Covid-19 : le test salivaire, comment ça marche ?
- Comment se déroule un test salivaire de la Covid-19 ?
- Combien de temps pour avoir le résultat ?
- Le test salivaire EasyCov, remboursé par la Sécurité Sociale
- Dans quels pays les tests salivaires sont-ils déjà déployés ?
- Pourquoi la France est-elle à la traine ?
- Faut-il envisager un déploiement de masse du test salivaire ?
La Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert pour le recours aux tests salivaires à compter du jeudi 11 février 2021. Depuis ce lundi 22 février, les tests salivaires sont donc déployés dans les écoles maternelles et primaires de la zone A. Entre 50 000 et 80 000 tests seront réalisés a assuré le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, précisant que ces prélèvements ne seraient pas obligatoires et qu’une autorisation parentale sera nécessaire pour les réaliser.
Un premier pas vers les tests salivaires, qui pourraient se déployer plus largement dans les mois à venir dans le pays. Comment fonctionnent-ils exactement ?
Spécialiste des hépatites virales, ancien directeur général de l’Inserm, puis de l’Institut Pasteur et vice-président de l’Institut Mérieux, Christian Bréchot – aujourd’hui à la tête du Global Virus Network – a répondu à nos questions sur les tests de dépistage salivaires de la Covid-19.
Comment se déroule un test salivaire de la Covid-19 ?
« Il faut bien distinguer deux points : le type de test et le type de prélèvement, précise Christian Bréchot. Le test moléculaire de référence, la PCR, peut être pratiqué aussi bien sur un prélèvement salivaire que sur un prélèvement nasopharyngé ; de même pour un test moléculaire rapide (comme la « RT-LAMP ») ou un test antigénique. »
Le prélèvement salivaire est simple à réaliser et surtout moins invasif pour le patient. Il peut se faire à l’aide d’une pipette placée dans la bouche ou via un crachat directement dans un tube.
À savoir : « Le prélèvement salivaire, qui peut être effectué soit au domicile soit dans un laboratoire, impose des précautions telles que de ne pas avoir bu, mangé, fumé où s’être lavé les dents trente minutes avant, contraintes sommes toutes acceptables », détaille notre expert.
En cas d’auto-prélèvement, la HAS rappelle que « le patient doit avoir reçu une information claire sur les conditions de sa réalisation et un matériel adapté » et que « l’échantillon de salive recueilli doit être analysé dans les 24 heures. »
Combien de temps pour avoir le résultat ?
Le type de test reste la RT-PCR. Pour ce qui est du temps de résultat, celui d’un test RT-PCR salivaire « est le même que celui d’un test RT-PCR nasopharyngé », précise la HAS. Soit 24 à 48h avant d’obtenir les résultats.
La sensibilité de ces tests reste légèrement inférieure (3% à 11%) comparativement à celle des tests RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé.
Enfin, « pour le laboratoire, il impose une mise au point technologique, comme pour tout nouveau test, et pose actuellement la question de sa compatibilité avec le fonctionnement des automates utilisés pour le diagnostic de routine, explique Christian Bréchot. En effet, comme le précisait Libération dans un article publié le 25 janvier 2021, « pour analyser un échantillon de salive, il faut recalibrer la machine qui tourne plutôt sur des échantillons nasopharyngés. »
Le test salivaire EasyCov, remboursé par la Sécurité Sociale
Ce test salivaire mis au point par le laboratoire SkillCell de Montpellier et Sys2Diag/CNRS « est un exemple de test basé sur un prélèvement salivaire suivi d’une technique moléculaire rapide : la LAMP », décrit le Pr Bréchot. LaRT-LAMP est une méthode qui amplifie l’ARN du SARS-CoV-2 plus rapidement que la RT-PCR. Grâce à un liquide « révélateur » mélangé à la salive, on sait si le patient est infecté par le virus. Si le liquide devient orange, le test est négatif. En revanche, s’il vire au jaune, le patient est positif.
Depuis le 5 janvier 2021, EasyCov est remboursé en France par la Sécurité sociale. Il permet d’obtenir un résultat rapide : enmoins de 40 minutes.
Cependant, EasyCov est considéré par la HAS comme moins fiable que la RT-PCR, notamment sur les cas asymptomatiques. « La sensibilité du test EasyCov est satisfaisante pour les patients symptomatiques (84 %). En revanche, la spécificité, elle, ne l’est pas : avec 92 %, il est en dessous des performances minimales requises par la HAS. Par conséquent, la HAS est favorable à son utilisation et à son remboursement chez les patients symptomatiques pour lesquels le prélèvement nasopharyngé est impossible ou difficilement réalisable. »
Dans quels pays les tests salivaires sont-ils déjà déployés ?
« Les tests salivaires se sont progressivement développés dans plusieurs pays sans se généraliser, nous dit Christian Bréchot. On peut citer en particulier plusieurs universités Nord-Américaines, où ils ont permis la reprise des cours, ou l’Italie et l’Asie qui ont montré l’intérêt de ces tests en santé publique. De plus, le nombre de publications validant cette approche a considérablement augmenté depuis l’été 2020. »
La méthode a également été déployée dans plusieurs aéroports à travers le monde à l’instar de ceux de Zurich, Djibouti, Brazzaville ou encore Oakland, pour ne citer qu’eux.
Pourquoi la France est-elle à la traine ?
« La France est terriblement à la traine pour trois raisons qui se sont malheureusement associées : d’une façon générale, et pas seulement en France, l’importance du diagnostic a été sous-estimée et celui-ci n’a pas bénéficié du même effort, fantastique, que celui mis en place pour développer les vaccins, analyse le président du Global Virus Network. Par ailleurs la France a malheureusement fait preuve d’un terrible conservatisme et ce malgré les demandes émises par plusieurs groupes de recherche (il est assez surprenant de se rappeler les prises de position négatives des instances françaises sur ces innovations).
Enfin, notre pays est pénalisé par une solide dose de bureaucratie qui n’a fait que retarder les prises de décision. Dans ces conditions, l’incroyable progrès technologique des dernières années sur le diagnostic n’a pas été pleinement utilisé pour contrôler cette épidémie. »
Faut-il envisager un déploiement de masse du test salivaire ?
« L’impact de la diffusion de ces tests salivaires est énorme. C’est le seul moyen de concilier maintien d’une vie économique, culturelle et sociale tout en contrôlant une épidémie, plaide notre expert. Il est bien regrettable que nous ne nous soyons pas donné cette possibilité. Le succès de la mise au point de vaccins contre contre la Covid-19 a été une formidable nouvelle, mais une épidémie ne se combat efficacement qu’en associant au vaccin le maintien des précautions sanitaires (masques, distanciation physique et lavage fréquent des mains), la recherche de traitements et le développement de test diagnostiques simples, rapides et fréquemment répétables.
Le virus restera présent même si nous reprenons une vie normale. De plus, de nouvelles pandémies sont parfaitement envisageables dans l’avenir et nous devons être mieux préparés et plus réactifs. »
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