Covid-19 : à quoi pourraient ressembler les futurs concerts en live ?

Les salles de concert sont fermées à cause de la pandémie de Covid-19, mais les professionnels du secteur de la musique ne baissent pas les bras. L’espoir renaît, en partie, avec l’annonce par le gouvernement, lundi 15 février, de deux « expérimentations » pour des concerts « debout ». En France et à l’étranger, des organisateurs de concerts tentent de faire revivre l’expérience du live, mais pas encore celle où le spectateur de devant est trop grand, où celui d’à-côté chante faux, et où les lunettes finissent piétinées dans la fosse.

Des tests avant et après le concert

La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a évoqué, lundi soir, des concerts tests qui auront lieu à Paris et Marseille. Ceux de la cité phocéenne auront lieu au Dôme, « dans la deuxième quinzaine de mars » si les protocoles sont validés, sauf « situation sanitaire catastrophique », selon la ministre. Chaque concert réunira un millier de personnes. Il s’agira de concerts « assis avec la possibilité de se lever », a précisé Roselyne Bachelot. Pour ces expérimentations menées avec l’Inserm, des masques et du gel hydroalcoolique seront distribués. Toutes les personnes seront testées avant le concert. Les cas positifs, a-t-elle relevé, « ne seront pas filtrés parce qu’il faut se mettre en situation où il y aura un brassage ». Des tests seront réalisés après l’évènement, pour constater d’éventuelles nouvelles contaminations.

Les résultats seront comparés à ceux de tests réalisés sur une population qui n’aura pas assisté au concert. Cette expérience a pour but de prouver qu’il n’y a pas de « sur-risque » d’infection en assistant à un concert, avait déjà expliqué franceinfo.

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Les musiciens et le public dans des bulles

Le groupe de rock psychédélique américain Flaming Lips a donné, les 22 et 23 janvier à Oklahoma City (Etats-Unis), deux concerts durant lesquels public et musiciens étaient séparés dans des bulles gonflables individuelles. L’expérience, minutieusement préparée, a semblé plutôt convaincante, à condition de ne pas être claustrophobe.

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Les spectateurs, qui devaient se présenter 45 minutes avant en vue du placement, ont assisté au concert dans des globes gonflables abritant chacun jusqu’à trois personnes. Les sphères disposaient d’une réserve d’oxygène d’une heure et dix minutes. Wayne Coyne, chanteur des Flaming Lips, avait précisé qu’entrer et sortir des bulles grâce à un système de zip était très rapide.

Lors de ces deux concerts, les bulles étaient chacune équipées d’une enceinte, d’un ventilateur, d’une bouteille d’eau et d’une serviette pour essuyer la condensation. Les besoins élémentaires n’étaient pas oubliés. Des panneaux « Je veux faire pipi » et « J’ai trop chaud » étaient également mis à disposition. En cas d’envie pressante, les spectateurs étaient accompagnés, masqués, par un membre de l’équipe jusqu’aux toilettes. Si le spectateur se plaignait de la chaleur, de l’air frais était diffusé dans sa bulle. Après les concerts, les globes transparents ont tous été soigneusement désinfectés à l’alcool, a également détaillé le chanteur. 

Un protocole sanitaire strict et des spectacles assis

L’Allemagne a mené, en août, l’expérience Restart-19 pour définir dans quelles conditions les rassemblements de masse pourraient reprendre. Dans la grande Leipzig Arena, des spectateurs ont assisté à un concert puis à un match de handball. Les 2 000 à 4 000 personnes présentes étaient soumises à un strict protocole sanitaire : port du masque, désinfection des mains avec un gel fluorescent. Chaque participant était équipé d’un appareil détectant tous ses mouvements et devait présenter un test négatif au Covid-19.

Les résultats ont montré que les risques de transmission étaient « faibles, voire très faibles », rapportait le magazine Trax, en novembre. Une technologie de ventilation appropriée est toutefois capitale. Le magazine mentionne également « le port imposé du masque, l’organisation adaptée des places et du nombre de participants, l’installation de différentes portes d’accès à l’événement et l’obligation pour les participants de ne manger qu’une fois assis ».

Au sujet de la ventilation, élément fondamental pour la reprise concerts, la Philharmonie de Paris a ainsi demandé au groupe Dassault système une simulation numérique. L’Usine nouvelle rapporte qu’une « cartographie de la circulation de l’air » dans la grande salle Pierre Boulez, où chaque siège dispose de son propre système de ventilation, a été réalisée. « Les équipes ont pu observer que la circulation de l’air descendait des balcons vers le parterre, l’air arrivant ainsi dans le dos des spectateurs. Les mouvements latéraux de l’air sont mineurs », poursuit le site. « En associant des mesures de protection individuelle comme le port d’un masque ajusté ainsi qu’une ventilation réduite, les risques de contamination du public et de l’orchestre par aérosols apparaissent fortement réduits », a écrit la salle de spectacle sur son site, en décembre.

Roselyne Bachelot a aussi annoncé, lundi, la tenue d’un colloque scientifique européen, le 8 avril à Marseille, où les différentes expérimentations seront « confrontées » et étudiées. L’objectif, selon la ministre, est de « bâtir un modèle résilient » pour le monde du spectacle. Reste à savoir quand ce modèle sera opérationnel. D’autant plus que toutes les salles ne disposent pas de siège, et encore moins de fauteuil à ventilation individuelle. D’ailleurs, la ministre de la Culture n’a pas manqué de le souligner : « Je suis très optimiste pour les festivals assis (…) Pour les spectacles debout, c’est plus compliqué. »

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