Covid-19 : 1 fois sur 2 le virus est transmis par un malade asymptomatique
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, plusieurs questions concernant les patients asymptomatiques ne cessent de revenir. Une nouvelle étude a révélé que les porteurs sains jouent un rôle majeur dans la transmission du virus. Et pour cause, d’après les résultats des travaux, une fois sur deux, le virus est transmis par un malade qui n’a pas de symptômes.
Restez informée
83%. C’est le taux de personnes positives au coronavirus, en France, qui ne présentaient pas de signes évocateurs de la maladie, du 28 décembre au 3 janvier, selon le point épidémiologique de Santé Publique France publié le 7 janvier. Selon certaines recherches, les patients asymptomatiques seraient moins contagieux que les personnes symptomatiques. Mais selon une récente étude, publiée le 7 janvier dans le journal JAMA Network Open, plus de la moitié des cas de transmission viendraient des porteurs sains.
Covid-19 : 50 % des nouvelles infections viendraient des personnes asymptomatiques
Les résultats de l’étude ont révélé que 30 % des personnes infectées ne développeraient jamais de symptômes et seraient 75 % aussi infectieuses que celles qui en présenteraient. « Les personnes infectées qui n’ont jamais de symptômes peuvent représenter environ 24 % de l’ensemble de la transmission », ont indiqué les chercheurs. « 59 % de l’ensemble de la transmission provient d’une transmission asymptomatique, dont 35 % de personnes présymptomatiques et 24 % de personnes qui ne développent jamais de symptômes », peut-on lire dans l’étude
Selon les scientifiques, ces résultats suggèrent que les gestes barrières, tels que le port du masque, la distanciation sociale et le dépistage des personnes asymptomatiques, « seront fondamentales pour ralentir la propagation de la Covid-19 jusqu’à ce que des vaccins sûrs et efficaces soient disponibles et largement utilisés ».
Covid-19 : une convalescence plus rapide pour les asymptomatiques
Pour déterminer le profil type du patient asymptomatique, des chercheurs du département des maladies infectieuses de l’hôpital Zhongnan (Chine) ont analysé les données d’un suivi contact à Wuhan à partir de 26 clusters. Pour leur étude, publiée dans la revue scientifique JAMA, les chercheurs ont recruté 78 patients qui ont été exposés au virus. Pendant deux mois, les symptômes comme la fièvre, la toux sèche ou la fatigue ont été surveillés quotidiennement par les équipes médicales. Les malades ont subi des examens cliniques approfondis avec des scanners thoraciques. Des prélèvements naso-pharyngé des voies respiratoires ont aussi été réalisés par écouvillon afin d’extraire l’ARN du virus.
À la fin de leurs recherches, les responsables de l’étude ont réussi à établir un portrait-robot du patient asymptomatique. Sur les 78 individus étudiés, 33 n’ont pas manifesté de symptômes. D’après les chercheurs, les patients asymptomatiques seraient des jeunes (âge médian de 37 ans), de sexe féminin (66,7% d’entre eux) et sans aucune maladie du foie.
Grâce aux scanners thoraciques, les scientifiques ont remarqué une convalescence plus rapide chez les asymptomatiques par rapport aux symptomatiques (9 jours contre 15). La durée de l’excrétion virale a été également plus courte (8 jours contre 19). « Nous avons découvert un taux plus élevé de lymphocytes CD4+T dans les infections asymptomatiques. Ce qui suggère que les dommages causés au système immunitaire ont été moins importants que dans les infections symptomatiques. Il est possible que les patients asymptomatiques n’ont pas eu conscience de leur maladie et n’ont pas été isolés. Ils ont pu contaminer d’autres personnes sans le savoir » ont expliqué les auteurs de l’étude.
Les patients asymptomatiques sont-ils contagieux ?
Le 8 juin, Maria Van Kerkhove, responsable technique de la cellule chargée de la gestion de la pandémie à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a notamment évoqué la question de la transmission du virus par une personne asymptomatique. « Nous essayons de recevoir de plus amples informations des pays pour répondre vraiment à cette question. Mais il semble rare qu’une personne asymptomatique transmette la maladie » a déclaré l’épidémiologiste lors d’une conférence de presse virtuelle de l’OMS.
Des propos qui ont été rapidement contestés par une majeure partie de la communauté scientifique. Dans un communiqué, le professeur Liam Smeeth, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine a précisé qu’il existait encore « des incertitudes sur le plan scientifique, mais les infections asymptomatiques pourraient tourner autour de 30% à 50% des cas. Les meilleures études scientifiques à ce jour suggèrent que jusqu’à la moitié des cas ont été infectés par des personnes asymptomatiques ou présymptomatiques. »
Dès le 9 juin, Maria Van Kerkhove a clarifié ses propos via le compte twitter de l’OMS : « Je faisais référence à un très petit nombre d’études, deux ou trois. J’ai utilisé l’expression « très rare » mais c’est un malentendu de dire que les transmissions asymptomatiques sont globalement très rares, je faisais référence au petit groupe d’études » a précisé la spécialiste des maladies infectieuses.
Selon les scientifiques de l’hôpital Zhongnan, les résultats de leur recherche pourraient servir de référence pour améliorer les stratégies de prévention et de contrôle pour les cas asymptomatiques. Ils ont également souligné l’importance de dépister les personnes sans aucun symptôme afin d’éviter une transmission secondaire du Covid-19.
Source: Lire L’Article Complet