« Derrière ce clown, il y a une vraie faille », confie Audrey Fleurot

  • Audrey Fleurot incarne l’héroïne de HPI, nouvelle série diffusée de TF1.
  • Son personnage est une femme de ménage au sein d’un commissariat qui me, ses incroyables capacités de déduction au service de la police.
  • « Quand je suis arrivée sur le projet, il y avait déjà le côté rebelle, ingérable et génial du personnage. Mais, j’ai souhaité radicaliser le ton comédie », explique la comédienne à 20 Minutes.

Morgane Alvaro, 38 ans, a 3 enfants, 2 ex, 5 crédits, 160 de QI et un goût prononcé pour l’imprimé panthère. Après avoir fait un carton dans Le Bazar de la charité,
Audrey Fleurot  campe l’héroïne hors norme de HPI, acronyme de Haut Potentiel Intellectuel, la nouvelle comédie policière de
TF1, disponible sur Salto et diffusée ce jeudi à 21h05. Alors qu’elle officie comme femme de ménage au sein d’un commissariat, ses incroyables capacités de déduction vont être repérées par la police qui lui propose un poste de consultante. Le hic ? Elle a un sérieux problème avec l’autorité en général et les flics en particulier.

Audrey Fleurot raconte à 20 Minutes comment elle s’est glissée dans la peau de Morgane Alvaro.

Il paraît que vous êtes arrivé très en amont sur ce projet « HPI », le rôle a-t-il été écrit sur mesure ?

Il n’a pas été écrit sur mesure. Quand je suis arrivée sur le projet, il y avait déjà tous les ingrédients qui m’intéressaient le côté rebelle, ingérable et génial du personnage. Mais, j’ai souhaité radicaliser le ton comédie et j’ai eu la possibilité de le faire et de la ramener à mon humour à moi. Voilà ce que j’ai apporté.

Qu’est-ce qui vous a plu chez Morgane Alvaro ?

Je suis assez fasciné par les adultes qui se comportent comme s’ils avaient 5 ans. Il n’y en a pas beaucoup, mais il y en a. C’est une sorte de liberté complètement folle. C’est très gênant pour leur entourage, mais il y a aussi quelque chose de frais, de très jubilatoire dans le fait se comporter comme un enfant. C’est comme si Morgane était passée au travers des codes, de l’éducation.

En tant qu’actrice, cela doit être jubilatoire d’incarner un tel personnage…

Complètement ! C’est pour cela que j’ai dit : « oui ». J’ai senti que cela allait être très récréatif ! C’est très cathartique à jouer un personnage aussi excessif, drôle, avec ce look vestimentaire complètement outrancier. C’est quelque chose que je ne pourrais pas assumer dans la vie. Ce personnage dit ce qu’elle pense, s’habille selon un goût qui lui est propre. Elle a un côté grande gueule. Elle est à la fois géniale, attachante et insupportable. C’est très amusant à jouer.

Elle déborde d’énergie, c’est une vraie tornade…

Sur le plateau, j’étais obligée de maintenir un état de dissipation permanent pour essayer d’improviser des choses. Il y a beaucoup de choses que j’improvise, que je trouve dans l’instant. Je suis obligée de maintenir un état d’amusement permanent pour essayer de trouver des conneries, j’ai envie de dire. Donc, j’essaye d’être la moins concentrée possible !

Comment avez-vous construit ce look improbable ?

C’était très important pour moi. Une bonne partie de ce personnage tient à ce look. J’avais envie qu’il soit référencé, qu’il nous renvoie à des images. Il y a un mélange de mauvais goût, de pin-up, de déguisement. C’est l’idée de panoplie, comme lorsqu’on a 15 ans. J’aime bien l’idée d’une femme de 40 ans qui continue de s’habiller comme si elle avait 15 ! Ce mélange crée une identité forte sans qu’elle existe vraiment. J’aime l’idée qu’elle soit un peu unique. Ce look très outrancier est en fait un bouclier de protection. Plus elle en montre, plus elle se cache d’une certaine façon.

Morgane est HPI, comment avez-vous abordé cette caractéristique ?

J’ai regardé pas mal de blogs et j’ai beaucoup été sur Internet. Alice [Chegaray-Breugnot, cocréatrice et coscénariste de la série], a un papa HPI et a rencontré de nombreux spécialistes. Elle s’est vraiment documentée, mais tout cela au profit de la narration et de la comédie. On ne prétend pas faire un documentaire sur les HPI.

