Covid-19 : 76 % des patients hospitalisés souffriraient d’un Covid long

« Pour un nombre important de personnes, ce virus provoque une série d’effets graves, à long terme », reconnaissait en octobre dernier le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse.

En effet, chez certaines personnes, la Covid-19 continue de provoquer des symptômes bien après leur infection. Elles se sentent fatiguées, ont du mal à trouver le sommeil, éprouvent des difficultés à se concentrer et souffrent de douleurs articulaires ou thoraciques… Leur état est alors décrit comme un « Covid long ».

Une étude publiée ce vendredi 8 janvier dans la revue spécialisée The Lancet et menée sur plus de 1700 patients ayant été hospitalisés, révèle ainsi que 76% d’entre eux souffriraient encore de symptômes, six mois après leur infection. Un phénomène préoccupant.

Des symptômes persistants six mois après l’infection

Les chercheurs chinois ont mené cette étude auprès de 1 733 patients (48 % de femmes, 52 % d’hommes, un âge médian de 57 ans), hospitalisés entre le 7 janvier et le 29 mai 2020 à l’hôpital Jin Yin-tan de Wuhan.

Cette cohorte avait un âge médian de 57 ans et était constituée à 52 % d’hommes. Le suivi médical a été réalisé entre le 16 juin et le 3 septembre 2020. Seuls 4 % de ces malades ont été hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs.

Plus de six mois en moyenne après l’apparition des symptômes de la Covid-19, 76 % de ces anciens patients présentaient encore au moins un symptôme. Cette proportion s’élevait à 81 % pour les femmes contre 73 % pour les hommes. 

Plus de la moitié (63%) déclarent ressentir fatigue et faiblesses musculaires qui sont les symptômes les plus fréquemment rapportés. Les troubles du sommeil, l’anxiété ou la dépression touchent également près d’un quart des personnes interrogées.

Lors d’un test de marche de six minutes, les patients ayant contracté les formes les plus graves de la Covid-19 ont par ailleurs obtenu de moins bons résultats : 29 % (sur 116 malades) n’atteignaient pas la distance minimum limite.

Parmi les autres troubles observés, les chercheurs notent la perte de cheveux, de l’odorat, de l’appétit ou encore du goût, l’apparition de douleurs articulaires, des palpitations, vertiges, ou encore des vomissements…

Des résultats qui concordent avec ceux des études précédentes

« Le pourcentage de 76 % de la cohorte hospitalière ayant des symptômes est élevé, mais cela correspond cependant à ce que l’on observe en pratique pour les patients hospitalisés qui ont encore des séquelles. Ce qui montre que la Covid-19 n’est pas une maladie qui guérit très vite ni facilement », indiquait la professeure Dominique Salmon au journal Le Monde ce samedi 9 janvier. 

Ce syndrome touche d’ailleurs aussi des personnes ayant souffert de formes légères de la maladie : selon Dominique Salmon, « s’agissant des patients infectés n’ayant pas été hospitalisés, 30 % à 40 % présentent des symptômes qui persistent et réapparaissent parfois après un délai », rapporte Le Monde.

L’infectiologue à l’Hôtel-Dieu à Paris a elle-même coordonné une étude de moindre envergure (auprès de 70 ex-malades de la Covid-19), dont les résultats ont été publiés dans The Journal of Infection début décembre 2020.

Là aussi, les travaux ont relevé des symptômes à long terme dont les plus fréquents étaient la fatigue prolongée, les troubles cognitifs et les signes cardio-thoraciques.

Les symptômes persistants vraiment liés au virus ?

Si les patients présentent effectivement des troubles bien après leur infection, il n’est en revanche « pas si simple de dire si ce sont des symptômes liés à la Covid elle-même ou à une hospitalisation prolongée ou à d’autres facteurs », reconnaît Dominique Salmon.

Les symptômes persistants sont assez nombreux mais « pas très spécifiques », souligne de son côté Olivier Robineau, médecin au service des maladies infectieuses du CH Dron de Tourcoing, à France 3. Le centre hospitalier de Tourcoing coordonne lui aussi une étude sur le « Covid long », qui pourrait à terme inclure 1 000 patients dans toute la France, afin de tenter d’identifier les causes de la persistance de symptômes chez certains malades, parfois des mois après la phase aiguë de la maladie. 

Intitulée « Cocolate », pour Coordination sur le Covid Tardif, elle devra définir les symptômes que l’on peut vraiment associer au covid persistant.

Les hypothèses sur les causes de ces symptômes s’étendent du champ psychologique, avec une somatisation liée au stress de l’épidémie, à une persistance d’une réaction inflammatoire, voire une persistance du virus.

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