Décès maternels : plus de la moitié pourraient être évités selon une étude

En France, 267 mères sont décédées d’une cause liée à leur grossesse entre 2013 et 2015. Dans 57,8 % des cas, cela aurait pu être évité selon la dernière enquête de Santé Publique Santé et l’Inserm.

« Mieux comprendre pour mieux prévenir. » Tel est l’objectif de Santé Publique France et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui viennent de publier leur 6e enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM). Elle prend en compte les décès des femmes survenant entre la grossesse et jusqu’à un an après l’accouchement. Entre 2013 et 2015, 267 mères sont décédées en France d’une cause liée à leur grossesse, leur accouchement ou à leurs suites. Un chiffre stable, qui se situe dans la moyenne européenne selon les deux institutions. Néanmoins, les auteurs du rapport précisent qu’une amélioration est encore possible. « Globalement 57,8 % des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables et dans 66 % des cas, les soins dispensés n’ont pas été optimaux. »

Le suicide, deuxième cause de mortalité maternelle

Depuis le dernier rapport publié en 2017, les causes des morts maternelles ont évolué en France. Pour la première fois depuis la création de l’ENCMM en 1996, les hémorragies obstétricales ne sont plus la première cause de mortalité maternelle. Au cours des quinze dernières années, elles ont été divisées par 2 grâce à « une mobilisation efficace de l’ensemble de la communauté obstétricale pour en améliorer la prise en charge » salue le rapport.  

Les maladies cardiovasculaires et les suicides sont désormais les deux premières causes de mortalité maternelle, responsables d’environ un décès par mois chacune. Les premières, qui résultent de troubles touchant le cœur et les vaisseaux sanguins représentaient 13,7 % des morts maternelles en France entre 2013 et 2015. La seconde cause représentait 13,4 % des décès, révélant l’importance constante de l’amélioration de l’accompagnement des femmes enceinte et leur prise en charge  post-partum. D’ailleurs, le constat des auteurs du rapport est sans appel. Ces deux étiologies sont celles « avec la plus grande proportion de morts évitables ».

Des inégalités persistantes

L’étude approfondie des données récoltées met aussi en évidence la persistance de disparités déjà observées lors des enquêtes précédentes. Le risque de décès augmente notamment avec en fonction de l’âge des femmes. Après 40 ans, il est multiplié par quatre par rapport aux femmes de 25 à 29 ans. L’obésité représente également un facteur de risque. « Parmi les morts maternelles, 24,2 % sont survenues chez des femmes obèses, soit une proportion deux fois plus grande que dans la population générale des parturientes », observe le rapport.

Un autre aspect mérite l’attention. L’enquête de l’ENCMM souligne la durabilité des inégalités sociales et territoriales. Selon le rapport, 26,5% des morts maternelles ont été observées chez des femmes présentant au moins un critère de vulnérabilité socio-économique tel que l’isolement social, l’absence totale de couverture sociale ou encore. Par ailleurs, comme l’observait déjà le précédent rapport, deux régions se distinguent par un niveau de mortalité maternelle plus élevé : les départements d’outre-mer et l’Île‑de‑France. « Pour les DOM, le risque de mortalité maternelle est 3,4 fois celui de la métropole. En France métropolitaine, l’Île‑de‑France se distingue avec un risque de mortalité maternelle supérieur de 55 % à celui de l’ensemble des autres régions », observe le rapport.

« 30 messages-clés »

À partir de l’ensemble de ces éléments, le Comité national d’experts sur la mortalité maternelle, constitué de professionnels médicaux, a de nouveau formulé plusieurs recommandations pour améliorer la prise en charge et le suivi des femmes enceintes et ayant accouché. Il rappelle par exemple que « l’examen médical de la femme enceinte doit savoir sortir de la sphère obstétricale » afin d’évaluer également les antécédents psychiatriques, addictologiques des parturientes ainsi qu’une évaluation de leur vulnérabilité sociale.

Parmi les « 30 messages-clés » figure également l’évaluation des risques avant la conception et en début de grossesse afin de procéder à une prise en charge individualisée de la grossesse ou encore la réalisation d’examens post-mortem systématiques en cas de mort maternelle sans cause identifiée. Des actes simples qui permettraient à terme, de réduire encore davantage les décès maternels en France.

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