Enfant hyperactif, qui bouge trop : les médicaments sont-ils la solution ?
L’usage de la Ritaline©, ce médicament prescrit dans les TDAH (trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité), est régulièrement pointée du doigt. Le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre, nous explique dans quels cas ce médicament est utile et efficace.
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Avoir la bougeotte, être incapable de rester assis sur une chaise, ne jamais écouter les autres, ne pas pouvoir participer à un jeu de société, le quotidien peut virer au cauchemar pour un enfant qui souffre d’hyperactivité et pour son entourage. Il existe un médicament connu depuis longtemps, le méthylphénidate, populaire sous son nom commercial de Ritaline©. Il fait régulièrement la polémique. Aux Etats-Unis, 10% des garçons de 10 ans en prendraient. Ils seraient également utilisés par les étudiants pour booster leur performance scolaire. Le méthylphénidate est un psychostimulant cousin de l’amphétamine. Il réduit l’activité motrice et facilite l’attention. « Les études randomisées contre placebo ont prouvé son efficacité dans l’hyperactivité motrice et le déficit de l’attention« , explique le Pr Bruno Falissard. « Cela permet de sortir les parents d’une situation folle« .
Un médicament qui traite mais qui ne guérit pas
Ce médicament traite les symptômes mais ne guérit pas. A l’arrêt du traitement, les troubles reviennent. Pour autant, ce n’est pas un traitement qui se prend à vie. « Spontanément, l’être humain devient moins hyperactif en vieillissant« , remarque le pédopsychiatre. « C’est une évolution naturelle du cerveau. Régulièrement, on arrête le médicament pour voir comment ça se passe. Certains n’ont plus de troubles à l’âge de 10 ans, d’autres à 15 ans, à 18 ans, d’autres devront atteindre 30 ans. Mais on ne peut pas le prévoir. » Les patients peuvent prendre le traitement seulement en période scolaire et stopper le week-end et les vacances. « Comme le médicament est un stimulant, il coupe un peu l’appétit et les parents s’inquiètent des effets sur la courbe de croissance », explique le pédopsychiatre. « En arrêtant le week-end, l’enfant mange normalement et a l’impression de redevenir lui-même.«
Des conséquences à long terme mal connues
« Quels effets a le médicament sur la santé si on le prend 3, 5, 10, 15 ans ? On ne sait pas trop« , avoue le Pr Bruno Falissard. « Est-ce que ça ne pourrait pas interagir avec le développement du cerveau ? C’est une vraie question. D’un autre côté, les hyperactifs sont plus à risque de consommer des drogues (cannabis, cocaïne…), et vraisemblablement, le médicament protège contre cela. Or, on sait que le cannabis et la cocaïne ont des effets négatifs sur le développement cérébral. Si on ne donne plus de traitement, que va-t-il se passer ?« . Le médicament a également des effets potentiels sur le système cardio-vasculaire, « même si les statistiques sont très rassurantes chez l’enfant« , explique le Pr Bruno Falissard.
Pas chez tous les hyperactifs
L’hyperactivité avec trouble de déficit de l’attention touche 0,5% à 1% des garçons. « On ne donne le traitement que si en l’absence de celui-ci, la souffrance est trop grande pour l’enfant« . Dans ce cas-là, « le médicament est indispensable, sinon, on ne lui donne pas tous les moyens de se construire comme un être humain. Apprendre à lire et à écrire, accéder à la littérature, jouer avec ses camarades… » Grâce au traitement, l’enfant peut s’intégrer en classe et avec les autres. Ses notes remontent et sa confiance en lui aussi.
Mais ce médicament n’est pas destiné à tous les enfants qui bougent trop (5 à 10% des garçons). Face à des difficultés de concentration ou un trait d’hyperactivité, les parents n’hésitent plus à consulter. « On a le droit d’être turbulent, ce n’est pas pour cela qu’il faut aller voir un psychiatre« , explique le Pr Bruno Falissard. « Notre métier n’est pas de donner des médicaments pour que les enfants soient sages à l’école. » Avec la pression aux résultats scolaires, la tentation est grande de prendre un traitement pour mieux réussir. « Mon rôle est alors d’expliquer : je comprends, il bouge beaucoup, mais je ne vais pas prescrire, on va plutôt discuter des aménagements possibles à l’école et à la maison« .
Les solutions non médicamenteuses pour les enfants qui bougent trop
- Limiter les écrans le soir
- Pratiquer un sport. Le rugby, le judo sont des sports où l’enfant se défoule tout en respectant l’autre, il faut suivre les règles.
- Contenir l’enfant. « Plutôt que d’argumenter, on sait qu’il vaut mieux le toucher, le prendre par l’épaule : écoute maintenant, tu te calmes. Il faut être cadrant et éviter de s’énerver soi-même« , conseille le spécialiste.
- Tolérer qu’il ne va pas rester assis à table très longtemps, qu’il est différent et qu’il a besoin de bouger.
- Trouver des aménagements en classe : être assis devant plutôt qu’au fond de la classe, être seul à une table, s’assoir sur un coussin à picot. Fragmenter les taches et le laisser aller prendre un livre s’il a besoin d’une pause.
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A lire : Soigner la souffrance psychique des enfants, Pr Bruno Falissard, ed. Odile Jacob
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