Covid-19 : que sait-on du vaccin Spoutnik V, développé par la Russie ?
Et si Spoutnik V, développé par la Russie, comptait parmi les vaccins administrés en France ? Avec un taux d’efficacité de 91,6 %, le sérum suscite désormais l’intérêt de plusieurs pays, dont la France. Le 20 janvier, la Russie a lancé une demande d’homologation à l’Union européenne.
Un vaccin à vecteur viral
Contrairement aux vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna, actuellement autorisés et administrés en Europe, le vaccin russe Spoutnik V, baptisé en hommage au premier satellite envoyé dans l’espace par l’URSS en 1957, n’utilise pas la technique de l’ARN messager.
Il s’agit d’un vaccin à vecteur viral, c’est-à-dire qui utilise des adénovirus, d’autres virus rendus inoffensifs et adaptés pour combattre la Covid-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du SARS-CoV-2, éduquant leur système immunitaire à le reconnaître.
Cette méthode est également utilisée pour le vaccin d’AstraZeneca, mais si ce dernier se base sur un unique adénovirus de chimpanzé, le vaccin Spoutnik V utilise deux adénovirus humains différents pour chacune de ses deux injections, ce qui provoquerait une meilleure réponse immunitaire, selon ses concepteurs.
Un vaccin efficace à 91,6%
Selon les résultats des essais de phase 3, publiés dans la revue The Lancet le 2 février et validés par des experts indépendants, le vaccin Spoutnik V est efficace à 91,6%. Les participants à l’essai, réalisé entre septembre et novembre 2020, ont tous reçu deux doses de vaccin ou de placebo à trois semaines d’intervalle et effectué des tests RT-PCR. Dans les jours suivant l’administration de la deuxième dose, un test RT-PCR n’était réalisé que chez les personnes qui développaient des symptômes.
Au total, 16 volontaires sur les 14 900 ayant reçu les deux doses du vaccin ont été testés positifs, soit 0,1%, contre 62 sur les 4 900 ayant reçu le placebo (soit 1,3%). Par ailleurs, en se basant sur quelque 2 000 cas de personnes de plus de 60 ans, l’étude de The Lancet montre que le vaccin semble efficace dans cette classe d’âge. Des données partielles indiquent également qu’il protège extrêmement bien contre les formes modérées à sévères de la maladie.
Il existe néanmoins une limite à ces essais : comme les tests PCR n’ont été réalisés « que lorsque les participants ont déclaré être atteints de symptômes du Covid, l’analyse de l’efficacité ne porte que sur les cas symptomatiques ». « D’autres recherches sont nécessaires pour cerner l’efficacité du vaccin sur les cas asymptomatiques et sur la transmission » de la maladie, souligne l’étude.
« C’est à notre avis le meilleur vaccin au monde, au niveau efficacité, sécurité, prix et logistique », a assuré Kirill Dmitriev, directeur du Fonds souverain russe, qui a participé à la mise au point et au développement du vaccin, en conférence de presse le 2 février.
Les résultats sont en effet comparables à ceux des vaccins de Pfizer-BioNTech et Moderna, et même supérieurs à celui d’AstraZeneca, dont l’efficacité est de 70 % en moyenne.
Un vaccin facile à utiliser
Pour l’immunologue Stéphane Paul, interrogé par RTL le 4 février, l’un des avantages du vaccin Spoutnik V réside dans sa condition de conservation : « Il se conserve à 4 degrés donc c’est un vaccin qui est facile à utiliser, notamment par les médecins généralistes ou les pharmaciens, ce qui est très intéressant ».
De plus, c’est « un vaccin qui se produit bien en quantité, qui ne coûte pas très cher et on a besoin de vaccins qui puissent être utilisés très largement […], dans l’ensemble des pays, pour éviter l’émergence des variants », explique-t-il.
Un vaccin bientôt disponible en France ?
Le vaccin Spoutnik V est utilisé en Russie depuis la campagne de vaccination qui a débuté en décembre 2020. Il est par ailleurs déjà homologué dans 16 pays, comme : l’Argentine, le Venezuela, la Hongrie, le Pakistan, l’Iran, la Corée du Sud, la Tunisie, le Bélarus ou encore l’Arménie.
Le Fonds souverain russe a annoncé le 20 janvier avoir entamé la procédure d’homologation auprès de l’Agence européenne du médicament. Invité du 20h de TF1 le 2 février, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé qu’il ne fermait pas la porte au vaccin russe.
« Il y a plusieurs semaines, j’ai pris l’initiative d’envoyer une mission scientifique en Russie pour échanger avec les équipes » et « les échanges ont été tout à fait positifs », a-t-il indiqué. « Mais nous ne pouvons pas le distribuer en France tant que le producteur russe n’a pas soumis une autorisation de mise sur le marché à nos autorités. À la minute où il la déposera, dans les meilleurs délais, les autorités européennes regarderont scientifiquement, de manière indépendante, ce vaccin », a-t-il détaillé.
Ensuite, « en fonction de ces résultats et des preuves », l’Agence européenne du médicament « l’homologuera, ou pas ». « C’est une décision scientifique, et heureusement. Il faut que nos concitoyens soient protégés » a précisé le chef de l’état.
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