Emballages plastiques : un plan mais pas de sanctions pour s'en débarrasser en France
Pots de yaourt, enveloppes de charcuterie: même jetés dans les bacs jaunes de tri, ils ne sont quasiment jamais recyclés. Pour tenter de déplastifier sa consommation, la France se dote d’une feuille de route visant à réduire de 20% les emballages plastique à usage unique d’ici fin 2025, dont la portée est critiquée par le mouvement associatif.
Un décret, baptisé « 3R » (Réduire, réemployer, recycler) publié le 30 avril par le ministère de la Transition écologique, fixe le cap en rappelant l’objectif final, sortir totalement des emballages plastique à usage unique en 2040, fixé par une loi de février 2020.
« Tendre » vers la réduction des emballages plastiques d’ici 2025
Le décret concerne tous les produits et tous les types d’emballages plastiques, ménagers, industriels ou commerciaux, y compris ceux qualifiés de biodégradables ou biosourcés.
Au total, les tubes de dentifrice, bidons de lessive, barquettes de fruits et l’ensemble des emballages en plastique représentent en France quelque 2,2 millions de tonnes mis sur le marché chaque année.
Mais, alors que la loi de 2020 visait une interdiction totale en 2040, le décret d’application semble en assouplir un peu la portée : il parle de « tendre » vers une « réduction de 100% des emballages en plastique à usage unique jugés inutiles comme les blisters plastiques autour des piles ou des ampoules, d’ici 2025 ».
Accélérer le recyclage
Le décret incite aussi au réemploi, deuxième R du décret, quasiment inexistant en France.
Pour ce qui est des pots de yaourt, très consommés en France mais en réalité quasiment jamais recyclés ni réutilisés même s’ils sont collectés dans les bacs de tri, plusieurs industriels ont montré récemment des projets de réemploi en boucle fermée (réutilisation de pots de yaourt pour du yaourt), selon le ministère, qui ne s’attend toutefois pas à ce que la filière soit opérationnelle avant 2025.
Pour ce qui est du troisième R (Recyclage), durant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis d’arriver à 100% de recyclage des plastiques d’ici 2025 en France.
Or, le décret ne prévoit que de « tendre » vers 100% de recyclage des seuls emballages en plastique à usage unique « d’ici le 1er janvier 2025 », ce qui passe par l’obligation de mettre sur le marché des matériaux recyclables.
Le taux de recyclage des emballages plastiques étant très bas actuellement en France, à 27% seulement, la marge d’amélioration reste conséquente, seules les bouteilles plastique étant effectivement correctement recyclées.
Sans contrôle ni sanction
L’ONG Zero Waste s’est déclarée mardi « très déçue » par ce décret, très attendu, qu’elle a qualifié « d’incantatoire ». Pas de contrôle ni de sanction, pas de quota par secteur… « Cela donne une déresponsabilisation par des objectifs fixés à tous », dit à l’AFP Alice El Fassi, responsable juridique de l’ONG.
« Il stipule des objectifs par tonnage. Or mettre des objectifs par tonnage, cela peut signifier alléger par des plastiques plus souples et plus légers mais pas forcement mieux recyclables ! » ajoute-t-elle.
Ce décret « s’inscrit dans les limites de la loi et du droit européen » indique-t-on au ministère pour expliquer l’absence de sanctions prévues contre les industriels. « Mais des incitations financières » pourront intervenir, ajoute-t-on.
En l’absence de données précises sur les volumes de plastique utilisés par l’industrie et le commerce chaque année, le ministère compte sur un « observatoire du réemploi » que va mettre en place l’Ademe, pour comptabiliser les progrès accomplis.
L’objectif est de réaliser un premier bilan d’étape quantitatif au 31 décembre 2023, précise une source au ministère.
Si les ONG trouvent que le mouvement ne va pas assez vite, le conseil national de l’emballage a de son côté publié un document de 20 pages intitulé « pourquoi s’emballer ? », rappelant que « l’emballage est indispensable pour réaliser certains produits », « pour des raisons technologiques, réglementaires ou autres »: il cite pêle-mêle les fromages industriels à tartiner ou « sous sac d’affinage » comme l’emmental, les pâtisseries cuites dans leur moule de cuisson, le Champagne ou le Cognac.
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