Covid-19 : doit-on continuer à respecter les gestes barrières une fois vacciné ?

  • Le vaccin protège d’une forme grave mais n’empêche pas la contamination
  • La vaccination ne protège pas immédiatement
  • Il faudrait que 90% des adultes soient vaccinés pour relâcher les gestes barrières
  • Certains pays où la vaccination bat son plein voient repartir l’épidémie
  • Les vaccins à l’épreuve des variants du virus

Selon un récent sondage*, 1 personne sur 5 pense qu’on peut arrêter de suivre les gestes barrières après la 1re dose de vaccin contre la Covid-19. 1 personne sur 4 pense qu’une fois vaccinée, il n’est plus utile de porter un masque en présence de ses proches. Chez les plus de 50 ans, plus de 1 personne sur 2 pense qu’il ne faut plus continuer à porter de masque et 2 personnes sur 3 pensent qu’il ne faut plus continuer à limiter ses contacts quand on est vacciné.

Alors, les personnes déjà vaccinées peuvent-elles vraiment laisser tomber le masque et mettre au placard leur tube de gel hydroalcoolique ? Les experts sont formels : c’est non.

Voici les raisons pour lesquelles il ne faut surtout pas relâcher les gestes barrières une fois vacciné.

Le vaccin protège d’une forme grave mais n’empêche pas la contamination

Aucun vaccin à ce jour, hormis ceux contre la rougeole et la variole, n’empêche un virus de pénétrer un organisme vacciné. 

« En l’état des connaissances, les vaccins aujourd’hui disponibles ou en cours de développement réduisent la sévérité des symptômes, mais la réduction de la contagiosité est incertaine, explique le ministère de la Santé. Le port du masque reste donc nécessaire. Plus généralement, une personne vaccinée doit continuer d’appliquer les gestes barrières. » 

Aussi, « ce n’est pas parce que vous êtes protégé que vous ne pouvez pas avoir le virus sur les mains ou sur les joues et que vous ne pouvez pas le transmettre à d’autres personnes« , avait rappelé début janvier le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur le plateau de BFM TV. « Le vaccin protège, dans 95 % des cas, des formes graves pulmonaires mais ça ne dit pas qu’il protège de la forme nasale, par exemple, ou de la forme oropharyngée… Vous pouvez donc encore transmettre le virus et encore tomber malade, mais en développant une forme plus mineure », avait-il ajouté. La vaccination ne protège donc en aucun contre la Covid-19, mais évite les formes graves de la maladie.

La vaccination ne protège pas immédiatement

« Après une vaccination, l’organisme fabrique les anticorps spécifiques à la maladie, détaille le site vaccination-info-service.fr. Ce processus appelé séroconversion est progressif. Habituellement, la protection apportée par le vaccin contre une maladie est présente entre deux et trois semaines après la vaccination pour les vaccins nécessitant une seule injection comme la grippe, l’hépatite A ou la fièvre jaune. »

Lorsqu’une vaccination exige deux ou trois doses, comme c’est le cas avec les vaccins des laboratoires Pfizer/BioNtech et Moderna, la protection apparaît dès la première dose, précise le site. Cependant, il faudra se voir administrer l’ensemble des doses pour que la protection soit efficace. 

Le ministère de la Santé ajoute que « selon l’ANSM et le RCP (résumé des caractéristiques du produit) des vaccins, l’efficacité vaccinale est obtenue 7 jours après la deuxième injection du vaccin Pfizer-BioNTech et 14 jours après la deuxième injection de vaccin Moderna chez des sujets indemnes d’infection antérieure au SARS CoV-2. Pour le vaccin Janssen, la protection vaccinale débute 14 jours après l’injection (ce vaccin ne nécessite qu’une seule dose). »

En ce qui concerne la durée de l’immunité, « les informations disponibles à ce jour ne permettent pas de donner de réponse précise à cette question, reconnaît le ministère. Ceci, à la fois par manque de recul, et parce que cette immunité pourrait être prolongée par des rappels vaccinaux. »

Il faudrait que 90% des adultes soient vaccinés pour relâcher les gestes barrières

Comme l’expliquent des chercheurs de l’Institut Pasteur dans une note publiée le 6 avril 2021, « entre le début de la pandémie et mars 2021, environ 20% des Français ont été infectés par le virus SARS-CoV-2, ce qui est très en dessous de l’immunité collective. » Ils ajoutent que « dans ce contexte, une campagne de vaccination de grande ampleur est nécessaire pour relâcher les mesures de contrôle et reprendre une vie normale. »

Afin de se projeter à l’automne 2021, les scientifiques ont donc développé des modèles mathématiques pour étudier comment la vaccination pouvait avoir un impact sur la dynamique de l’épidémie. « Ils permettent de se projeter à plus long terme et d’anticiper quelle couverture vaccinale serait nécessaire dans les différents groupes d’âge pour pouvoir relâcher les mesures de contrôle. »

Ainsi, si l’indice de reproduction du virus (on parle du R0, c’est-à-dire le nombre moyen de nouvelles personnes pouvant être contaminées par une personne infectée dans une population sans immunité, NDLR) durant l’automne 2021 est égal à 3.0 (similaire à la valeur estimée pour le virus historique et non pour ses variants durant le printemps 2020), la vaccination de 90% des plus de 65 ans et de 70% des 18-64 ans (59% de la population lorsqu’on prend en compte les enfants non vaccinés) permettrait de complètement relâcher les mesures de contrôle.

