Douleurs chroniques : des solutions par-delà les médicaments !
Elles concernent 30 % des adultes. Le point sur les différentes techniques qui les apaisent.
La douleur chronique, c’est quoi ?
Une douleur qui dure plus de trois mois. Le système cérébral qui la gère se dérègle complètement, ce qui entraîne des symptômes spécifiques. Ainsi une douleur jusqu’alors peu intense augmente en intensité. Une douleur ponctuelle devient permanente. Et résiste aux traitements médicamenteux. La douleur chronique entraîne repli sur soi, anxiété, dépression… Elle a des répercussions importantes sur tous les domaines de la vie.
Les Structures Douleur Chronique (SDC)
Également appelées Centres d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD), elles se nichent au sein des hôpitaux publics et des hôpitaux et cliniques privés. Elles sont essentielles à la prise en charge des douleurs chroniques. Elles proposent une palette de traitements : des médicaments (non dénués d’effets secondaires) aux thérapies complémentaires (acupuncture, hypnose et relaxation qui réduisent le stress et l’anxiété…) en passant par diverses techniques (stimulation magnétique transcrânienne…). C’est le médecin traitant qui oriente vers ces centres.
Neurostimulation électrique transcutanée : un traitement à domicile
Le traitement TENS est réalisé à l’aide d’un appareil. Il est surtout dédié aux douleurs neuropathiques (dues à la lésion d’un ou plusieurs nerfs dans le système nerveux central ou périphérique) mais peut aussi être prescrit en cas de fibromyalgie, lombalgie, endométriose… Principe : on place au niveau de la zone douloureuse des patchs pourvus d’électrodes et reliés à l’appareil, lequel diffuse un courant électrique de faible amplitude. On règle soi-même l’intensité jusqu’à ressentir un léger fourmillement. En stimulant au niveau de la peau les fibres nerveuses intactes du nerf abîmé, on transmet au cerveau un supplément d’information apaisant la douleur. Autre effet bénéfique : la libération d’endorphines, des molécules antidouleur. Il faut renouveler les séances (d’environ 40 minutes) deux fois par jour. La douleur est apaisée dans 70 % des cas. La prescription pour la location de l’appareil est effectuée par les médecins des CETD.
Stimulation magnétique transcrânienne répétée : les bienfaits des champs magnétiques
Cette technique non douloureuse et destinée à toutes les douleurs chroniques est réalisée avec un appareil (sorte de raquette avec deux bobines accolées) pourvu d’un bras articulé. Placé sur le crâne, il diffuse un courant électrique. Ce qui crée un champ magnétique parvenant jusqu’à la zone motrice du cerveau, laquelle est connectée aux différents centres gérant la douleur. Conséquences : la douleur est apaisée. Effectué à l’hôpital ou dans une clinique, le traitement repose sur une phase d’attaque de 10 séances rapprochées. Si les bénéfices thérapeutiques sont au rendez-vous (50 % des cas), on le poursuit à raison d’une séance mensuelle. Avant chaque séance, le médecin réalise un potentiel évoqué moteur (PEM), un examen qui permet de vérifier l’état d’excitabilité du cerveau (un cerveau trop excitable est une contre-indication, en raison du risque de crise d’épilepsie).
Stimulation médullaire : la chirurgie pour les douleurs résistantes
Si cette technique chirurgicale est surtout prescrite aux patients souffrant de douleurs neuropathiques (dont celle due au nerf sciatique), elle a d’autres indications telle une douleur postopératoire au niveau d’une cicatrice. Objectif : stimuler les fibres nerveuses grâce à une électrode placée juste derrière la moelle épinière, afin de parasiter la sensation douloureuse avant que l’information n’arrive au cerveau. Il existe deux modes opératoires : le premier privilégie une électrode percutanée mise en place sous anesthésie locale par un médecin anesthésiste.
Le second implique une électrode large, posée sous anesthésie générale par un neurochirurgien. L’électrode fixée est reliée à un stimulateur implanté sous la peau, en général au niveau du ventre. On peut régler l’intensité du stimulateur. Que ressent-on ? Un léger fourmillement dans la région douloureuse, qui court-circuite l’intensité de la douleur. On obtient des bénéfices dans 75/80 % des cas.
Des patchs qui ont du piquant !
À base de piment, leur mission est de détruire les terminaisons nerveuses douloureuses superficielles. Ils sont dédiés aux douleurs neuropathiques localisées et éloignées des muqueuses. Le traitement se fait à l’hôpital. Les patchs sont posés sur les zones douloureuses pendant 30 à 60 minutes. Les bénéfices durent de 3 à 4 mois. Il faut donc renouveler les séances.
Merci au Pr Jean-Paul Nguyen, médecin algologue et neurochirurgien à la Clinique Bretéché, à Nantes
Et aussi…
Doc santé
Pour une immersion dans le quotidien de ceux qui prennent soin de nous, on regarde le documentaire Nous les soignants, raconté par Marina Foïs et diffusé sur France 3 le mercredi 29 novembre 2023 à 22 h 40.
À lire
Libérons-nous de la douleur, Dr Marc Lévêque, (éd. Buchet-Chastel)
ÉGLANTINE GRIGIS
Source: Lire L’Article Complet