui ne tiennent pas 60 ans. Moi, ça fait 60 ans que je partage ma vie avec les gens. C’est le plus beau cadeau. Donc, je peux vous dire qu’on va swinguer le blues…
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