Dans la Criée, toujours occupée pour lutter contre la réforme du chômage
- Les occupants du théâtre de la Criée à Marseille protestent contre la réforme de l’assurance-chômage.
- Depuis le 1er mai dernier, ils occupent non seulement le hall mais aussi la grande salle du théâtre, empêchant pour le moment toute reprise des spectacles.
- Une manifestation est organisée samedi, alors que la réforme doit entrer normalement en vigueur le 1er juillet.
C’est par l’entrée des artistes que l’on pénètre dans le théâtre de la Criée à Marseille, occupé depuis le 15 mars pour protester contre la réforme de l’assurance
chômage, comme une centaine d’
autres lieux culturels en France. L’ambiance, ce mardi, est studieuse. Un atelier vient de se terminer, l’un des nombreux qui rythment l’occupation du théâtre, avec les AG quasi quotidiennes et les moments plus joyeux d’expression libre, dehors sur le parvis.
« De l’extérieur, il y a une vision parfois légère de ce qu’on fait ici, parce qu’on est jeunes », regrette Yasmine, 20 ans. Etudiante, elle a rejoint le mouvement pour faire « abroger une réforme qui ne concerne pas du tout que les intermittents, mais énormément de personnes précaires ». Au total, une trentaine d’occupants sont là jour et nuit. « Oui, on peut nous voir danser devant la Criée les mercredis et dimanches, mais derrière il y a une logistique qui demande du temps, de l’énergie, lance Yasmine. On bosse, et cela va de l’ouverture d’un péage, comme à La Ciotat le week-end dernier, à qui fait la vaisselle ce soir ! »
« Toujours du monde qui passe »
Prochain rendez-vous samedi prochain, avec une manifestation qui partira du Frac puis longera le Vieux Port jusqu’à la Criée, où des prises de parole sont prévues. « Depuis deux mois, le lieu est devenu un lieu de vie, d’échanges, de rencontres, il y a toujours du monde qui passe », sourit Basile, jeune comédien présent dès les premiers jours de l’occupation. Pour le moment, il n’est pas question de libérer les lieux comme le réclame la directrice Macha Makeïeff qui, dans une tribune avec d’autres directeurs de théâtre public, a appelé « à la levée des occupations en poursuivant le mouvement social par d’autres moyens ». « La séquence de la réouverture est arrivée, il faut que le théâtre puisse retrouver le public », a aussi déclaré Macha Makeïeff sur France Musique, en appelant à une « solution calme et intelligente » (à l’heure où ces lignes sont écrites, il n’avait pas été donné suite à notre demande d’interview).
« Il faut arrêter d’inverser les rôles, ce n’est pas nous qui créons la précarité », réplique Yasmine. Elle raconte ce moment fort de la mobilisation qu’a été « la prise de la grande salle » le 1er mai dernier. « On avait tout préparé, repéré les codes du cadenas ». Près de 500 personnes y ont pris place pour débattre. « En prenant la grande salle, on bloquait l’activité, poursuit Basile, les traits tirés par la fatigue. La décision n’a pas été facile à prendre, mais on a l’impression que c’est le seul levier qu’il nous reste pour avoir un impact, se faire entendre. »
« On a prévu de tout filmer »
A l’intérieur de la salle, il n’y a plus de répétitions. Le grand rideau est tiré, dressant une barrière physique et symbolique avec l’administration. Des matelas sont posés sur l’avant-scène, un hamac a pris place dans une loge de spectateur. « Fin d’une culture de classe », clame aussi une banderole.
La programmation de mai a été annulée en raison de l’occupation des lieux, mais la Criée a aussi des dates en juin et juillet qu’elle espère bien assurer. Chez les occupants, la crainte de l’expulsion est là, même si pour le moment ni la directrice du théâtre ni la Ville de Marseille, propriétaire des murs, n’ont fait intervenir les forces de l’ordre. « On a prévu de tout filmer d’une certaine manière, confie Basile. Je pense que c’est assez fort de voir des brigades de CRS intervenir sur un plateau de théâtre où des gens sont là pour défendre leurs droits ».
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