« Cependant, l’émergence de variants plus transmissibles, comme le variant B.1.1.7 (anglais, NDLR) désormais majoritaire en France Métropolitaine, fait craindre une augmentation de R0 », préviennent les experts. Ainsi, pour R0 = 4.0, la vaccination de 90% des plus de 65 ans et de 70% des 18-64 ans ne permettrait pas un relâchement total des mesures de contrôle. 

« Si la campagne de vaccination porte uniquement sur la population adulte, pour R0 = 4.0, il faudrait que plus de 90% des adultes soient vaccinés pour qu’un relâchement complet des mesures de contrôle soit envisageable. Ces niveaux élevés s’expliquent par le fait que si seuls les adultes sont vaccinés, une épidémie importante est malgré tout attendue chez les enfants, contribuant à l’infection des parents et des grands-parents non protégés », concluent-ils. 

Au 10 avril, 10 757 542 personnes ont reçu une première dose de vaccin contre la Covid-19 en France et 3 687 416 secondes doses ont été injectées. Au rythme actuel (moyenne des 7 derniers jours), l’objectif de vacciner l’ensemble de la population adulte serait atteint le 23 février 2022, selon le site CovidTracker. Inutile de vous faire un dessin : la fin du masque n’est pas proche. 

Certains pays où la vaccination bat son plein voient repartir l’épidémie

Dans certains pays comme le Chili, les contaminations semblent repartir à la hausse malgré des campagnes de vaccination bien avancées.

En cause ? Un relâchement trop rapide des mesures de sécurité sanitaires semble-t-il. Ainsi, comme l’explique le New York Times, des experts affirment que le gouvernement chilien a assoupli les restrictions, notamment sur les déplacements et la réouvertures d’établissements, beaucoup trop tôt. Une situation qui a alors créé un faux sentiment de confiance et laisser croire que le pire de la pandémie était passé. Depuis le 25 mars, une grande partie du pays est donc reconfinée. 

À cause des vacances de l’été austral, « plus de quatre millions de personnes ont voyagé à travers le pays, a expliqué au journal la Dr Claudia Cortés, spécialiste des maladies infectieuses qui enseigne à l’Université du Chili. Cela a conduit le virus, qui avait été en grande partie contenu dans certaines régions importantes, à se propager. »

Dans ce pays, la majorité des habitants ont été vaccinés avec le vaccin du laboratoire chinois Sinovac, efficace à seulement 54,4% contre la Covid-19 deux semaines après la seconde dose.

« Lorsque les taux de transmission sont élevés, le vaccin ne freine pas tout de suite les nouvelles infections », a de son côté déclaré la Dre Denise Garrett, épidémiologiste au Sabin Vaccine Institute à Washington. « Et avec les nouveaux variants, qui sont plus contagieux, nous ne verrons probablement pas un grand impact tant que la grande majorité de la population ne sera pas vaccinée », a-t-elle ajouté.

Les vaccins à l’épreuve des variants du virus

« La stratégie vaccinale contre la Covid-19 a été définie alors que la forme ‘historique » du SARS-CoV-2 circulait majoritairement en France, écrivait le 9 avril dernier la Haute autorité de santé (HAS). L’arrivée de variants de ce virus – plus contagieux ou plus létaux selon les cas – a conduit les autorités à mettre en place, dès le début du mois de mars, des adaptations locales de cette stratégie, dans un nombre limité de départements. »

Au total, quatre variants circulent en France : le variant dit « anglais » (B.1.1.7), le variant dit « sud-africain » (B.1.351), le variant dit « brésilien » (P1), ainsi que le variant B.1.1.7 ayant acquis la mutation E484K. Ces derniers risquent de ralentir l’efficacité de la vaccination et une fois encore de reporter l’abandon des gestes barrières. 

« Depuis plusieurs semaines, c’est le variant anglais qui est majoritaire en France, explique la HAS. Les données de la littérature des quatre vaccins disponibles, à savoir Comirnaty® de Pfizer/BioNTech, ARNm-1273® de Moderna, AstraZeneca rebaptisé Vaxzevria et Janssen, suggèrent qu’ils restent actifs contre le variant anglais. »

Bien que très minoritaires en France, les variants d’Afrique du Sud et du Brésil « ont une présence significative dans un nombre limité de territoires depuis plusieurs semaines : dans certains territoires ultramarins (Guyane, La Réunion et Mayotte) où ils représentent entre 40% et 48% des cas et en Moselle où cette proportion s’établit à 35% », alerte toutefois l’autorité publique. Dans ces territoires, elle recommande de privilégier à ce stade l’accès aux vaccins à ARNm (Pfizer/BioNtech et Moderna).

Selon une récente pré-publication israélienne, le variant Sud-africain serait pourtant capable de « traverser » le vaccin développé par Pfizer/BioNtech. «  Nous avons trouvé un taux supérieur de manière disproportionnée du variant sud-africain parmi les personnes vaccinées avec une seconde dose par comparaison au groupe non-vacciné. Cela signifie que le variant sud-africain est capable, dans une certaine mesure, de franchir la protection vaccinale  », a déclaré Adi Stern, chercheur à l’université de Tel Aviv.

Les auteurs soulignent tout de même que leur étude n’a pu être menée que sur une petite cohorte de personnes infectées par le variant sud-africain, celui-ci étant très minoritaire dans le pays. 

* Étude de Harris interactive menée pour le ministère des Solidarités et de la santé, réalisée en ligne auprès de 1 014 Français de 18 ans et plus, méthodologie des quotas, février 2021.

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