Covid-19 : un confinement "en tout dernier recours" est une erreur selon des professionnels de santé
Alors que le nombre de cas positifs à la Covid-19 ne baisse plus depuis des mois en France et que les variants se propagent sur le territoire, Jean Castex a déclaré en conférence de presse ce jeudi 4 février, que la situation sanitaire actuelle « ne justifie pas » un nouveau confinement. Celui-ci ne pourrait s’envisager « qu’en tout dernier recours », selon le Premier ministre. Des propos qui ne semblent pas faire l’unanimité.
Des chiffres trop hauts selon les professionnels de santé
Face aux différentes données concernant la Covid-19 en France, comme les nouveaux cas positifs, les hospitalisations ou encore le nombre de décès imputable à la maladie, plusieurs professionnels de santé ont fait part de leur étonnement face à la décision prise par le gouvernement de ne pas reconfiner.
Actuellement, la France se situe sur un plateau épidémique très élevé : selon les derniers chiffres de Santé Publique France, 360 Français sont décédés à l’hôpital des suites de la Covid-19 dans les dernières 24 heures. Jeudi 4 février, 3 240 patients étaient en réanimation, soit 275 de plus que la veille. Au total, le pays compte 2 766 personnes actuellement hospitalisées à cause du virus, soit 1 752 de plus que mercredi.
Pour le Professeur Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière (AP-HP) de Paris, invité de BFMTV ce jeudi 4 février au soir, le côté sanitaire ne prime plus dans les décisions qui sont prises par l’exécutif.
« S’il primait, avec 500 morts par jour et 25 000 nouveaux cas quotidiens, ce qu’on a fait en mars, on le referait. Le sanitaire ne prime pas. (…) Si ce n’est pas un choix sanitaire, c’est donc un autre choix. L’autre choix serait de dire que c’est mieux pour l’économie, sur le plan psychologique ou sur le plan sociétal », a-t-il expliqué. « La seule façon de casser l’épidémie, c’est de confiner totalement. Qu’est-ce qui est le mieux : fermer le pays pendant quatre, six, huit semaines comme en mars, ou faire un plateau pendant six ou neuf mois comme on est en train de le faire avec les mesures actuelles ? », a-t-il questionné.
Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique, s’est dite étonnée que des mesures plus drastiques n’aient pas été prises par le gouvernement. Également invitée sur BFMTV ce jeudi 4 février, la docteure a souhaité alerter les autorités : « Il n’y a pas de troisième vague actuellement, on a déjà complètement coulé, on est sous l’eau. Sur les confinements précédents, on s’alertait beaucoup plus tôt (…). Ce qu’on tolère aujourd’hui, on ne l’acceptait pas il y a six mois. Je trouve qu’on est de plus en plus tolérants en disant qu’on ne reconfine pas », a-t-elle insisté.
« Sur le plan sanitaire nous sommes dans une période extrêmement critique, puisque, quoi qu’on en dise, les chiffres ne sont pas très bons, on a une augmentation des arrivées en réanimation, une augmentation des arrivées en hospitalisation conventionnelle, a de son côté déclaré Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine de Paris, au micro de BFMTV ce jeudi. On arrive dans un système qui va se saturer. Jusqu’à quel niveau va-t-on s’habituer à vivre avec un système saturé ? Ça c’est une décision qui est politique. »
Selon elle, « sur des faits scientifiques », les médecins n’auraient pas pris la décision de ne pas reconfiner et d’autoriser les déplacements pendant les vacances de février.
Le confinement localisé, une solution défendue par des maires
Le maire de Metz, François Grosdidier (LR) défend un confinement localisé face à une situation qui se dégrade et à un couvre-feu généralisé à 18 heures qu’il estime « insuffisant ». Le taux d’incidence sur le territoire de Metz approche des 400 cas pour 100 000 habitants, ce qui en fait la deuxième métropole la plus touchée du pays après Nice et Marseille.
Sur BFMTV ce mercredi 3 février, le maire s’est dit partisan « du seul levier qui vaille : un vrai confinement mais de façon limité dans l’espace et dans le temps. Mais là, on est dans le demi-mesure générale presque contre-productive. Je me dis que plutôt qu’un couvre-feu généralisé, il vaut mieux un confinement fort mais vraiment aux endroits où on a une poussée d’épidémie pour réguler le flux des urgences », a-t-il précisé.
Le mécontentement des citoyens exprimé sur les réseaux sociaux
A l’issue du Conseil des ministres organisé ce mercredi 3 février, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait déjà écarté l’idée d’un confinement imminent : « La situation est entre nos mains, le confinement n’est pas une fatalité. Ce sont nos efforts collectifs qui nous permettront de l’éviter », a-t-il souligné, avant de préciser que les chiffres de l’épidémie de la Covid-19 sont scrutés quotidiennement et avec la plus grande attention.
« Nous sommes sur un plateau haut mais à peu près stable. Il faut rester extrêmement prudents et attentifs. Nous sommes engagés dans une mobilisation nationale pour éviter un reconfinement. Nous prendrons toujours les mesures nécessaires mais le confinement est l’ultime recours », a-t-il indiqué.
Des déclarations qui n’ont pas tardé à faire réagir les internautes. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux à avoir manifesté leur colère : « Gabriel Attal, le gouvernement ne prend jamais les mesures nécessaires aux moments nécessaires. Il a toujours six mois de retard (masques, tests, vaccins et confinement), il prend les Français pour des imbéciles, pour des lapins de trois semaines », peut-on lire parmi les messages publiés sur Twitter.
- Covid-19 : que sait-on du vaccin Spoutnik V, développé par la Russie ?
- Covid-19 : le confinement est-il inefficace, comme l’affirme une étude ?
Source: Lire L’Article Complet