Ecriture inclusive : Blanquer souhaite l’interdire à l’école
L’écriture inclusive, dite "épicène" sera débattue au Sénat le 6 mai. Dans un entretien au JDD, Jean-Michel Blanquer estime que la langue française "ne doit pas être triturée ou abîmée" et que l’écriture inclusive peut représenter un frein dans l’apprentissage. Quelles sont les règles de l’écriture inclusive et que dit la loi ? On vous dit tout.
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Jean-Michel Blanquer, contre l’écriture inclusive à l’école
[Mise à jour du 4 mai à 13h09]. Jean-Michel Blanquer s’est une nouvelle fois exprimé contre l’écriture inclusive, et pour préserver la langue française telle qu’elle est. « Notre langue est le premier trésor français, celui qui nous relie tous et fait notre puissance mondiale » a-t-il déclaré dans un entretien au Journal du Dimanche ce 1er mai. Alors que les sénateurs s’apprêtent à débattre autour de l’écriture inclusive ce 6 mai, le ministre de l’Education nationale a rappelé que la langue française « ne doit pas être triturée ou abîmée ». Il estime également que « mettre des points au milieu des mots est un barrage à la transmission de notre langue pour tous, par exemple pour les élèves dyslexiques« , tout en soulignant le progrès de la féminisation des métiers et fonctions professionnelles. Pour lui, hors de question d’enseigner l’écriture inclusive à l’école. Il a notamment rappelé la circulaire d’Edouard Philippe datant de 2017, qui interdit l’écriture inclusive dans les usages administratifs. « Nous allons clarifier le fait que c’est vrai aussi dans nos usages pédagogiques« , ajoute le ministre de l’Education.
Définition : qu’est-ce que l’écriture inclusive ?
Selon la définition de l’agence de communication Mots-Clés, qui a aussi édité en 2016 le premier manuel sur le sujet, l’écriture inclusive est un « ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes. » Son objectif est d’abolir la règle grammaticale selon laquelle « le masculin l’emporte sur le féminin« , évitant ainsi de discriminer les individus dans la langue, en fonction de leur genre. L’écriture inclusive se propose ainsi de combattre les stéréotypes sexistes et de mettre un terme à la hiérarchisation entre les femmes et les hommes.
Ecriture inclusive : quelles sont les règles ?
L’écriture inclusive est basée sur plusieurs règles :
- Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres. Ex : professeure, présidente, écrivaine, agente etc.
- User du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique (« Tous et toutes » mais « celles et ceux »), l’usage d’un point médiant, ou le recours aux termes épicènes ou neutres (pronom ou d’un adjectif qui ne varient pas selon le genre comme artiste, cadre, membre). Ex : ce·tte, celui·elle, Il·elle, nombreux·ses, acteur·rice·s, ingénieur·e·s, « Ils·elles sont parti·e·s en voyage » des élèves appliqué·e·s.
- Cesser d’employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ». « La graphie » Homme » est problématique, car » Homme » est souvent utilisé comme un masculin générique, par exemple dans l’expression ‘Droits de l’Homme‘ », précise le manuel d’écriture inclusive.
L’écriture inclusive est-elle obligatoire et que dit la loi ?
L’emploi de l’écriture inclusive n’est pas obligatoire, ni à l’école, ni ailleurs. En 2015, le Haut Conseil à l’Egalité a édité un « Guide Pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe ». Parmi ses 10 recommandations, le HCE proposait notamment « d’user du féminin et du masculin dans les messages adressés à tous et toutes« , « d’utiliser l’ordre alphabétique lors d’une énumération », « d’accorder les noms de métiers, titres, grades et fonctions. » De nombreux ministères, des institutions, des collectivités mais également des universités se sont engagés à appliquer ces recommandations. Dans une circulaire diffusée le 21 novembre 2017 sur « les règles de féminisation », l’ancien premier ministre Édouard Philippe avait toutefois « invité » ses ministres, « en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel, à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive ».
L’écriture inclusive est-elle enseignée à l’école ?
Si certains enseignants choisissent d’enseigner l’écriture inclusive à leurs élèves, il s’agit d’un choix personnel et cet apprentissage n’est pas au programme du ministère de l’Éducation nationale. En 2017, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer s’y était d’ailleurs déclaré opposé. « On doit revenir aux fondamentaux sur le vocabulaire et la grammaire, je trouve que ça ajoute une complexité qui n’est pas nécessaire« , avait réagi le ministre sur BFMTV suite à la publication par Hatier d’un manuel scolaire de CE2 en écriture inclusive.
La même année, 314 enseignants du primaire à l’enseignement supérieur avaient publié un manifeste sur Slate dans lequel ils déclaraient « avoir cessé ou (s’)apprêter à cesser d’enseigner » la règle de grammaire « résumée par la formule ‘le masculin l’emporte sur le féminin‘ ». La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes s’était déclarée opposée à la décision de certains enseignants de changer les règles d’accord des adjectifs. « On ne peut pas décider de son propre chef ce qu’on va enseigner ou pas, quelle qu’en soit la raison« , avait-elle expliqué sur France Culture.
Un avis partagé par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, fermement opposée à voir l’écriture inclusive faire son entrée dans les manuels scolaires. « Je ne suis pas une militante de l’écriture inclusive. On a déjà des publics scolaires qui ont des difficultés avec l’orthographe, la lecture et l’écriture. (…) L’écriture inclusive est une démarche élitiste. Ce que je veux, c’est un apprentissage de la lecture et de l’écriture démocratique. », , avait-t-elle expliqué dans le Grand Jury RTL en septembre 2020.
Pour l’heure, l’écriture inclusive n’a toujours pas fait son entrée officielle au sein de l’école publique et son enseignement demeure marginal.
Écriture inclusive à l’école : l’inquiétude des parents d’enfants dyslexiques
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Parmi les parents d’élèves, les avis divergent. Si certains sont radicalement opposés à l’enseignement de l’écriture inclusive à l’école, d’autres sont plus mesurés. En revanche, les parents d’enfants dyslexiques ont exprimé leur inquiétude, estimant que l’écriture inclusive pouvait semer le trouble. Sans y être en aucune façon opposée, la Fédération Française des Dys a publié en septembre 2020 une série de préconisations afin que soient pris en compte les besoin des enfants « dys » dans le cadre de l’enseignement de l’écriture inclusive. L’association explique notamment que « pour les lecteurs débutants, qui n’ont pas automatisé la reconnaissance des mots, et pour lesquels le décodage explicite de chaque syllabe demande un effort considérable d’attention, la perturbation des repères orthographiques, avec l’insertion de ponctuation, va représenter une difficulté supplémentaire. » La Fédération Française des Dys recommande donc, dans un premier temps, de se limiter aux deux premières règles de l’écritures inclusive, mais aussi de « veiller à ne pas exposer les jeunes lecteurs à une écriture inclusive tant qu’ils n’ont pas automatisé la lecture« .
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