Covid-19 : faut-il s'inquiéter du variant indien présenté comme "doublement mutant" ?

Anglais, brésilien, sud-africain… Depuis plusieurs mois, les variants du coronavirus se propagent et suscitent l’inquiétude. Une nouvelle mutation du Sars-CoV-2 semble cristalliser les craintes : le variant indien. Que sait-on à son sujet ? Faut-il réellement le redouter ? Eléments de réponse.

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En Inde, la situation sanitaire est inquiétante : plus de 260.000 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés le 17 avril, du jamais-vu depuis le début de l’épidémie. Résultat : la ville de New Delhi et ses 20 millions d’habitants est reconfinée pour au moins une semaine depuis le 19 avril.

Un élément pourrait notamment être à l’origine de cette augmentation du nombre de cas de coronavirus : un nouveau variant baptisé « B.1.617 » mais surnommé « variant indien ». Particulièrement contagieux, il a été détecté pour la première fois le 5 octobre 2020 dans l’État du Maharashtra. Ce variant aurait été responsable de 61% des contaminations à la Covid-19 entre janvier et mars 2021, selon des données de l’Institut national de virologie (NIV) de Pune (Inde) relayées par l’Indian Express.

Pour autant, les autorités indiennes restent particulièrement prudentes et ne font pas de lien direct entre la hausse des contaminations dans le pays et le variant indien. Faut-il redouter sa propagation en Europe et en France ?

Variant indien : pourquoi est-il présenté comme « doublement mutant » ?

Pour l’heure, aucun cas de variant indien n’a été détecté dans l’Hexagone. Mais ce n’est pas le cas partout en Europe : au Royaume-Uni, 103 cas de cette mutation ont été enregistrés, ce qui a poussé le pays à interdire l’entrée des voyageurs en provenance d’Inde, à l’exception de ses résidents.

Si le variant B.1.617 inquiète, c’est notamment parce qu’il est présenté comme « doublement mutant ». En cause ? « Il implique deux mutations connues de la protéine Spike, mais jamais vues ensemble jusqu’à maintenant : les 452 et 484 », explique à La Croix Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon. L’une d’elle, la mutation 452, « entraînerait une légère augmentation de la transmissibilité« , et l’autre, la mutation 484, « serait en grande partie responsable de l’échappement immunitaire et de l’efficacité partielle des vaccins », précise-t-il.

Ce variant ne serait pas le seul responsable de la hausse des contaminations en Inde

Cependant, le manque d’informations sur ce variant doit appeler à la prudence quant à l’interprétation de ces éléments. Selon certains spécialistes, il convient donc de ne pas paniquer : « Tous les virus mutent. Par exemple, le variant comporte 19 variations importantes. Et finalement, cela ne change rien, c’est le même virus. Il y a des mutations qui ne changent rien », explique par exemple à 20 minutes Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne. Pour l’heure, on ne sait donc pas si le variant indien provoque des formes plus graves de Covid-19. Autre raison de ne pas paniquer : « Tous les virus ne franchissent pas les frontières », ajoute Benjamin Davido, médecin infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).

Si la situation en Inde est préoccupante, d’autres éléments pourraient expliquer la hausse des cas de Covid-19 en Inde. Cette dégradation sanitaire pourrait ainsi être « en grande partie due aux nombreux grands rassemblements qui ont eu lieu récemment partout dans le pays et à une faible adoption des mesures de prévention par la population générale », et pas seulement au variant indien, note Santé Publique France dans une analyse publiée le 8 avril dernier.

Variant B.1.617 : des experts appellent à suspendre les liaisons aériennes avec l’Inde

Pour limiter les potentiels risques de propagation du variant indien, certains experts réclament cependant la suspension des liaisons aériennes entre la France et l’Inde, comme cela a récemment été mis en place pour le Brésil, fortement touché par le variant « 20J/501Y.V3 » ou « P1 » et surnommé « variant brésilien ». Le 19 avril sur RTL, Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po, à l’Inalco et spécialiste des questions européennes, a affirmé qu’il ne fallait « absolument pas reproduire l’erreur que nous avons faite s’agissant du Brésil en ce qui concerne l’Inde. Il faut contrôler voire fermer avec ce pays car ce variant indien semble très dangereux, aussi dangereux que le variant brésilien ».

Le 18 avril, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait déjà évoqué la situation inquiétante de l’Inde, dans l’émission Dimanche en politique sur France 3. « Il faut se poser demain la question de l’Inde », avait-il indiqué.

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