Epargne solidaire, c’est pour moi ?

Les produits d’épargne destinés à financer des projets sociaux ou environnementaux se multiplient. Mode d’emploi.

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Contribuer à favoriser l’emploi ou le logement des personnes en difficultés, financer des associations, des projets d’aide au développement ou environnementaux, c’est ce que permet l’épargne solidaire. Plus de 800 000 nouveaux placements de ce type ont été souscrits l’an dernier par les Français, selon l’association Finansol, qui fédère les acteurs de ce secteur. C’est presque deux fois plus qu’en 2018. « Depuis la crise de 2008, les épargnants s’intéressent davantage à ce que devient leur argent », relève Bernard Horenbeek, président du directoire de la Nef, une société financière pionnière de l’épargne solidaire. « Et cette tendance s’est accentuée depuis le confinement ».

LDDS, solidaire et exonéré d’impôt

Si vous ne devez posséder qu’un seul produit d’épargne solidaire, c’est celui-ci. Depuis le 1er octobre, toutes les banques qui distribuent le Livret Développement durable et solidaire (LDDS, ex Codevi) doivent proposer aux souscripteurs d’en partager les intérêts avec une ou plusieurs associations. Cette possibilité est ouverte aux détenteurs d’un livret déjà ouvert comme aux nouveaux souscripteurs. Chaque banque est tenue de présenter à ses clients une liste d’au moins dix associations bénéficiaires. Il est possible de verser jusqu’à 12 000 € sur ce livret, qui rapporte 0,5% (comme le Livret A), exonérés d’impôt et de prélèvements sociaux. Une bonne nouvelle pour l’économie solidaire, compte tenu des 120 milliards d’euros déposés par les Français sur le LDDS.

Une foule de livrets

Près d’un tiers de l’épargne solidaire est placée sur des livrets spécialement conçus par les établissements financiers. Comme dans le cas du LDDS, cette formule garantie en capital leur permet de donner tout ou partie des intérêts à une ou plusieurs associations listées par l’établissement. C’est le cas du Livret Agir, du Crédit coopératif, du Livret Nef, du livret Epargne Autrement de la Maif, ou encore, à la Société générale, des livrets pour lesquels vous activez le service « épargne solidaire ». Les rémunérations sont un peu plus généreuses que sur d’autres livrets bancaires : 0,90% jusqu’à 5 000 € à la Maif, 0,75% jusqu’à 15 300 € au Crédit coopératif… Ces rendements séduisent un nombre croissant d’épargnants. Mais les intérêts sont soumis à l’impôt : 17,2% de prélèvement sociaux auxquels s’ajoutent 12,8% d’impôt sur les intérêts que vous conservez, et seulement 5% sur ceux que vous cédez. Une consolation : les intérêts donnés sont éligibles à une réduction d’impôt, de 75 ou 66% selon les cas.

Une épargne salariale généreuse

Les salariés qui bénéficient d’un dispositif d’épargne salariale peuvent eux aussi opter pour un choix généreux. D’ailleurs plus de 60% des placements solidaires proposés sur le marché sont des fonds destinés à accueillir les sommes versées aux salariés au titre de la participation et de l’intéressement, notamment dans le cadre des plans d’épargne d’entreprise (PEE). « Depuis plus de dix ans, tous ces plans d’épargne doivent proposer au moins un fonds solidaire, et 10% des salariés ont choisi de le souscrire », souligne Patrick Sapy, directeur de Finansol. Ces fonds, investis en Bourse, utilisent 5% à 10% de leurs avoirs pour financer des entreprises de l’économie sociale et solidaire, par exemple des sociétés qui achètent des immeubles pour les louer aux ménages en difficulté, qui aident de jeunes agriculteurs à s’installer en bio, ou encore des entreprises de réinsertion. « Ces 5% à 10% solidaires rapportent un peu (des intérêts autour de 1% par exemple), mais ne subissent pas les aléas boursiers. C’est pourquoi ces fonds résistent bien quand les marchés financiers sont chahutés, mais progressent moins vite que d’autres quand la Bourse s’envole », ajoute Patrick Sapy.

Un label pour ne pas se tromper

En France, l’association Finansol représente l’ensemble des acteurs de la finance solidaire. Sa mission est de promouvoir et de développer la solidarité dans la finance et l’épargne. Pour aider les investisseurs et les particuliers à identifier facilement les placements solidaires, elle attribue un label à ceux qui répondent à ses critères exigeants. Toutefois, l’attribution de cette marque de qualité repose sur une démarche volontaire de l’établissement financier, qui doit demander à l’association d’évaluer ses placements. Aujourd’hui, 159 produits d’épargne bénéficient de ce label (finansol.org).

Des plateformes pour agir en direct

Vous préférez choisir vous-même des projets solidaires ? Outre ceux qui peuvent être présentés sur les plateformes de financement participatif (crowdfunding) comme KissKissBankBank ou Ulule, Finansol a labellisé le portefeuille électronique de la plateforme Lita.co, grâce à laquelle vous investissez dans des projets qui aident à la transition écologique, à l’éducation, à l’accès à l’emploi, etc., en achetant des actions, des obligations ou des titres participatifs. Mais attention, il ne peut pas y avoir de garanties en capital sur ces investissements à la rémunération très variable, et vous pouvez donc perdre votre mise si le projet échoue.

Les banques s’y mettent

Des cartes bancaires utiles sont maintenant proposées par certaines banques. Ainsi, pour chaque retrait avec sa carte Agir, le Crédit coopératif reverse au moins 5 centimes à une association. Au Crédit mutuel CIC, la carte Pour les autres vous permet de faire un don pour tout achat audelà d’un certain montant. Même votre compte bancaire peut être mis au diapason : « Avec le compte Agir, vous pouvez choisir le domai ne des actions que la banque finance avec vos dépôts : Planète, Société plus juste, Pour entreprendre », explique Imad Tabet, directeur du marché des particuliers au Crédit coopératif.

L’avis de Patrick Sapy, directeur de Finansol

Jusqu’à présent, très peu d’assureurs proposaient des contrats d’assurance vie solidaires, qui investissent 5 % à 10 % du fonds en euros sur des projets de l’économie sociale et solidaire, ou des unités de compte (Sicav, FCP) sur le même principe. Mais ces pionniers, tels la Maif ou le Crédit agricole (Contrat solidaire), vont être rejoints par tous les autres dès 2022. Car, à cette échéance, tous les contrats d’assurance vie multisupports devront proposer au moins une unité de compte solidaire (en plus des fonds d’investissement socialement responsables, ISR, et des fonds « verts »). Les assureurs travaillent à cette innovation.

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