Covid-19 : le variant apparu au Royaume-Uni est-il plus contagieux chez les enfants et les jeunes ?
Dix jours après la mise en place de mesures pour limiter la propagation du variant de la Covid-19 par les autorités sanitaires britanniques, les chercheurs se montrent inquiets. Selon certains experts, cette nouvelle souche du virus serait en effet plus contagieuse et toucherait davantage les enfants et les jeunes. On fait le point.
« Nous ne constatons pas de pression significative de la Covid-19 en pédiatrie »
Dans une interview accordée à la BBC et au Telegraph, Laura Duffell, infirmière en chef du King’s College Hospital de Londres, a déclaré avoir constaté une explosion du nombre d’admissions de jeunes adultes et d’enfants, alors qu' »ils n’étaient que très peu affectés lors de la première vague ».
L’infirmière en chef évoque même au cours de son entretien « des salles entières » remplies d’enfants atteints de la Covid-19, laissant entendre qu’ils seraient davantage touchés par la dernière mutation du nouveau coronavirus. Une annonce, relayée dans de nombreux médias britanniques et français, qui a rapidement été démentie par l’organisme professionnel des pédiatres dans un communiqué.
« Pour le moment, nous ne constatons pas de pression significative de la Covid-19 en pédiatrie. Au fur et à mesure que les cas dans la population augmenteront, il y aura une légère augmentation du nombre d’enfants mais pour l’écrasante majorité sans symptôme. Le nouveau variant semble toucher tous les âges et, pour l’instant, nous ne voyons pas de plus grande gravité chez les enfants et les jeunes », souligne Russell Viner, président de l’organisme professionnel des pédiatres.
Une information confirmée par les dernières données publiées par les autorités sanitaires britanniques. Le 29 décembre, 22 enfants de 5 ans ou moins et 15 autres âgés de 6 à 17 ans ont été admis à l’hôpital en raison de la Covid-19 en Angleterre. Très peu par rapport au nombre total de 2 859 hospitalisations déclarées ce jour-là.
Une variante qui « semble » plus contagieuse chez les plus jeunes
Chez les plus petits, il y a bien une augmentation depuis le début du mois de décembre, mais sur des chiffres peu élevés. En moyenne sur la semaine écoulée, le nombre quotidien d’hospitalisations est passé de 7 à 19 en trois semaines. On est tout de même à un niveau 50 % supérieur au maximum atteint lors de la première vague (12,5 hospitalisations quotidiennes en moyenne du 1er au 7 avril). Chez les 6-17 ans, ce nombre est resté à peu près stable sur la même période de décembre, passant de 13 à 15 par jour en moyenne.
La nouvelle variante du coronavirus « semble, et j’insiste sur le mot semble, plus contagieuse chez les jeunes et les enfants », a déclaré de son côté David Nabarro, expert de l’Organisation Mondiale de la Santé, sur la chaîne SkyNews.
Une analyse du MRC Center for Global Infectious Disease Analysis publiée le 31 décembre tendait à montrer un « changement dans la composition par âge des cas signalés, avec une plus grande proportion de jeunes de moins de 20 ans » parmi les cas positifs à la nouvelle variante. Mais on ne peut pas encore en expliquer les raisons exactes.
Si pour certains experts, cette étude est la preuve que le virus touche davantage les enfants, d’autres estiment qu’il s’agit d’un « effet transitoire ». Puisque le confinement était en vigueur au Royaume-Uni en novembre, mais les écoles encore ouvertes, le variant pourrait avoir touché davantage les enfants. Et il faudra plus de temps pour savoir si elle touche de la même façon les personnes plus âgées dans les semaines qui viennent.
« Il n’y a pas de preuves jusqu’à présent qui suggèrent que le variant favorise certains groupes d’âge plus que d’autres », écrivait Müge Çevik, chercheuse en maladies infectieuses à l’Université de St Andrews, sur Twitter le 21 décembre.
En France, cette nouvelle souche « n’est pas plus contagieuse chez l’enfant que chez l’adulte », affirmait Robert Cohen, pédiatre et infectiologue à l’hôpital de Créteil, au Le Parisien le 3 janvier.
Un nombre record de contaminations au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, le nombre record de contaminations enregistré ces derniers jours suscite l’inquiétude des autorités, avec plus de 54 000 cas quotidiens recensés et plus de 400 décès en 24 heures selon un dernier bilan.
Un rebond épidémique que les spécialistes attribuent en partie au variant de la Covid-19 apparu dans le pays. C’est ce que montrent des études indépendantes menées par l’Imperial College de Londres, la London School of Hygiene and Tropical Medicine et l’Université d’Édimbourg, indique un rapport du Nervtag publié le 31 décembre.
Selon le Bureau national des statistiques, ce nouveau variant représentait mi-novembre environ 20 % du total des tests positifs réalisés dans ces régions, pour passer à près de 70 % un mois après.
L’institut de santé publique anglais a mis en ligne une étude confirmant la plus forte contagiosité de la variante le 24 décembre. Les chercheurs ont comparé deux groupes de 1 769 patients chacun. L’un atteint par le variant l’autre par la souche d’origine, avec évidemment des patients de même âge, même sexe, même origine dans les deux groupes pour pouvoir faire des comparaisons.
Leur conclusion : le variant n’est pas plus virulent, c’est-à-dire ne provoque pas plus de d’hospitalisations ni de décès, mais se transmet en revanche plus facilement. Celui-ci serait 50 à 74% plus contagieux.
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