Découverte en Norvège d'une nouvelle espèce de guêpe-coucou aux reflets métallisés

Trahie par son « langage », une nouvelle espèce de (très belle) guêpe-coucou vient d’être identifiée en Norvège.

Les guêpes-coucous (Chrysididae) ont ceci de commun avec les oiseaux qu’elles parasitent d’autres hyménoptères, pondant leurs œufs dans les nids d’autres abeilles et guêpes, leurs larves se chargeant ensuite de boulotter les réserves de nourriture, les autres larves et les autres œufs.

Autre particularité plus ragoûtante : leurs couleurs métallisées (on les surnomme parfois guêpes d’or ou guêpes-émeraudes), au point qu’il est parfois difficile pour les entomologistes de les distinguer entre elles. Mais celle-ci, Frode Ødegaard est catégorique : il s’agit bien d’une nouvelle espèce, qu’il a lui-même surnommée sporegullveps (guêpe-coucou à éperon, en français).

Des « capacités linguistiques supérieures à la moyenne »

Spécialiste des insectes au musée de l’université norvégienne de Sciences et de Technologie (NTNU), le chercheur co-signe une étude parue début 2021 dans la revue Insect Systematics and Diversity (éditée par Oxford University Press). Frode Ødegaard y expose la découverte de ce nouveau taxon, très rare, dont un unique spécimen a été trouvé sur la péninsule de Lista, dans le comté d’Agder, au sud de la Norvège.

Dans un communiqué de l’université, paru le 6 avril, il détaille :

Normalement, nous distinguons les insectes les uns des autres par leur apparence, mais les guêpes-coucous sont si semblables les unes aux autres que cela rend les choses difficiles. […] Dans notre cas, nous observions deux guêpes-coucous avec des différences microscopiques dans l’apparence et de très petites différences dans l’ADN.

Avec son équipe, ils ont fini par étudier leurs communications (les insectes s’interpellent entre eux par le biais de phéromones, sorte de langage chimique), les guêpes-coucous étant célèbres pour leurs « capacités linguistiques supérieures à la moyenne ». Et pour cause, « lorsque vous êtes un parasite, il est important de ne pas être découvert. C’est pourquoi elles apprennent également le ‘langage’ de leur hôte », explique M. Ødegaard.

En menant une étude linguistique, les scientifiques ont pu découvrir que les deux guêpes-coucous, presque identiques, appartenaient bien à deux espèces différentes, peut-on lire dans le communiqué. Elles utilisaient des hôtes distincts, signe qu’elles parlaient également des « langues » distinctes.

Restait alors à nommer l’animal, un honneur qui est revenu à Frode Ødegaard :

La nouvelle guêpe étant très similaire à une autre espèce appelée Chrysis brevitarsis, la nouvelle espèce a été baptisée Chrysis parabrevitarsis, ce qui signifie ‘celle qui se tient à côté de brevitarsis’.

Et à tous les défenseurs du vivant qui s’insurgeraient contre l’enfilage sur une aiguille de cet unique spécimen connu, le chercheur rétorque qu’il n’est « pas possible d’utiliser des animaux vivants pour des études de ce type », ajoutant que « la collecte d’insectes individuels n’a heureusement aucun impact sur la population » et que les insectes collectés sont « absolument essentiels pour que les chercheurs puissent cartographier et décrire leur diversité afin d’en prendre soin ».

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