Des étudiantes de l’école des Mines d’Alès dénoncent des agressions sexuelles

« À l’école des mines d’Alès, les violeurs même reconnus coupables peuvent être diplômés. » C’est par ces mots que les étudiantes de l’IMT Mines d’Alès ont choisi de dénoncer les violences sexuelles commises au sein de leur école prestigieuse.

Dans un communiqué publié sur la page Facebook du collectif féministe de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, « Clitoliste », elles font état d’une mauvaise gestion de la situation par la direction de l’établissement. 

Deux procédures judiciaires en cours

Au total, le collectif féministe du campus des Mines d’Alès a comptabilisé dix-sept agressions sexuelles, sept viols et deux procédures judiciaires en cours. « Ce constat accablant est découvert suite au questionnaire réalisé en avril 2020 par la Clitoliste, collectif féministe composé d’étudiantes de l’école », détaillent-elles. « Depuis, que se passe-t-il pour contrer les violences sexuelles et sexistes ? », interroge le collectif dans son communiqué. 

L’ensemble des témoignages anonymes sont visibles sur la page Facebook du collectif, qui en compte 48. Tous sont longs, détaillés et font état de faits ayant eu lieu sur le campus, ou a l’extérieur, dans un contexte de soirées liées à la vie de campus, à l’image du témoignage numéro 46.

« Un copain est venu me voir à plusieurs soirées, quand il était très bourré, pour essayer de m’embrasser », peut-on lire. « À chaque fois, j’ai réussi à l’en empêcher, mais la dernière fois que cela s’est produit, il a tenté de me forcer en me serrant les bras pour m’empêcher de bouger. C’était en sdb, j’avais bu aussi mais j’ai eu très peur parce que j’ai cru que je n’allais pas pouvoir m’en échapper. Les autres fois, je ne lui en avais pas voulu, mais ce soir là un de ses potes était juste à côté, et nous regardait en riant alors que j’essayais de me dégager. Même alcoolisée et de bonne humeur, j’ai pas trouvé ça amusant, parce que ça ne l’était pas. »

Deux étudiants mis à l’écart de l’école, provisoirement

À France Bleu Gard Lozère, le directeur des Mines d’Alès, Thierry de Mazancourt, a expliqué avoir utilisé les témoignages à la rentrée de septembre 2020 pour « sensibiliser les élèves ». « Je leur ai dit que j’allais commencer par leur faire lire le témoignage d’un viol, pour qu’il se rendent compte de la gravité des faits ; ça s’est passé dans l’école », poursuit-il. 

Selon la radio locale, deux étudiants mis en cause par les témoignages ont été écartés de l’école à la suite d’un conseil de discipline, en septembre. Des étudiantes ont porté plainte en 2019, et en 2020, l’une pour agression sexuelle, l’autre pour viol. La plainte pour viol datant de mars 2020 est en cours d’instruction.

Dans leur communiqué, Clitoliste dénonce une « suspension temporaire » décidée par le directeur, alors que les conseils de discipline proposaient une « exclusion définitive ». 

Si aucune action concrète n’est prise, on a un peu peur que les schémas se répètent.

Interrogées par France 2, des membres du collectif pointent du doigt la mauvaise gestion de la situation par la direction de l’école. « Si aucune action concrète n’est prise, on a un peu peur que les schémas se répètent », confie l’une d’elle. À la chaîne de télévision publique, le directeur des Mines d’Alès annonce vouloir changer le règlement intérieur de l’école, pour pouvoir « agir contre des gens qui nuiraient au bon fonctionnement ou à l’image de l’école ».

Les faits n’ont pas été signalés à la justice. « Les témoignages étaient complètement anonymes. On ne sait pas qui se plaint, ni contre qui. Je n’ai pas senti que les plaignants cherchaient un soutien dans ce sens-là. Je me suis dit, si les plaignantes souhaitent aller en justice, en fait elles avaient grâce à ce collectif des camarades prêts à les soutenir », a expliqué Thierry Mazancourt à France Bleu

Pour Clitoliste, au mois de février 2021, « les choses sont figées, une cellule d’écoute n’est toujours pas mise en place par l’école. Le sujet est enterré ». 

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