Covid-19 : pourquoi il est important d’aérer régulièrement les lieux clos
Se protéger et protéger les autres contre le coronavirus repose sur l’addition de plusieurs gestes barrières tels que : porter un masque recouvrant l’intégralité de la bouche et du nez, se tenir à distance, se laver régulièrement les mains ou les désinfecter à l’aide d’un gel hydroalcoolique, tousser dans son coude, éviter de se toucher le visage et se moucher dans un mouchoir à usage unique. Ce sont des gestes reconnus par la communauté scientifique, mais également ceux régulièrement diffusés par le gouvernement français et la plupart des autres pays.
Aussi, il est prouvé que le coronavirus peut rester en suspension dans l’air des milieux clos pendant plusieurs heures. Alors, pour éviter toute contamination, ouvrir les fenêtres de son bureau ou de sa maison apparaît dès lors comme un geste barrière à part entière.
L’aération : un nouveau geste barrière
Dans une vidéo publiée mardi 20 octobre, le ministre de la Santé Jérôme Salomon a listé « 10 conseils » à suivre afin de lutter contre l’avancée de l’épidémie en France, parmi lesquels figurent désormais l’aération. De fait, cette nouvelle consigne rejoint bien la liste officielle des gestes barrières, a confirmé la Direction générale de la Santé.
Ce sont d’abord les gouttelettes de salive qui transmettent la Covid-19, mais le virus peut aussi se diffuser plus largement dans l’air ambiant. Il s’agit de la transmission par aérosol, c’est-à-dire via des nuages de particules virales partant dans toutes les directions, qui ne se dissipent pas avant plusieurs heures et peuvent, faute de masque et de distanciation sociale, contaminer d’autres personnes.
Aérer les pièces devient alors impératif pour éviter toute contamination.
« On connaît tous très bien un autre aérosol, la fumée de cigarette. Lorsque vous avez un fumeur dans une pièce, que faites-vous ? Vous ouvrez la fenêtre pour faire partir le nuage de fumée ?! Avec le nuage invisible d’aérosols de coronavirus, il convient de faire la même chose », expliquait ce jeudi 8 octobre au journal Sud Ouest, l’épidémiologiste Antoine Flahault.
Une mesure présente dans les recommandations de l’OMS
Si l’aération figurait déjà dans les recommandations officielles de l’Organisation Mondiale de la Santé, émises le 21 mai 2020, elle commence tout juste à s’imposer comme geste barrière.
En effet, l’OMS recommandait « d’assurer quel que soit le contexte, un renouvellement régulier de l’air dans tous les espaces clos au moyen d’une aération (ouverture des fenêtres…) et/ou d’une ventilation naturelle ou mécanique, afin d’apporter de l’air ‘neuf’, venant de l’extérieur. »
À quelle fréquence aérer une pièce ?
Plus qu’une aération ponctuelle, l’atmosphère intérieure doit être constamment renouvelée pour que ce geste barrière devienne efficace. Que le bâtiment soit pourvu ou non d’un système de ventilation, l’OMS recommande de « procéder à une aération régulière par ouverture en grand des ouvrants (fenêtres…) pendant 10 à 15 min deux fois par jour au minimum. »
Lorsqu’ouvrir les fenêtres n’est pas possible, il faut avoir recours à la ventilation et à l’apport d’air neuf via un traitement de l’air, comme il en existe dans les transports et les entreprises. En voiture, les médecins déconseillent vivement de régler l’aération ou la climatisation en mode « recyclage ».
Dans les trains et les avions, la climatisation ou réfrigération de l’air est généralement performante. Dans un TGV par exemple, la SNCF assure que l’air est renouvelé toutes les 9 minutes et également filtré.
Attention néanmoins aux fausses bonnes idées : ventiler et créer des courants d’air ne veut pas dire utiliser un ventilateur chez soi ou au bureau. Les chercheurs ont démontré que ces accessoires pouvaient participer activement à la diffusion du virus.
Un moyen de prévention déjà adopté dans d’autres pays
Contrairement à d’autres pays, la recommandation d’aérer souvent les pièces figure depuis plusieurs mois dans tous les messages du gouvernement allemand pour endiguer la pandémie de Covid-19.
« Les gens sourient souvent à propos de l’aération, mais cela pourrait être l’une des mesures les moins chères et les plus efficaces pour arrêter la propagation de la pandémie », avait expliqué la chancelière Angela Merkel fin septembre.
L’aération est également préconisée par l’agence sanitaire américaine (Center for Disease Control and prevention). Pendant plusieurs mois, une grande partie de la communauté scientifique lui avait reproché de ne pas mettre en avant les risques de transmission aéroportée. Début octobre, l’autorité a finalement mis son site à jour, admettant qu’il y avait « des preuves que dans certaines circonstances, des personnes infectées par la Covid-19 semblent en avoir infecté d’autres à plus de 2 mètres de loin ». Le CDC relève que ce type de transmissions a lieu « dans des endroits fermés avec une aération inadéquate », alors que la personne infectée devait respirer fort, « par exemple en chantant ou en faisant de l’exercice ».
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