Covid-19 : le variant sud-africain serait plus contagieux et pourrait résister aux vaccins

Après le variant britannique, estimé 50 à 74% plus contagieux, c’est au tour du sud-africain de susciter l’inquiétude parmi les scientifiques.

Baptisé 501Y.V2, ce variant détecté en Afrique du Sud en décembre 2020 est aujourd’hui présent dans 23 pays.

Il comporte une mutation, appelée E484K, le rendant très contagieux. Plus grave encore : cette mutation serait capable de diminuer la reconnaissance du virus par les anticorps, et donc sa neutralisation par le système immunitaire. Des cas de réinfections et une inefficacité des vaccins sont donc redoutés.

Un variant 1,5 fois plus contagieux

Un panel d’experts sud-africains, travaillant sur le séquençage du variant, a déclaré en conférence de presse le 18 janvier, que celui-ci n’était pas plus mortel, mais 1,5 fois plus contagieux.

La mutation E484K « est 50 % plus transmissible » mais « rien n’indique que le nouveau variant est plus sévère », a ajouté le Pr Salim Abdool Karim, épidémiologiste et coprésident du comité scientifique au ministère de la Santé sud-africain.

Interrogé au sujet de la découverte du variant sud-africain par TF1 le 3 février, Edwan Wilkinson, bio-informaticien au sein du laboratoire Krisp, a déclaré que « ce nouveau variant apparaît beaucoup plus contagieux ». Selon lui, il pourrait même « y avoir d’autres mutations encore, comme pour la grippe avec de nouvelles versions à chaque saison ».

Une réinfection possible

Pour mieux estimer le risque de réinfection, des chercheurs sud-africains ont confronté en laboratoire le variant 501Y.V2 à divers plasmas sanguins de patients guéris ayant déjà été infectés par l’ancien variant du virus. Le plasma contient les anticorps « neutralisants » fabriqués pendant la première infection et capables de reconnaître et de neutraliser le virus. Mais selon les résultats de leur étude publiée le 19 janvier, le nouveau variant « est largement résistant aux anticorps neutralisants ».

Autrement dit, « la plupart des individus infectés avec des souches précédentes du SARS-CoV-2 auront une réponse de neutralisation minimale ou non détectable contre le 501Y.V2 », s’inquiètent les chercheurs. Les personnes déjà contaminées, « supposées avoir acquis un certain niveau d’immunité » pourraient donc ne pas être protégées contre ce nouveau variant et déclarer une réinfection.

Des vaccins inefficaces ?

Mais cette mutation pourrait aussi avoir « des implications sur l’efficacité des vaccins contre le SARS-CoV-2 puisque les vaccins sont principalement basés sur une réponse immunitaire à la protéine Spike », insistent les chercheurs sud-africains. Ils soulignent en outre le « besoin urgent » « d’identifier des cibles » moins sujettes aux mutations et de développer des plateformes pour adapter les vaccins.

Moderna a annoncé, lundi 25 janvier, travailler sur une nouvelle forme de son vaccin contre le Covid-19 pour lutter contre le variant du Sars-CoV-2 apparu en Afrique du Sud, rapporte le Financial Times.

Le laboratoire Novavax a rapporté jeudi 28 janvier des résultats préliminaires mettant en évidence une efficacité de son vaccin de 50% chez les patients en Afrique du Sud, à comparer avec un taux pouvant atteindre jusqu’à 89,3% dans des résultats d’études plus avancées au Royaume-Uni.

Vendredi 29 janvier, Johnson & Johnson a de son côté déclaré qu’une seule injection de son vaccin contre le coronavirus était globalement efficace à 66% dans le cadre d’un essai massif sur trois continents, avec de grandes différences selon les régions. Aux États-Unis, où la variante sud-africaine a été signalée pour la première fois cette semaine, l’efficacité a ainsi atteint 72% contre seulement 57% en Afrique du Sud, où le variant, connu sous le nom de B 1.351, a représenté 95% des cas étudiés dans le cadre de l’essai.

D’après le virologue Tulio de Oliveira, interrogé par TF1 le 3 février, lorsque le variant sud-africain pénètre « dans les cellules, les anticorps sont moins actifs pour contrer le virus. Cela veut dire que qu’une partie du vaccin sera légèrement moins efficace ». Selon lui, une nouvelle phase de la pandémie commence. « On s’attend à ce que dans les prochaines semaines beaucoup de variants apparaissent partout dans le monde avec la même mutation », prévient ce spécialiste.

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