Deux Iraniennes défient le régime en retirant leur hijab pour les championnats du monde d'échecs

C’est un nouveau pied de nez au régime de Téhéran, mais surtout un acte de bravoure risqué. Sara Khadem, 25 ans, championne d’échecs classée 38e au niveau mondial, notamment considérée comme la meilleurs joueuse d’Iran, s’est faite remarquer aux championnats du monde organisés à Amalty, au Kazakhstan en défiant le régime de son pays.

Au cours du tournoi, écrit The Independent, elle s’est présentée mercredi 28 décembre 2022 les cheveux découvert, sans le hijab imposé aux femmes de son pays par les autorités religieuses.

Un geste en hommage à Mahsa Amini 

Cette entorse au code vestimentaire islamique iranien fait écho à la révolte actuelle dans le pays, mobilisant depuis plusieurs mois la jeunesse et plus particulièrement les femmes iraniennes après la mort de la jeune kurde Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée par la police des moeurs locale pour un voile mal ajusté aux yeux des agents.

Sara Khadem avait déjà reçu un avertissement des autorités iraniennes après s’est opposée au régime qui interdisait aux joueurs d’échecs iraniens d’affronter des joueurs israéliens. Elle avait alors fait l’objet d’une interdiction de voyage.

Une autre joueuse iranienne, qui porte habituellement un foulard sur les cheveux d’après ses photos Instagram, a elle aussi ôté son voile durant la compétition. Atousa Pourkashiyan concourait cependant pour les États-Unis et vit là-bas. Des images des deux courageuses joueuses ont été publiées sur les réseaux sociaux, notamment par Shohreh Bayat, arbitre d’échecs iranienne réfugiée en Angleterre sur Twitter.

Ni l’une ni l’autre n’ont fait de déclarations publics sur leur apparence lors du championnat ou n’ont publié des photos sans hijab sur leurs comptes personnels, mais leur geste a été compris et salué par des internautes du monde entier. Selon The Independent, seuls quelques médias, non contrôlés par le régime, ont relayé l’information en Iran.

Les athlètes iraniennes se dressent contre le régime oppresseur

Depuis le début des manifestations en Iran, d’autres protestations d’athlètes similaires se sont multipliées pour contester l’oppression religieuse exercée sur les Iraniennes. La grimpeuse Elnaz Rekabi, championne d’escalade, avait participé à un match en Corée du Sud avec ses cheveux découverts en octobre dernier.

Face à l’ampleur de la médiatisation de son acte plébiscité par la presse internationale, la jeune femme avait dû présenter ses excuses au régime et assurer qu’elle n’avait fait qu’oublier son voile dans « la précipitation ». Une déclaration qui suscité un certain scepticisme auprès des défenseurs des droits humains. Par ailleurs, d’après les accusations de militants anti-mollahs, début décembre, des forces de l’ordre islamiques fidèles à la dictature cléricale de Téhéran auraient démoli la maison d’Elnaz Rekabi en représailles.

En nombre 2022 également,  une archère de compétition iranienne était apparue sans son hijab lors d’une cérémonie de remise de prix à Téhéran. Parmida Ghasemi avait, elle-aussi, présenté ses excuses à la suite de la médiatisation de l’affaire, assurant qu’elle n’avait aucun problème avec le port du foulard islamique.

Ces volte-faces ne sont pas étonnant puisque les protestations contre le régime religieux sont très violemment réprimés. Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, au moins 476 manifestants ont été tués en Iran depuis le début de la mobilisation, et 100 militants risquent d’être tués. Un nombre sous-estimé selon l’organisation de défenseur des droits.

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