Covid-19 : des médecins alertent contre ce protocole thérapeutique jugé dangereux et largement diffusé
Un protocole thérapeutique notamment diffusé sur les réseaux sociaux est pointé du doigt par certains médecins, car il est jugé inefficace et dangereux. On fait le point.
Restez informée
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, la communauté scientifique se mobilise pour trouver un traitement et un vaccin contre la Covid-19. Si plusieurs vaccins sont désormais disponibles et que l’efficacité de nombreux médicaments existants contre la maladie est évaluée dans le cadre d’études, aucun traitement spécifique permettant de prévenir ou de lutter contre la Covid-19 n’a pour l’heure été identifié.
Une publication largement diffusée, notamment sur les réseaux sociaux, propose pourtant un protocole thérapeutique très précis à appliquer en fonction du degré de gravité de l’infection. Plusieurs médecins pointent du doigt son inefficacité et sa dangerosité.
L’inefficacité et la dangerosité de ce protocole pointée du doigt par des médecins
« Traitement ambulatoire précoce (TAP) ». C’est le nom de ce protocole créé par le collectif controversé Coordination santé libre, composé de médecins. Ils militent notamment pour la liberté d’auto-prescription de l’hydroxychloroquine. Leur postulat ? « Il y a des traitements précoces qui peuvent éviter chez certaines personnes vulnérables de faire une forme grave de la Covid 19, à condition d’être pris en charge tôt », explique à France 3 Occitanie le Dr Eric Menat, membre du collectif. Pour ce faire, ce protocole propose la prise de plusieurs médicaments pour faire face à la Covid-19, parmi lesquels on retrouve l’hydroxychloroquine, l’azithromycine ou encore l’ivermectine.
Le 2 février dernier, le Dr Nathan Peiffer-Smadja, chef de clinique en infectiologie à l’hôpital Bichat à Paris a lancé l’alerte sur Twitter : « Si vous voulez diminuer votre risque de développer une forme sévère de COVID-19 et ne pas souffrir d’effets indésirables potentiellement graves ne suivez surtout pas cette folie. Ce document est criminel, il n’y a pas d’autres mots ».
Conseil d’un chef de clinique en infectiologie, si vous voulez diminuer votre risque de développer une forme sévère de COVID-19 et ne pas souffrir d’effets indésirables potentiellement graves ne suivez surtout pas cette folie
Ce document est criminel, il n’y a pas d’autres mots pic.twitter.com/JzfDkGzwyE
Covid-19 : pas de traitement à l’efficacité prouvée
Cette mise en garde a été soutenue par plusieurs médecins, qui rappellent qu’il n’existe pour l’heure aucun traitement dont l’efficacité contre la Covid-19 a été prouvée. « J’aimerais dire que ça marche, y croire, et retrouver une vie normale. Mais non, ce protocole ne fonctionne pas, voire peut être dangereux », explique à Yahoo Matthieu Calafiore, médecin généraliste et maître de conférence des universités et directeur du DMG de Lille.
Le protocole préconise par exemple la prise d’hydroxychloroquine et d’azithromycine aux patients touchés par des manifestations respiratoires ou des symptômes « marqués » de la Covid-19. Or, les autorités de santé françaises ne recommandent pas ce traitement dans le cadre de l’infection au Sars-CoV-2. « A ce jour, les données disponibles, très hétérogènes et inégales, ne permettent pas de présager d’un bénéfice de l’hydroxychloroquine, seule ou en association, pour le traitement ou la prévention de la maladie Covid-19 », peut-on lire dans un communiqué de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) datant du 23 octobre dernier.
La prise d’ivermectine, traitement parasitaire utilisé notamment contre la gale, est également conseillée dans ce protocole. Si ses effets bénéfiques contre la Covid-19 ont été soulignés dans plusieurs études, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a récemment précisé que son efficacité restait encore à démontrer. « La question de sa dose efficace n’est pas résolue, tout comme son positionnement thérapeutique et/ou prophylactique. A ce jour, l’ivermectine n’est donc pas encore recommandée pour le traitement ou la prévention de la Covid-19 en dehors du cadre d’un essai clinique. Plusieurs essais sont justement en cours pour répondre à toutes ces questions », peut-on lire sur le site de l’institut.
Des données jugées « aléatoires » par certains médecins
Des médecins interrogés par Le Monde pointent également du doigt le nombre important de médicaments conseillés, mais aussi certaines associations. « Je ne conseille absolument pas de suivre ce protocole, qui n’a rien de médical. Il inclut trop de données aléatoires sur lesquelles on n’a pas d’information, et je ne comprendrais pas qu’un médecin le prescrive. En aucun cas la HAS ne peut valider de telles recommandations », affirme dans le quotidien Pierre Cochat, président de la commission transparence de la HAS.
Le Collectif santé libre a réagit aux mises en garde concernant son protocole. Il parle d’« accusations graves » et précise que « cette proposition évolutive est le fruit de travaux réalisés sur la base des données scientifiques publiées et des retours de terrain des professionnels de santé ».
A lire aussi :
⋙ « Fatigue pandémique » : quel est ce symptôme lié à la Covid-19 contre lequel met en garde l’OMS ?
⋙ Immunité post-Covid-19 : en cas de forme modérée de la maladie, les anticorps disparaîtraient plus rapidement
⋙ Covid-19 : ce symptôme qu’on pensait bénin pourrait causer des accidents domestiques
Source: Lire L’Article Complet