Déconfinement : "Le public a une grosse envie de cinéma", assure le président de la Fédération nationale des cinémas français
Alors que le déconfinement s’amorce en France et que la réouverture des salles de cinéma est prévue pour le 19 mai prochain après plus de six mois de fermeture, Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français, se dit persuadé dimanche 16 mai sur franceinfo que le public sera au rendez-vous.
franceinfo : Ce retour des spectateurs sera un vrai test pour vous : vont-ils lâcher leurs écrans domestiques pour revenir vers les vôtres ?
Richard Patry : C’est tout l’enjeu mais on est très confiants. Je suis exploitant dans une petite ville de province, à Elbeuf en Normandie. Quand je me balade et que je vais faire mes courses, tous les spectateurs, toutes les personnes me disent : « Mais quand est-ce que vous revenez ? Qu’est-ce que vous allez mettre à l’affiche ? Comment ça va se passer ? ». Je suis persuadé que le public a une grosse envie de cinéma.
« Le cinéma fait partie de l’ADN de nos concitoyens »
à franceinfo
La salle de cinéma, c’est le plus bel endroit au monde pour découvrir un film. Et ça, depuis 200 jours, ce n’est pas possible. Et puis on est un loisir addictif, c’est-à-dire que plus on va au cinéma, plus on a envie d’y aller. On croise les doigts, bien sûr. Bien sûr, il va falloir travailler, bien sûr, ça va être long. Mais on est très positifs.
Avec ces jauges réduites, tous les exploitants vont-ils rentabiliser cette réouverture ? Certains ne vont-ils pas perdre de l’argent en rouvrant leurs portes ?
Tous vont perdre de l’argent, mais ce n’est pas le problème. Le gouvernement l’a bien compris puisqu’il va continuer à mettre en place des mesures d’aide. Bien sûr qu’à 35 % [remplissage de salles autorisé à partir du 19 mai] on va perdre de l’argent, on le sait. Mais pour l’instant de toute façon, on est fermés, on est à 0 %, donc 35 %, c’est mieux. On préfère que le gouvernement nous aide à faire 35 % de jauge plutôt que nous soyons toujours fermés. Et puis, ça ne va durer que trois semaines à 35 %, trois semaines derrière à 65 % et à la fin du mois de juin, si tout va bien et si la campagne de vaccination continue à être un succès, on reviendra à une jauge absolument normale.
L’idée d’un pass sanitaire qui est en cours d’élaboration ne va pas s’appliquer aux salles de cinéma. Est-ce une sécurité en moins pour vous ?
Pas vraiment. Effectivement le pass sanitaire sera pour les gros événements, on nous parle de 800 à 1 000 personnes. À part le Grand Rex, mais c’est un cas un peu particulier, toutes les salles de cinéma en France font autour de 100, 150, 200 places, 300 pour les plus grandes. Non, ce n’est pas un outil en moins. Les salles de cinéma ont été ouvertes entre les deux confinements et il n’y a pas eu une seule contamination. C’est pour ça qu’on est qu’on est super contents de rouvrir, parce qu’on est persuadés que nous n’allons pas casser l’élan qu’il y a actuellement dans la baisse des chiffres. Nous pensons que les salles de cinéma ne sont pas un lieu de contamination, que le protocole sanitaire qui est en place et qui était en place au moment où nous avons fermé s’applique et fonctionne très bien. Pendant toute la période de la réouverture, on a quand même fait 25 millions de spectateurs.
« Les salles de cinéma ne sont pas un lieu de contamination. Il n’est pas dangereux d’aller dans une salle de cinéma. »
à franceinfo
L’Institut Pasteur a fait des études et la Commission sanitaire française l’a même rappelé au mois de mars. Tout le monde est assis dans le même sens, tout le monde porte un masque pendant toute la durée de la séance, il y a de la distanciation physique, ce qu’il n’y a pas dans d’autres lieux. Quand vous allez dans le train, vous êtes assis côte à côte. Dans les salles de cinéma pendant les trois premières semaines, vous aurez deux fauteuils à votre droite, deux fauteuils à votre gauche. Donc oui, on a fait un test grandeur nature entre les deux confinements : il n’y a pas de risque à aller dans une salle de cinéma.
Dernier élément qui peut poser problème : l’embouteillage de films à diffuser. Est-ce une difficulté ?
Le bon côté de la chose c’est que les spectateurs auront du choix, c’est important. Sur la problématique de l’embouteillage, il faut aussi relativiser. Tout le monde parle des 400 films mais ils vont s’étaler sur toute la période de la réouverture. En fait jusqu’au 30 juin, si on prend les six semaines qui nous attendent, par rapport à l’année 2019 qui est la dernière année de référence, on n’a qu’une trentaine de films en plus. C’est vrai, il va falloir faire attention, il va falloir faire des choix. Et c’est vrai, malheureusement, peut-être qu’un ou deux films ne rencontreront pas leur public.
« Je suis certain que quelques films qu’on ne voyait pas dans les radars vont faire des succès. »
à franceinfo
Et c’est ça le cinéma : c’est le public qui choisit. Là, le public va avoir du choix et nous, on fait confiance au public. On va essayer de tout faire pour qu’il y ait le moins de blessés et le moins de morts possible. Je suis absolument certain que cette abondance de films, qui en plus, est toute relative, va permettre à un public nombreux, diversifié de revenir vers nos écrans.
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