Et au milieu coule une rivière : la scène culte où Norman est témoin de la perfection de son frère Paul
Après des années de négociation, Robert Redford parvient à adapter La Rivière du sixième jour (1976), roman semi-autobiographique de Norman Maclean. En découle Et au milieu coule une rivière (1992), tourné dans le Montana.
Et au milieu coule une rivière est rediffusé sur France 5 le 11 janvier, à 20h50.
Trente ans après sa sortie, il demeure un film mythique pour les amoureux de la nature, mais aussi, un magnifique récit de vie, celui d’une famille américaine du début du siècle. C’est aussi l’un des films qui a marqué la carrière de Brad Pitt.
La passion de la pêche à la mouche
Au début du XXe siècle, Norman (Craig Sheffer) et Paul Maclean (Brad Pitt) grandissent dans une famille marquée par l’autorité de leur père pasteur, à Missoula, dans le Montana. Très vite, la tradition familiale veut qu’ils passent leurs week-ends au bord de la rivière Blackfoot, pour maîtriser les rudiments de la pêche à la mouche.
La voix du narrateur Norman (Robert Redford dans la version originale) commence le récit, alors que lui et Paul sont encore des jeunes enfants. À cette période déjà, chacun affiche un caractère bien différent. Norman (joué par Joseph Gordon-Levitt, pour sa toute première apparition au cinéma), l’aîné, est le sérieux, Paul, le comique.
Attention, cette scène intervient dans la dernière partie du film, et la suite de l’article contient des spoilers.
La beauté du moment retrouvé
Tout oppose les deux frères Maclean. Une fois adulte, Norman part faire ses études à l’université de Dartmouth, à l’autre bout du pays. Paul décide quant à lui de rester à Missoula, dans son Montana natal.
Après plus de six ans de séparation, le frère aîné Norman fait son retour pendant l’entre-deux-guerre, avec l’envie de devenir professeur de littérature anglaise. Le cadet occupe désormais un poste au journal local et passe ses soirées dans des bars clandestins.
Pendant cette absence, tout a changé, et les deux frères ont pris des chemins différents. L’un est resté discret et bon élève, l’autre, à l’aise avec tout le monde et aimant se faire remarquer. Au-delà de leurs différences, une passion les unit depuis toujours : la pêche à la mouche. Plus qu’une passion, c’est un lien social et familial, inculqué par leur père.
Alors, après des années de séparation, ils décident de partir pêcher en famille. Tout est presque pareil. Le père Maclean a pris de l’âge et ne peut plus s’aventurer de façon intrépide au bord de la rivière, mais ses fils, oui. Norman, parti longtemps, n’a pas perdu son talent de pêcheur à la mouche. Paul le cultive depuis plusieurs années.
Dans cette scène, c’est Paul qui va impressionner son grand frère, et leur père, avec sa persévérance. Durant quelques minutes, pas de dialogue, juste un moment époustouflant. Pour ne pas lâcher sa prise et être sûr d’attraper le poisson qui a mordu à son hameçon, le jeune Maclean se laisse porter par le courant, tout en tenant sa canne à pêche.
Pendant quelques secondes, sa tête disparaît sous l’eau. On croirait presque ne pas le revoir. Et puis, il réapparaît, tenant toujours vigoureusement sa canne à pêche. Norman et leur père regardent fièrement la scène avant de le rejoindre.
Le moment parfait ne dure pas
Sorti de l’eau, Paul brandit sa prise, un énorme poisson. « Incroyable ! », lance Norman. « À ce moment-là, je savais clairement que j’étais témoin de la perfection », poursuit le narrateur.
« Plus que trois ans et je penserai comme un poisson », lance fièrement Paul. Impossible d’enlever le sourire qui pend aux lèvres du camp Maclean, immortalisant la scène en photo pour la mère absente.
Mon frère s’est tenu devant nous, non pas sur une rive de la rivière Big Blackfoot, mais suspendu au-dessus de la Terre, libre de toutes ses lois, comme une œuvre d’art.
Le narrateur poursuit : « Mon frère s’est tenu devant nous, non pas sur une rive de la rivière Big Blackfoot, mais suspendu au-dessus de la Terre, libre de toutes ses lois, comme une œuvre d’art. Et je savais de façon aussi sûre et claire que la vie n’est pas une œuvre d’art et que le moment ne pouvait pas durer. »
Et Norman le savait. Dans la scène suivante, il apprend la mort de son frère, tabassé à mort dans une ruelle.
Outre ses magnifiques images, et la question de l’attachement aux terres natales, Et au milieu coule une rivière est un film sur le fait d’être une famille en dépit des différends. S’il est parfois compliqué de comprendre les êtres les plus proches, l’amour qu’on leur porte reste intact.
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