De "La fille de Monaco" à Chloé dans la série "Hippocrate", Louise Bourgoin assume son "envie d’être multiple"

Vous vouliez faire quoi quand vous étiez petite ? Votre père était prof de philo, votre mère, agrégée de lettres modernes. On aurait pu imaginer que vous alliez être prof, vous aussi.

Justement, les profs veulent faire des profs donc j’étais censée être professeure d’arts plastiques, mais j’ai raté mon examen. Pour eux, c’était un peu la solution miracle parce qu’eux souffraient beaucoup de passer un quart d’heure par copie, d’avoir autant de contrôles et de copies à corriger. C’est beaucoup de travail à la maison, le travail de prof, c’est assez ingrat et très mal payé. Et du coup, pour eux, la solution, c’était prof d’arts plastiques parce que j’avais les mêmes vacances, le même salaire sauf que je n’avais pas de copies à corriger. Mais voilà, j’ai raté mon examen.

En 2004, vous allez faire partie des présentatrices de l’émission Kawaï. Cela vous a-t-il convaincu que ça pouvait être votre chemin ?

Moi, je sortais quand même de cinq ans d’études très théoriques avec beaucoup de philosophie, de concepts, c’était la mode de l’art conceptuel et là, tout d’un coup, on permettait de tout dire, tout faire et crier, m’amuser. Je faisais un métier qui était un peu plus en lien avec l’âge que j’avais, à savoir 22 ans, et c’était une très bonne expérience. C’est certainement grâce à cette émission pour les ados que j’ai pu entrer à Canal. Je crois que j’avais enregistré plus de 600 émissions, j’avais donc suffisamment d’expérience pour devenir Miss météo de Canal+ en 2006.

En tout cas, ça vous a permis de vous faire remarquer. Le premier qui a cru en vous, c’est Fabrice Luchini.

Oui. C’est vrai qu’il m’a dit : « Mademoiselle, je ne ferai pas mon prochain film sans vous » et qu’il m’a conseillée à Anne Fontaine en disant : « Regarde-la à la télévision. Tu vois bien que c’est une actrice« . Il a jugé avant moi que j’étais actrice et Anne Fontaine n’était pas du tout convaincue, je me souviens. Bizarrement, du coup, ça m’a un peu vexée donc j’ai tout fait pour avoir ce rôle sans avoir lu le script d’ailleurs, j’ai dû faire quatre castings… Et puis finalement, j’ai été nommée aux César.

J’ai une personnalité peut-être assez réservée par rapport à la grosse cagole de ‘La fille de Monaco’.

à franceinfo

Et puis il y a le film de Luc Besson, Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec.

Il y avait un budget à l’américaine, plein de décors, on a tourné au Caire, etc. C’était fabuleux ! C’est un des films les plus familiaux que j’ai fait. Il y avait une intimité avec Luc Besson. Il fait tout, il est derrière la caméra, il dirige en même temps, du coup, j’avais l’impression d’être filmée par un oncle, il y avait quelque chose de très intime dans cet énorme budget, c’est très particulier. Et puis surtout, j’ai eu une chance folle parce qu’effectivement, c’était seulement mon deuxième film.

Je n’ai pas d’expérience, je n’ai jamais pris de cours et puis là, tout d’un coup, j’ai quatre mois et demi de tournage dans des décors incroyables. On a tourné au Louvre plein de scènes d’action et c’est un film que j’ai hâte de montrer à mon fils de cinq ans. Il faut que j’attende qu’il en ait huit, mais j’ai hâte de lui montrer ça. Je suis très fière d’avoir fait un film un peu « jeunesse », un peu Indiana Jones au féminin, très heureuse de ce film.

Comment vous définissez-vous ?

J’ai envie de faire un mauvais jeu de mots avec « Définir ». Je n’ai pas envie de finir ! J’ai envie d’être un peu multiple et surtout infinie…

J’ai tout le temps envie d’apprendre, d’être curieuse.

à franceinfo

Ça ne me dérangerait pas du tout de changer de métier aussi en cours de vie. J’aime bien que ma vie soit comme ça, change tous les trois mois du tout au tout. J’adore ça. Je trouve que ça maintient jeune !

Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

J’ai perdu beaucoup de temps à me poser beaucoup trop de questions, mais j’aime le fait d’avoir fait plein de choses différentes, d’être arrivée assez tard au cinéma puisque mon premier film, j’ai dû le faire à 27, 28 ans. Je suis contente, finalement, d’avoir fait d’autres trucs. C’est pas mal.

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