Covid-19 : un homme dans un état critique après une réinfection au variant sud-africain
C’est une première très inquiétante. Dans une publication parue mercredi 10 février dans la revue Clinical Infectious Diseases, une équipe de médecins français décrit ce qui semble être le premier cas mondial d’une réinfection grave au variant identifié en Afrique du Sud.
Une première forme légère en décembre 2020
En septembre dernier, un homme de 58 ans sans antécédents notables avait été testé positif à la Covid-19, décrivent-ils. Il présentait alors des symptômes sans gravité et avait guéri au bout de quelques jours. En décembre, il avait été testée négatif à deux tests RT-PCR. En janvier 2021, celui-ci était une nouvelle fois admis aux Urgences de l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP) à Colombes, détaillent les médecins. Il présentait alors des difficultés respiratoires et de la fièvre. Son test PCR étant positif, un séquençage génétique avait été demandé pour identifier s’il s’agissait d’une infection à l’un des variants de la Covid-19. Résultat : infection au 501.V2, variant identifié en Afrique du Sud.
Une semaine plus tard, le patient avait développé un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Intubé et placé sous respirateur artificiel, son état était encore très préoccupant au moment de la publication.
« Ce cas illustre le fait que le variant peut être responsable d’une réinfection grave après une première infection légère », notent ainsi l’équipe médicale du service de médecine intensive et réanimation de l’hôpital Louis-Mourier.
L’immunité développée insuffisante face au variant
Dans un communiqué, l’AP-HP explique que sa « sérologie SARS-CoV-2 en début d’hospitalisation était positive, suggérant que l’immunité développée à l’issue de la première infection n’a pas permis d’éviter la réinfection par le variant Sud-Africain. » Elle précise par ailleurs que « le virus responsable du premier épisode infectieux n’a pas pu faire l’objet d’un séquençage. » Cependant, « la survenue de la première infection un mois avant la première description du variant 501Y-V2 en Afrique du Sud, et trois mois avant son premier signalement en France, écarte la possibilité d’une récurrence de la première infection. »
Interrogé par La Dépêche, l’épidémiologiste Martin Blachier précise que « l’immunité que l’on développe avec une première infection aux souches européennes ne protège pas beaucoup contre le variant sud-africain. Si une souche sort et qu’elle a suffisamment été modifiée par rapport à la souche originelle, nos anticorps et notre système immunitaire ne reconnaissent plus bien le virus. On peut donc être réinfecté ».
Pour Arnaud Fontanet, invité de La Matinale d’Europe 1 ce week-end « au-delà du variant anglais qui est plus transmissible, le variant sud-africain, également plus transmissible, peut échapper à la réponse immunitaire, que ce soit celle construite après une infection naturelle ou post-vaccinale. » L’épidémiologiste et membre du Conseil scientifique estime que « ce sont les variants qui vont dicter notre politique sanitaire dans les semaines à venir, et pas le virus de 2020, qui reste beaucoup plus sensible aux mesures que l’on peut prendre. »
Le patient dans « état critique » mais « stable »
Jean-Damien Ricard, professeur de médecine intensive et de réanimation à l’hôpital Louis-Mourier, a donné quelques nouvelles informations sur l’état du patient lors d’une interview accordée à BFMTV, ce samedi 13 février. « Il est chez nous depuis trois semaines dans un état critique. Pour le moment il est stable (…) mais il est trop tôt pour être définitivement rassuré sur son cas », a-t-il confié. À sa connaissance, « cette situation est la première décrite. Peut-être qu’il y en a eu d’autres mais qui n’ont pas été documentées comme la nôtre. Mais je pense que c’est exceptionnel. »
Sur France Info, il précisait également que « même si la deuxième infection a été beaucoup plus sévère que la première, elle reste similaire à celle des autres formes graves. » Pour soigner ce patient, « on utilise le même schéma thérapeutique » que lors de la première infection, ajoutait-il. Et de conclure : « On a aucune inquiétude sur une moindre efficacité des traitements : pour le moment, il n’y a strictement aucune alerte de ce point de vue-là. »
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