"Elle n'est pas responsable des horreurs commises par son père" : des personnalités à la rescousse d’Audrey Pulvar

Des personnalités de tous bords ont défendu la candidate socialiste à la présidence de l’Île-de-France, à qui certains reprochent d’avoir tu les actes de son père. Figure du syndicalisme martiniquais décédé en 2008, ce dernier est accusé par trois cousines d’Audrey Pulvar d’actes pédocriminels.

«Audrey Pulvar n’est pas son père», titre Libération dans un billet publié le dimanche 7 février. La journaliste Aude Massiot y déplore les réactions de certains médias aux allégations formulées à l’encontre de Marc Pulvar, le père de la candidate socialiste à la présidence de l’Île-de-France. Figure du syndicalisme martiniquais décédé en 2008, ce dernier est accusé par trois femmes de sa famille – des cousines d’Audrey Pulvar – d’actes pédocriminels. Or, l’ancienne journaliste s’est retrouvée sous les feux des critiques, entre titres accusateurs («Audrey Pulvar : son père accusé de pédophilie, elle savait depuis vingt ans») et articles illustrés par des photos de cette dernière.

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Audrey Pulvar a récemment confié à l’AFP avoir «été mise au courant des crimes commis» par son père «il y a une vingtaine d’années, quand mes cousines nous en ont parlé». «Cela a été un choc très profond pour mes proches et moi, a-t-elle ajouté. Tant qu’elles ne souhaitaient pas s’exprimer publiquement, ce n’était pas à nous, à moi, de nous substituer à leur parole de victimes.» Avant de poursuivre : «Elles sont en mesure et ont décidé de le faire aujourd’hui : je les soutiens pleinement et admire leur courage. Je souhaite qu’elles soient entendues et que leur parole soit respectée».

« C’est odieux et antiféministe »

«Ceux qui accusent à demi-mot Audrey Pulvar d’être coupable d’avoir tu ces horreurs auraient-ils préféré qu’elle bafoue le droit inaliénable d’un(e) survivant(e) de prendre la parole, si elle le veut et quand elle le veut ?», a quant à elle soutenu Aude Massiot dans son article. Des personnalités féminines de tous bords se sont depuis élevées pour défendre l’adjointe à la mairie de Paris. «Dès qu’un homme est accusé de violences sexuelles, certains en profitent pour harceler les femmes de son entourage, a écrit Marlène Schiappa sur son compte Twitter. C’est odieux et antiféministe. Ce n’est pas en insultant @AudreyPulvar ou en la rendant responsable des actes de son père que l’on fera progresser la lutte.»

Un avis partagé par la présidente de l’Assemblée des femmes, Laurence Rossignol : «Ceux qui tentent d’associer la fille au père sont de méprisables rapaces, a-t-elle lancé. Tout mon soutien à @AudreyPulvar dont les propos sont sans ambiguïtés. Et toute mon affection car un père criminel reste un père, et il faut une sacrée force pour vivre avec un tel fardeau.» La réalisatrice Caroline Fourest a également soutenu l’ex-compagne d’Arnaud Montebourg : «Cette façon de chercher des coupables à la place des coupables devient infernale, s’est-elle indignée. Soutien à @AudreyPulvar et à cette règle : ne pas se substituer à la parole des victimes, mais les soutenir quand elles ont le courage de parler.»

Un dangereux « amalgame »

L’actrice Nadège Beausson-Diagne, qui avait auparavant révélé avoir été victime d’agressions sur deux tournages en Afrique, a souligné combien Audrey Pulvar était «engagée sur la question des violences sexuelles». «Merci encore pour tout ce que tu as fait pour moi et tant d’autres #audreypulvar», a-t-elle déclaré. «Un enfant n’a pas à assumer de responsabilité pour les actes de ses parents, a quant à elle estimé Stéphanie Atger, députée La République en Marche de la 6e circonscription de l’Essonne. @audreypulvar, que je soutiens, n’a pas à être automatiquement associée à ce qui ne relève pas de son fait.»

Le journaliste Edwy Plenel a de son côté dénoncé un «amalgame». «Audrey Pulvar, candidate aux régionales en Île-de-France, se trouve associée par plusieurs médias aux agressions sexuelles dont est accusé son père, Marc Pulvar, par trois de ses cousines, a-t-il indiqué. Quel rapport ? Elle n’y a aucune responsabilité.» «Ces gens qui chassent en meute et qui aboient sur une femme qui n’est en rien responsable des horreurs commises par son père et qui n’a fait que respecter la volonté des victimes, me dégoûtent», a par ailleurs affirmé l’historienne Elodie Jauneau. La conseillère territoriale Karine Mousseau et ses cousines Barbara Glissant et Valérie Fallourd ont en effet suscité une onde de choc en s’exprimant dans une tribune sur les agressions sexuelles dont elles auraient été victimes durant leur enfance.

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« En finir avec cette héroïsation du personnage »

«À l’âge de 7 et 10 ans, nos routes ont croisé celle d’un homme, ont-elles écrit. On l’encense aujourd’hui encore en Martinique, parce qu’il a été un militant, syndicaliste, défenseur des opprimés.» Avant d’ajouter : «C’était l’oncle de la famille, le favori, adulé déjà, par tous. Une confiance totale, qui dure encore aujourd’hui de manière posthume, et que nous avons décidé de briser, une fois pour toutes.» Et les trois femmes de conclure : «En finir avec cette héroïsation du personnage, ne plus jamais lui rendre un quelconque hommage à l’avenir et désormais penser à lui comme il le mérite : Marc Pulvar, alias Loulou pour les intimes, était un prédateur sexuel.» Professeur de mathématiques, Marc Pulvar est devenu une figure du syndicalisme et de la vie politique martiniquais en créant la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais puis en cofondant le mouvement La Parole au Peuple, devenu par la suite le Mouvement indépendantiste martiniquais.

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