"Dry January" : Est-ce réellement efficace d’arrêter l’alcool pendant un mois ?

Lancée en 2014 par le ministère britannique de la Santé et des Affaires sociales, la campagne « Dry January » (ou le #LeDéfiDeJanvier en France) semble convaincre, puisque plusieurs millions de participants à l’échelle mondiale ne consomment pas d’alcool le premier mois de l’année.

Il suffit aussi de jeter un œil sur les réseaux pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. En témoignent les plus de 240.000 publications contenant le #dryjanuary sur Instagram. On y propose des recettes de cocktails sans alcool, des phrases d’encouragement — les « inspirational quotes » — ou encore les bonnes raisons de suivre le mouvement.

Prendre conscience de sa consommation

Selon un rapport de l’OMS, l’alcool tue chaque année dans le monde 3 millions de personnes, soit 1 décès sur 20. Les nombreux ravages de l’abus de boissons alcoolisées ne sont plus à démontrer : problèmes cardiaques, diabète, obésité, cancers, perte de mémoire, réduction de l’espérance de vie… C’est pourquoi prendre la décision d’arrêter de consommer de l’alcool, ne serait-ce qu’un mois, présente plusieurs avantages pour la santé.

Selon George F. Koob, directeur de l’Institut national sur l’abus d’alcool et l’alcoolisme aux États-Unis, interrogé par Self Magazine :

Le principal bénéfice [de] cette abstinence est qu’elle permet à chacun de prendre conscience de la relation que son corps entretient avec l’alcool et de décider ensuite de celle qu’on souhaite avoir. […] Si l’on ne se sentait pas au meilleur de sa forme dernièrement et que cela pouvait être lié à une consommation régulière ou excessive d’alcool, il est intéressant de voir si l’on constate une amélioration de son état (mental, physique, socialement…).

Les bénéfices sur la santé du Dry January

Parmi les nombreux bénéfices constatés après un mois de sobriété, on peut noter que :

  • Vous dormirez mieux. Si les boissons alcoolisées vous assomment et vous aident à vous endormir plus rapidement, vous passez toutefois directement à la phase de sommeil profond. Vous manquez ainsi un cycle complet de sommeil réparateur. Par ailleurs, elles auraient tendance à détruire un neurotransmetteur, le glutamate, qui nous aide à rester éveillés. Et lorsque que le cerveau remarque cette dégradation… il en sécrète encore davantage. Il est enfin toujours préférable de se réveiller sans gueule de bois.
  • Vous aurez une plus belle beau. L’alcool ayant un effet diurétique, il favorise la déshydratation… et la peau n’est exemptée de ces conséquences. Ainsi, elle s’assèche, devient terne, et les ridules se trouvent davantage marquées. Par ailleurs, riche en sucre, le liquide augmente le glucose présent dans votre sang et abîme vos cellules. L’épiderme est moins efficaces contre les agressions extérieures… et laisse apparaître des poussées d’acné. Un mois de sobriété, et vous constaterez donc peut-être une amélioration de sa qualité.
  • Vous serez plus en forme moralement. La consommation régulière d’alcool abaisse les niveaux de sérotonine dans votre cerveau. Certes, à court terme, une bière le soir après le travail à des effets antidépresseurs. Sur la durée toutefois, elle a au contraire l’effet inverse. Si vous souffrez d’anxiété ou de dépression, cet arrêt ne résoudra pas vos problèmes de santé mentale. Mais vous remarquerez sûrement un changement d’humeur, et pourrez identifier des solutions différentes pour affronter vos tracas.
  • Vous pourrez perdre du poids. On le rappelle, une pinte ou un grand de verre de vin contiennent plus de 200 calories — on ne parle même pas là des cocktails et mélanges avec des boissons riches en sucres. Renoncer à ces « calories vides », qui ne vous rassasient en aucune façon, peut ainsi diminuer votre tour de taille. Avec moins de repas “plaisir” de lendemain de soirée, votre alimentation s’améliorera peut-être aussi plus globalement. Surtout que votre glycémie devrait se stabiliser et votre taux de cholestérol diminuer. Au contraire, après un mois, c’est votre porte-monnaie qui devrait prendre quelques kilos.

Les limites du mois de sobriété

Doit-on alors tout miser sur un mois d’abstinence ? Selon le Dr Mark Wright du University Hospital Southampton Foundation Trust (Angleterre), cela ne serait pas la solution idéale sur le long terme. Interrogé par The Telegraph, il estime même que c’est un « leurre ». Pour lui, la perspective de s’arrêter de boire au mois de janvier peut encourager à consommer davantage d’alcool pendant les fêtes, en prévoyance d’une période de privation de début d’année.

C’est comme si on dépensait un maximum d’argent pendant 11 mois en pensant qu’on va régler ses problèmes financiers en vivant comme un ermite pendant un mois ! avertit-il. Cela ne va rien arranger si on reprend ensuite ses mauvaises habitudes dès le mois de février.

Selon lui, le plus efficace est de réduire sa consommation d’alcool tout au long de l’année.

À plus long terme

Un avis que vient nuancer Rajiv Jalan, professeur en hépatologie au University College London (Angleterre). Plus de 30 % des participants à son étude avaient affirmé consommer moins d’alcool après avoir suivi le Dry January. Il est donc vivement conseillé de poursuivre ses efforts au-delà du mois de janvier afin de profiter sur le long terme des bénéfices de l’expérience.

En effet, si vous avez découvert que vous aimiez les avantages de la sobriété, cela peut vous pousser à boire moins. Pour commencer, les médecins recommandent minimum deux jours consécutifs sans alcool par semaine.

Un jeu d’enfant, si vous êtes capables de vous abstenir un mois complet. Et pour ceux pour qui le challenge s’avérerait difficile, l’association Alcool Change propose de télécharger gratuitement une appli qui permet de réussir son Dry January les mains dans les poches.

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