Les personnes HPI peuvent être submergées par tout ce qu’ils ressentent. On sent cette fêlure affective chez Morgane Alvaro…

C’était important de sentir que derrière ce clown, il y a une vraie faille. Son comportement est une parade à une faille affective très forte. Familialement, cela n’a pas été simple, sa mère est compliquée… Et puis, il y a ce mythe fondateur : l’homme dont elle était follement amoureuse et avec qui elle a eu sa fille aînée, a disparu du jour au lendemain. Elle est persuadée que la police est impliquée. C’est le point d’ancrage de son rejet de la police. Evidemment, les personnes HPI vivent les choses plus intensément et sont très sensibles. Morgane a ce bouclier parce qu’elle est plus fragile qu’il n’y paraît. C’est vraiment lié à cette faille affective originelle.

Morgane Alvaro est une sorte de Sherlock Holmes au féminin, êtes-vous fan du genre policier ?

Ce n’est pas un genre qui me passionne immédiatement, mais, via la comédie, cela m’intéresse beaucoup plus. Je trouve que l’on a trouvé un ton où l’on ne se prend pas au sérieux, même si les enquêtes sont bien ficelées, c’était important pour moi. Sur un épisode de 52 minutes, c’est important de voir Morgane dans sa vie privée, donc il reste une demi-heure pour mener une enquête où il faut qu’elle nous épate avec ses 160 de QI. C’est donc une vraie gageure de boucler une enquête bien ficelée. On a donc ce ton un peu méta. On a tous vu beaucoup de séries policières. On est très référencé par rapport à cela et on s’amuse de ces codes. C’est aussi ce que j’aime.

En parlant de codes, le duo que Morgane forme avec Karadec (Mehdi Nebbou), ce flic méticuleux, rappelle les buddy movies comme « L’Arme Fatale »…

C’était l’idée ! Ce que j’aime, c’est qu’on inverse les rapports hommes/femmes traditionnels. Souvent, le personnage masculin est adulescent et le personnage féminin, psychorigide. Là, c’est l’inverse, c’est plus moderne.

Voyez-vous une dimension féministe dans la série ?

Oui, mais sans être appuyé. C’est ce que j’aime. Le fait de prendre comme héroïne une mère célibataire de trois enfants, c’est déjà une sorte de manifeste. Son célibat n’est pas déprimant. On pourrait se dire qu’elle va de petit boulot en petit boulot, qu’elle est un peu tout le temps en galère de garde avec ses trois mômes, mais elle renvoie de la force, de l’enthousiasme, de la joie, de l’humour et de l’intelligence.

Avez-vous suivi un entraînement particulier pour camper cette consultante de police ?

Pas du tout ! Ce que je trouve vraiment bien, c’est qu’elle n’est pas flic. Elle n’aura jamais de pistolet et ne mettra jamais de gants. Plus elle est en décalage, mieux c’est ! Je ne veux surtout pas qu’elle devienne une énième fliquette. Elle ne suivra jamais le protocole et c’est jubilatoire. A nous de renouveler la forme, mais elle arrivera toujours sur une scène de crime avec un môme, des chouquettes ou un chien. Je n’ai aucun intérêt à la professionnaliser. Et puis, j’ai des années d’Engrenages derrière moi, alors, les procédures policières, je les maîtrise pas mal !

Avez-vous envie de retrouver ce personnage pour une saison 2 ?

J’en ai très envie ! Je croise les doigts pour que la série rencontre son public. Il y a plein de choses à faire avec ce personnage… Je souhaite creuser en politiquement incorrect, en drôlerie, en émotion. Et puis, j’aime bien les séries au long cours et vivre avec les personnages assez longtemps.

Quels sont vos autres projets ?

Juste après HPI, j’ai tourné une autre série pour TF1 qui s’appelle Mensonges, une adaptation d’une série anglaise. Je viens de finir un 3X52 minutes pour Arte qui s’appelle Esprit d’hiver. Là, je m’apprête à démarrer le tournage des Combattantes pour TF1. Ce n’est pas une suite du Bazar de la charité, mais c’est la même productrice, Iris Bucher, qui a eu l’idée de réunir les trois mêmes actrices que l’on suit à une autre période. La série est réalisée par Alexandre Laurent qui était déjà derrière la caméra pour Le Bazar de la charité.

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