« Django », un western spaghetti moderne par l’équipe de « Gomorra »

  • Canal+ diffuse ce lundi à 21h les deux premiers épisodes de Django, une série qui s’inspire du western spaghetti culte de Sergio Corbucci.
  • La série se déroule dans une arène inédite, une « ville utopique ».
  • Django, le héros, est un « homme en crise », en quête d’une « seconde chance ».
  • Autre nouveauté, le méchant de Django est un personnage féminin.
  • Comment la série dépoussière le western spaghetti ?

Une source d’inspiration qui semble inépuisable ! Deux ans avant son chef-d’œuvre Le Grand Silence sorti la même année que Le Bon, la Brute et le Truand de son compatriote Sergio Leone, Sergio Corbucci signe en 1966, Django, un western à la sauce spaghetti tourné en Espagne. Après une trentaine suites officieuses, une seule suite officielle et une remise au goût du jour en 2012 par le remake de Quentin Tarantino (Django Unchained), c’est au tour de l’équipe derrière Gomorra, de réinventer ce western à la violence radicale pour une série éponyme en 10 épisodes. On retrouve ainsi Leonardo Fasoli et Maddalina Ravagli au scénario, et Francesca Comencini (la talentueuse fille de l’immense Luigi Comencini) à la réalisation et à la direction artistique. Comment la série Django, diffusée ce lundi à 21h10 sur Canal+, modernise le western à la sauce italienne ?

« Cette nouvelle arène de New Babylon »

L’action de Django se déroule dans la ville de New Babylon, une utopie résultant du chaos de la guerre de Sécession et de sa violence, où les laissés-pour-compte, de toutes origines ethniques, cherchent à créer une société purement égalitaire. C’est dans cette ville de parias que débarque un mystérieux cow-boy solitaire, Django (Matthias Schoenaerts) à la recherche de sa fille perdue, Sarah (Lisa Vicari). « Cette nouvelle arène de New Babylon, on n’est pas sur une ville de western normale, mais vraiment sur un lieu utopique », estime Olivier Bibas, directeur de la Création Originale Canal +, que 20 Minutes a rencontré lors d’une table ronde organisée par la chaîne cryptée.

Un « homme en crise » comme héros

« Le héros Django, merveilleusement interprété par Matthias Schoenaerts, est un antihéros, un étranger, un homme contre le pouvoir, comme dans le film de Corbucci, c’est aussi un homme en crise, qui a été décevant et qui essaye de construire une seconde chance », commente Francesca Comencini.

A présent adulte et sur le point d’épouser John Ellis (Nicholas Pinnock), l’idéaliste qui a fondé New Babylon, Sarah souhaite que Django quitte la ville, craignant que sa présence ne mette en danger la ville qui l’a adoptée. Mais ce dernier ne veut pas la perdre une seconde fois…

Les habitants de New Babylon « doivent bâtir leur communauté, mais cette communauté est pauvre et comme dans de nombreuses utopies, pleine de contradictions. C’est une ville sans règles et où la plupart des personnes vivent de manière hors-la-loi », explique Leonardo Fasoli.

« L’antagoniste est un personnage féminin »

A l’inverse, la ville voisine d’Emdale, dirigée par la tyrannique et puissante Elisabeth Thurman (Noomi Rapace), représente le conservatisme religieux et la menace. « Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est l’inversion des rôles, et notamment le fait que l’antagoniste soit un personnage féminin. Et elle est la plus féroce gardienne d’un ordre patriarcal en étant une femme. Ce renversement est extrêmement intéressant et contemporain », raconte Francesca Comencini.

Les scénaristes se sont inspirés des journaux intimes de personnes partis dans le Far West à la fin du XIXe siècle : « Des personnes qui quittaient une société qui ne leur convenait plus, mais qui ne savaient pas ce qu’ils allaient découvrir en arrivant. Ce que nous avons fait de nos personnages vient directement de ce que nous avons lu dans ses journaux intimes », relate Maddalina Ravagli.

Un western « entre hommage, fidélité et infidélité »

Ce n’est pas en Espagne, mais en Roumanie que Francesca Comencini a trouvé les décors de Django.  « Je me suis appliquée à trouver un univers visuel qui rende hommage aux westerns qui m’ont vraiment formée, ceux des années 1970 de Sam Peckinpah, Sergio Leone et Sergio Corbucci », commente Francesca Comencini. La directrice artistique a cherché « équilibre entre hommage, fidélité et infidélité ».

« Il y a des codes, des moments épiques, des scènes d’action, et des références, presque cachées dans les scènes, aux westerns que j’ai aimés. J’ai essayé de rendre le côté épique et visuel du genre tout en ayant un cœur très intimiste avec un drame familial à l’intérieur. Tous les personnages sont amenés à trouver en eux une sorte de force surhumaine par rapport au monde hostile et dangereux autour d’eux, et aussi par rapport à eux-mêmes et à leur famille », analyse-t-elle.

En résulte une tragédie familiale shakespearienne naviguant entre passé et présent, un récit centré sur l’exploration intime de ses personnages, le tout sur une bande-son électronique. « Il était clair qu’il était impossible d’essayer de refaire du Enio Morricone était impossible. Le groupe Mokadelic revisite le genre avec sa musique électronique qui tient compte de certains thèmes et codes de la musique western, mais d’une autre manière », commente la réalisatrice. Bref, Django dépoussière le western spaghetti, tout en gardant son essence éminemment politique et épique.

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