Dons d'organes : le vrai du faux !
Le 22 juin prochain, se déroule la Journée nationale du don d’organes et de tissus. Faites le tri des idées reçues !
• Le don d’organes est impossible au-delà d’un certain âge
Il n’existe pas de contre-indications liées à l’âge. En 2020, les plus de 65 ans représentaient d’ailleurs plus de 40 % des donneurs. Concrètement, même des personnes âgées de 80 ans sont en mesure de donner leurs organes et de sauver des vies. Ce qui importe, c’est la façon dont la personne est décédée et de l’état de ses organes. Exemple : un patient en réanimation sujet à un choc infectieux avec une importante défaillance multi-organes ne pourra pas être prélevé. Après confirmation du décès (par deux médecins), l’équipe médicale évalue au cas par cas la possibilité de prélèvement selon divers critères médicaux et les résultats de tests de dépistage des maladies transmissibles. À noter que les adolescents de plus de 16 ans peuvent donner leurs organes sans l’accord des deux parents. En deçà de cet âge, l’autorisation est obligatoire.
• Nous sommes tous considérés comme des donneurs potentiels
La loi de bioéthique indique en effet que Vrai nous sommes tous présumés donneurs excepté dans le cas où l’on a manifesté son opposition au don d’organes de son vivant. Il existe deux façons de l’exprimer. Primo, en s’inscrivant sur le Registre national des refus géré par l’Agence de la biomédecine. Avant tout prélèvement, l’Agence consulte ce registre. Secundo, en indiquant à ses proches que l’on s’oppose au don de ses organes au moment de sa mort. C’est la raison pour laquelle avant tout prélèvement, les médecins demandent aux proches si la personne décédée a exprimé ou pas un refus de son vivant. Nous sommes 80 % à être favorables au don de nos organes après notre décès. Cependant, seuls 47 % d’entre nous ont exprimé leur position à leurs proches. Or, lorsque les familles se trouvent confrontées à la mort de leur proche (a fortiori lorsqu’il s’agit d’un décès inattendu), sans connaître sa position sur le don d’organes, elles sont plongées dans le doute voire désemparées. Résultat : dans un tiers des cas, elles expriment un refus.
En 2005, Richard Berry a fait don d’un rein à sa sœur. Elle le raconte dans Don de soi, Marie Berry (éditions Michel Lafon).
• Un système de dons croisés a été mis en place pour le don de rein
Exemple : on souhaiterait donner un rein de son vivant à sa femme, son enfant… Problème : la compatibilité (même groupe sanguin et proximité des systèmes HLA, notre carte d’identité génétique) entre donneur et receveur n’est pas optimale. Dans ce cas, le donneur de la famille A donne au receveur B et le donneur de la famille B donne au receveur A. Et pour augmenter les chances de bénéficier d’une greffe de rein, la loi de bioéthique de 2021 autorise l’augmentation du nombre d’appariements : les dons croisés peuvent désormais inclure jusqu’à six paires de donneurs-receveurs. Même si cela reste un peu compliqué à mettre en place, cela ouvre de nouveaux horizons pour les personnes en attente d’une greffe de rein. Vrai
• De son vivant, on peut donner un rein uniquement à un membre de sa famille
Il est possible de donner l’un de ses reins (dans de rares cas, un lobe hépatique), à un proche (ascendants, descendants et fratrie) mais aussi à une personne avec qui l’on entretient un lien affectif étroit et stable depuis deux ans. C’est donc envisageable pour un conjoint, un ami proche, un beau-parent… Les dons du vivant sont très encadrés d’un point de vue juridique : le donneur passe notamment devant le Comité donneur vivant qui s’assure qu’il est bonne santé, qu’il ne subit pas de pression psychologique ni financière, qu’il a bien cerné les enjeux et les risques éventuels de l’intervention… Faux
Merci à Marine Jeantet, directrice générale de l’Agence de la biomédecine.
Une course contre la montre démarre…
… dès le prélèvement d’un organe (reins, cœur, foie, poumons, pancréas…). Le greffon est soumis à une période de conservation à 4°C (ischémie froide). Plus le délai entre le prélèvement et la transplantation est court, meilleures sont les chances de réussite de la greffe. Dans la plupart des cas, les donneurs sont des personnes sujettes à une mort brutale (accident de la route, accident vasculaire cérébral).
Un sujet encore trop tabou
Il n’est pas facile d’évoquer sa position sur le don d’organes, car cela suppose de penser à sa propre mort… et à celle de ceux que l’on chérit. Pourtant, nous sommes tous susceptibles d’avoir à un moment donné besoin d’une greffe de cœur, de poumon, de foie… Un don d’organes permet de sauver jusqu’à six vies. Lors de cette journée du 22 juin prochain, le port du Ruban vert symbolisera à la fois un signe de remerciement à l’attention de tous les donneurs et un signe d’espoir pour les personnes en attente d’une greffe (soit 10 000 nouveaux patients chaque année).
Le respect du corps
L’acte de prélèvement des organes est effectué avec le même soin porté à une personne en vie, ce qui est rassurant pour les proches endeuillés.
Côté chiffres
En 2022, 5 314 personnes ont été sauvées grâce au don d’organes.
Églantine Grigis
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