Covid-19 : la France va-t-elle interdire les vols en provenance du Brésil ?
Le variant brésilien (ou P1), responsable de la flambée épidémique dans ce pays, inquiète les autorités sanitaires. La France réfléchit à un durcissement des mesures pour les voyageurs en provenance du Brésil, alors que certains voisins européens, comme le Portugal ou la Grande-Bretagne, ont déjà suspendu leurs vols.
Après le variant britannique et le variant sud-africain, c’est désormais le variant brésilien qui fait des ravages. Au Brésil, le Covid-19 a fait 60 000 morts rien qu’au mois de mars, un triste record dans ce pays déjà endeuillé de 330 000 vies. Bien que très minoritaire en Europe (il représente, avec le variant sud-africain, moins de 5% des contaminations en France), certains pays ont déjà pris des mesures préventives. C’est le cas du Royaume-Uni et du Portugal, qui ont fait le choix d’arrêter les vols en provenance du Brésil.
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Un variant plus dangereux car plus résistant
En France, la stratégie est différente. Le gouvernement a décidé lundi de renforcer ses contrôles dans les aéroports, mais de ne pas interdire les vols. Pour rappel, chaque jour, deux vols en provenance du Brésil arrive à Paris-Charles de Gaulle et des vols avec correspondance arrive aussi dans d’autres villes de l’hexagone. Pour l’instant, à l’aéroport de Roissy, les voyageurs venant du Brésil sont séparés des autres. Un test antigénique leur est imposé aléatoirement à leur arrivée sur le territoire français. Les voyageurs doivent aussi présenter un test PCR négatif et se placer en quarantaine pendant sept jours. Ce dernier engagement est difficilement contrôlable, ce que regrettent certains médecins qui s’inquiètent de voir le nombre de cas explosés en raison d’un virus plus dangereux et plus contagieux.
Le variant brésilien résisterait aussi mieux aux vaccins anti-Covid, selon certains experts. « Ce qui a été démontré, c’est que la réponse immunitaire était moins bonne contre ce variant brésilien, ce qui fait qu’il est fort probable que l’efficacité des vaccins actuels contre ce variant sera moindre que l’efficacité attendue avec les variants qui circulent actuellement », explique l’épidémiologiste Pascal Crépey sur France 2. En outre, il serait plus mortel, notamment pour les jeunes : la majorité des Brésiliens en soins intensifs à cause du Covid-19 ont désormais moins de 40 ans.
Face à ces chiffres, le docteur brésilien Miguel Nicolelis, ancien coordinateur régional de l’équipe de lutte contre la pandémie du pays, tire la sonnette d’alarme. Il a assuré à l’agence de presse Reuters que ce variant est « une menace pour tous les efforts de la communauté internationale qui veut contenir la pandémie sur la planète ».
Impossible de fermer les lignes, « au nom de la liberté de circulation »
Alors, pourquoi la France ne prend-elle pas des mesures plus drastiques ? D’abord, l’État prône la responsabilité individuelle, comme l’a rappelé à France 2 le ministère des Affaires étrangères : « Nous rappelons que tous les déplacements depuis l’étranger vers la France et de France vers l’étranger, même lorsqu’ils ne sont pas formellement interdits, restent strictement déconseillés. L’engagement et la responsabilité de chacun sont nécessaires pour limiter la diffusion du virus […] ».
Ce variant est « une menace pour tous les efforts de la communauté internationale qui veut contenir la pandémie sur la planète »
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Ensuite, il est juridiquement compliqué de fermer temporairement ces lignes. Interrogé là-dessus, Jean-Baptiste Djebbari a expliqué que le droit imposait de les maintenir ouvertes malgré le risque. « Le Conseil d’État nous a dit que les ressortissants français et les résidents en France, au nom de la liberté de circulation, devaient pouvoir continuer à venir, ce qui n’a pas été fait par exemple au Portugal ou dans d’autres pays », a-t-il expliqué. Toutefois, il n’est pas impossible que le gouvernement renforce un peu plus les contrôles, en imposant par exemple une quarantaine surveillée, comme le réclament les experts.
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