Covid-19 : après une infection, notre immunité serait d’au moins 8 mois

Combien de temps une personne ayant été contaminée par la Covid-19 est-elle immunisée contre la maladie ? Quelques semaines ? Plusieurs mois ? Jusqu’ici, les rares études à ce sujet faisaient état d’une immunité relative, les anticorps semblant diminuer très rapidement après l’infection.

Le 2 novembre 2020, des chercheurs révélaient dans le British Medical Journal que l’organisme serait en mesure de produire des anticorps protégeant au moins six mois d’une possible ré-infection.

Deux mois plus tard, les données récoltées font état d’une immunité persistante jusqu’à 8 mois après l’infection.

Une réponse immunitaire d’au moins 8 mois

La nouvelle étude, publiée dans la revue Science Immunology le 22 décembre 2020 et menée par des chercheurs de l’université de Monash, de l’hôpital Alfred et de l’institut Burnet, près de Melbourne, révèle que l’organisme des malades parvient à garder la mémoire d’une contamination à la Covid-19, plus de huit mois après leur infection.

Mieux encore, certains lymphocytes seraient capables de re-déclencher une production d’anticorps en cas de ré-exposition au virus.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs australiens ont étudié 36 échantillons prélevés auprès de 25 patients atteints de la Covid-19. Ces derniers ont été classés selon trois niveaux : six étaient atteints d’une forme grave de la maladie nécessitant une assistance respiratoire, trois avaient une forme modérée nécessitant une hospitalisation, les seize autres avaient tous une forme bénigne.

Les échantillons, prélevés chez ces patients les 4ème et 242ème jours après l’apparition des symptômes, ont par la suite été comparés aux échantillons de 36 patients sains, au sein desquels a été ensuite inséré le virus afin de s’assurer avec certitude de la réponse (ou non) de l’organisme à une infection au virus.

Dans chacun des échantillons, des anticorps contre la Covid-19 ont bel et bien été produits.

Des données confirmées par une seconde étude, entreprise par des chercheurs californiens de l’Institut d’immunologie de La Jolla (Californie), qui a analysé la réponse immunitaire de 188 patients ayant contracté la Covid-19, dont 43 échantillons de personnes infectées depuis plus de six mois.

Les données montrent qu’au moins trois composants de la mémoire immunitaire sont présents cinq à huit mois après apparition des symptômes.

Pour avoir une vision complète de la mémoire immunitaire, ils ont analysé ses différentes facettes : non seulement la présence d’anticorps, mais aussi des cellules qui les produisent et d’autres cellules qui soutiennent la bataille contre le virus.

Pour la grande majorité de la cohorte, soit 95 % des anciens malades, « les données montrent qu’au moins trois composants de la mémoire immunitaire sont présents cinq à huit mois après apparition des symptômes ».

Les anciens malades ont donc « de bonnes chances d’avoir une immunité protectrice, au moins contre une forme grave de la maladie pendant huit mois et probablement bien au-delà », estime Shane Crotty, co-auteur de l’étude.

Finalement, peu de cas de ré-infection

Selon les chercheurs californiens, les lymphocytes B à l’origine de la mémoire immunitaire « sont plus abondants à six mois qu’à un mois, après l’apparition des symptômes ».

« Si vous êtes infecté par la Covid-19, ou toute autre infection, le système immunitaire reconnaît la présence d’un élément étranger (le virus), et va essayer de l’éliminer en s’attaquant aux cellules que le virus a infectées (un virus ne peut pas survivre hors des cellules de son hôte, il est obligé d’infecter des cellules pour se multiplier et survivre, le système immunitaire va donc éliminer nos propres cellules qu’il va reconnaitre comme étant infectées par le virus), expliquait en novembre dernier à Marie Claire la Dre Aurélie Wiedemann, immunologiste à l’Institut de Recherche Vaccinale (Hôpital Henri Mondor, Créteil).

Et de préciser : « Pour cela, l’armée constituée par les cellules de notre système immunitaire va se mettre en marche : reconnaissance des cellules infectées, alerte d’autres cellules immunitaires en envoyant toutes sortes de messages, production des anticorps pour aller neutraliser le virus, multiplication des lymphocytes T dont certains ont la capacité d’éliminer une cellules infectée dès qu’ils la rencontrent. »

Les chercheurs ont également mesuré le taux d’IgG, un certain type d’anticorps qui apparaît deux semaines après l’infection initiale. Résultat : le taux d’IgG est « relativement stable à plus de six mois ». Les scientifiques australiens ont eux aussi réussi à montrer que les lymphocytes B parvenaient à reconnaître la Covid-19, des mois après l’infection initiale. Une fois reconnue, le lymphocyte B s’est alors révélé capable de déclencher une réponse immunitaire en « commandant » la production de nouveaux anticorps.

Des résultats qui vont dans le sens du faible nombre de cas de ré-infection recensés depuis le début de l’épidémie.

En août dernier, une étude publiée dans la revue Nature par des chercheurs singapouriens a révélé que les patients remis du SARS, un coronavirus cousin de la Covid-19, possèdent des lymphocytes T, 17 ans après leur infection.

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