Covid-19 : l’arrivée du variant britannique en France laisse-t-elle présager un troisième confinement ?
Le variant de la Covid-19 peut-il entrainer un troisième confinement en France ? Si pour l’heure, cette décision n’est pas envisagée par l’exécutif, l’arrivée du virus muté sur le sol français laisse craindre un scénario semblable à celui d’Outre-Manche.
Plusieurs cas déjà détectés en France
La fermeture des frontières et le Brexit n’ont pas empêché le variant de la Covid-19 détecté au Royaume-Uni de traverser la Manche. Un premier cas de contamination a été identifié vendredi 25 décembre, à Tours (Indre-et-Loire).
Il a ensuite été détecté le 30 décembre chez une deuxième personne qui avait séjourné au Royaume-Uni, puis en Corse chez une personne qui rentrait de Londres.
« Le variant de la Covid-19 circule à Paris et dans la région parisienne », a ainsi alerté Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), invité sur le plateau des « 4 Vérités » sur France 2, ce mardi 5 janvier.
Au total, c’est « une dizaine de cas suspectés ou avérés » qui ont pour l’instant été repérés en France, a indiqué ce mardi le ministre de la Santé, Olivier Véran au micro de RTL, soulignant que sa transmissibilité vraisemblablement plus importante « inquiète » les autorités.
« C’est un variant qui nous inquiète et pour lequel nous déployons des moyens logistiques et diagnostiques très importants, a affirmé le ministre de la Santé. Nous regardons cela comme le lait sur le feu ».
Il a par ailleurs rappelé la procédure à suivre en cas de suspicion d’infection : « Toutes les personnes qui rentrent en France et qui sont en provenance d’Angleterre doivent avoir été testées avant et doivent présenter le résultat d’un test valide et négatif. Il y a des mises en quarantaine en cas de doutes ».
Une « bombe à retardement » estiment certains spécialistes
De plus, ces cas pourraient en réalité être bien plus nombreux. En effet, les tests PCR réalisés en France ne permettent pas tous d’identifier le variant.
« Il y a certaines PCR, pas toutes, peut-être 30% de celles qui sont utilisées sur le territoire français, qui vous donnent un signal défectueux en présence de ce variant, expliquait Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, à France Info ce mardi 5 janvier. Dès lors, il faut faire la séquence, car il y a d’autres mutations qui peuvent amener à ce signal défectueux. »
Ce variant pourrait être une bombe à retardement, « il faut savoir qu’en Grande-Bretagne, il est apparu en septembre pour ne devenir vraiment épidémique qu’en décembre. Il y a un toujours un délai », ajoutait-il. Arrivé sur le territoire français en décembre, nous aurions donc deux mois de retard avec le Royaume-Uni.
Un confinement strict face à la flambée des cas au Royaume-Uni
Le Premier ministre britannique a annoncé, ce lundi 4 décembre au soir, un reconfinement total du Royaume-Uni pour tenter de contenir l’envolée des contaminations à la Covid-19 qui menace de submerger le système de santé.
Boris Johnson a justifié sa décision par la propagation à une vitesse accélérée du variant de la Covid-19, estimé 50 à 74% plus contagieux que les formes du virus jusqu’ici en circulation, par les scientifiques.
L’institut de santé publique anglais Public Health England a publié fin décembre une étude sur la contagiosité du variant. Conclusion : le variant se transmet bien 50% plus facilement, y compris chez les enfants.
Aussi, les cas contacts des patients infectés par ce variant se retrouvent par exemple plus facilement infectés que les cas contacts d’une personne porteuse de la souche de départ (15% contre 9%).
« Au moment où je vous parle ce soir, nos hôpitaux sont soumis à une pression due à la Covid-19 plus forte qu’à n’importe quel autre moment depuis le début de cette pandémie », a déclaré Boris Johnson au cours de son allocution télévisée.
Dans les hôpitaux anglais, le nombre de patients atteints par le virus, près de 27 000, a « augmenté de près d’un tiers » en une semaine et dépasse de 40 % le plus haut du pic de la première vague, a souligné le Premier ministre.
Avec plus de 75 000 morts, le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe les plus endeuillés par la Covid-19, et la tendance s’est aggravée ces dernières semaines. Le bilan des contaminations publié chaque jour dépasse les 50 000, et s’approchait même des 60 000 lundi.
« Alors que la plus grande partie du pays est déjà soumise à des mesures extrêmes, il est évident que nous devons faire davantage ensemble pour maîtriser ce nouveau variant, a-t-il poursuivi. Nous devons en conséquence aller vers un confinement national, qui soit suffisamment drastique pour contenir ce variant. Cela signifie que ce gouvernement vous donne une nouvelle fois pour instruction de rester chez vous. »
Ce nouveau confinement, aussi strict que celui mis en place au printemps, prévoit la fermeture des écoles et devrait durer jusqu’au début du mois de mars. « Vous ne pourrez sortir de chez vous que pour des raisons limitées. Les détails seront disponibles bientôt. Les écoles vont passer en distanciel, sauf pour les enfants des soignants dès mardi et les enfants vulnérables », a-t-il détaillé.
Un troisième confinement en France ?
S’il entend garder les écoles ouvertes le plus possible, le ministre de l’Education français Jean-Michel Blanquer, a déclaré sur Europe 1 ce mardi, que le rallongement des vacances d’hiver était l’un des « scénarios » possibles en cas de troisième vague.
« Par définition, on doit tenir compte d’évolutions qui ne sont pas encore connues. Ce serait possible. Mais mon scénario privilégié est toujours de maintenir les calendriers tels qu’ils sont pour que les élèves soient dans la meilleure situation possible », a-t-il noté.
« L’ouverture des écoles est un sujet sensible et complexe », reconnaissait le professeur Yazdan Yazdanpanah dans Le Figaro le 3 janvier. « Il y a sans doute des contaminations dans les écoles », mais le professeur juge leur nombre « maîtrisable ».
De la même façon, le Conseil national de la pédiatrie ne préconise pas, « en l’état actuel », de fermeture des établissements scolaires, indique au Parisien le 3 janvier, son président Robert Cohen. Mais, dans la mesure où la mutation anglaise du virus le rend plus contagieux, « les jeunes vont contaminer davantage de personnes », dans leur entourage familial ou à l’école, a souligné le professeur.
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